Vivent les fiancés !

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Homélie pour le 2e dimanche TO, année C

Isaïe 62,1-5 / Psaume 95(96) / 1 Corinthiens 12, 4-11 / Jean 2,1-11

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Chers Amis,

Un collaborateur de notre évêque m’a surnommé récemment « Le marieur fou ». Et c’est vrai que que j’ai célébré 18 mariages uniquement l’année passée, et que j’en ai 10 déjà en préparation pour cette année. Je suis un prêtre relativement demandé pour des mariages, je ne l’ai pas choisi, j’assume !

Une de mes collaboratrices, l’autre jour ici dans la vallée me disait : « Oui mais… tu restes dans la vallée, hein, tu ne maries personne à l’extérieur ! »

Alors si, bien sûr… On marie aussi à l’extérieur ! Notre évêque Jean-Marie vient célébrer tout bientôt un mariage à Euseigne, je me vois mal lui dire : « Jean-Marie, tu restes dans ta cathédrale, hein, tu célèbres pas ailleurs ! » C’est pareil pour les prêtres et les diacres. Notre ministère nous amène souvent à l’extérieur de nos lieux de culte pour des mariages – pas pour n’importe quoi, pour des mariages ! – car le mariage n’est pas territorial, contrairement au baptême, par exemple.

Le baptême, c’est l’entrée dans la communauté du lieu où l’on vit. Ça n’aurait aucun sens d’être baptisé complètement ailleurs. Le baptême c’est d’abord l’entrée dans notre communauté, c’est pour ça qu’on est baptisé chez soi, par notre curé ou son vicaire. C’est territorial.

En revanche, le mariage pas du tout. C’est l’union de deux êtres devant Dieu, ça n’a rien de territorial. Et l’on peut se marier dans l’église ou la chapelle qui nous plaît, et demander au prêtre dont on se sent le plus proche – s’il est libre – de célébrer ce sacrement avec nous. Ne vous étonnez donc pas, chers Amis, pour ceux qui habitent par ici, de me savoir parfois loin de vous le samedi après-midi pour célébrer un mariage. Cela fait partie – comme tous les prêtres – de mon ministère qui dépasse les frontières de mes paroisses.

Je vous dis tout cela en préambule parce que, justement, les textes d’aujourd’hui nous parlent d’un mariage. Plus exactement de la fête qui suit, de la noce, comme on dit.

Et cette noce a lieu – vous connaissez l’histoire que nous venons de ré-entendre – elle a lieu à Cana, en Galilée. Et Jésus est invité à cette noce, tout comme Marie et les disciples.

C’est d’ailleurs intéressant de noter qu’au début de l’Evangile, si vous avez fait attention, Marie est citée en premier : « Il y avait là la mère de Jésus, et Jésus était invité aussi… » Marie est d’abord citée. Gardez cela au chaud dans un coin de la tête, j’y reviens tout à l’heure.

C’est assez amusant aussi de savoir que Jésus est invité à une noce. Parce que, pour les plus âgés d’entre vous, vous vous en souvenez peut-être, il y a encore cinquante ans à peine, il nous était interdit à nous les prêtres de participer à une noce. On pouvait célébrer le mariage, bien sûr, mais le droit canon nous interdisait formellement de participer au repas de mariage, ce n’était pas digne de notre état de prêtre.

A l’époque l’Eglise n’avait pas bien compris que le prêtre n’est pas au-dessus des gens, mais plutôt leur serviteur. Il n’est pas question de dignité en participant à une noce ! Quand on se souvient de ce genre de choses, on remarque que l’Eglise d’il n’y a pas si longtemps était vraiment à coté de la plaque, parfois… et très éloignée de la Bible, puisque dans la Bible on nous dit que Jésus lui-même participe à une noce.

Jésus est invité. Marie et les disciples aussi. Et puis, vous l’avez entendu, il y a d’autres personnages dans cette page d’Evangile : chacun à sa place, chacun a son rôle, comme le disait Paul dans la deuxième lecture, chacun son charisme : il y a des serviteurs, j’y reviendrai, on a pris soin de nommer un major de table – comme on dit en Suisse – un « maître du repas » comme le dit l’Evangile, il y a l’Epoux, bien sûr… à qui l’on porte le vin pour qu’il le goûte… mais, chers Amis, avez-vous entendu mentionner l’Epouse ?

…Je vois à vos visages que vous cherchez dans votre mémoire…

Je suis vache avec ma question, parce que OUI, vous l’avez entendu ce mot « Epouse », deux fois même, mais pas dans l’Evangile. Dans la première lecture, dans la page du prophète Isaïe.

Et avez-vous noté, au passage, de qui Isaïe parle, en parlant de l’Epouse ? Il parle de Jérusalem. Pas la ville, hein ! Le peuple de Dieu… C’est-à-dire vous, et moi aussi.

C’est de nous dont le prophète Isaïe parlait lorsqu’il disait qu’on nous appellerait d’un nom nouveau, que nous serions une couronne brillante dans la main de Dieu, qu’on nous appellerait l’Epouse.

Et la fameuse Epouse qui manque dans l’Evangile de Cana, elle est peut-être à chercher dans cette belle image de l’Ancien Testament qui nous qualifie nous, peuple de Dieu, d’Epouse. Et l’Epoux, dans ce cas, c’est Dieu lui-même. Nous sommes faits pour épouser Dieu, là-haut.

Gardez aussi ça dans un coin de la tête.

Et puis il y a également le vin, dans l’histoire de Cana, nous ne le savons que trop bien. Et là aussi il faut creuser un petit peu pour bien comprendre.

Au début de l’Evangile, vous l’avez entendu, on vous dit qu’on est le troisième jour. Le troisième jour après quoi ? On n’en sait rien ! Pour le savoir il faut aller regarder vos Bibles. Le début de l’Evangile de Jean se déroule sur quatre jours, et puis ensuite il y a l’épisode de Cana où l’on nous dit que trois jours encore sont passés. Ça fait… sept.

Et le début de l’Evangile de Jean est un parallèle avec la Création, avec le début de la Bible, avec les sept jours du poème de la Création.

Saint Jean est beaucoup trop profond et spirituel pour que cela soit une simple coïncidence. Il sait parfaitement qu’il a placé sept jours au début de son Evangile, et que le signe de Cana arrive le septième jour. Ce n’est pas pour rien… Ce chiffre sept qui dit l’accomplissement, la perfection dans la Bible.

Or, vous l’avez entendu, il y a SIX cuves, SIX jarres, et non pas SEPT. Il en manque une, pourrait-on dire, pour que ce soit parfait, pour qu’il y ait le chiffre sept.

C’est étrange : il manque une Epouse, il manque une cuve également.

Que mettent les serviteurs dans ces jarres de pierre ? Vous l’avez entendu : ils y placent de l’eau. Et qu’y puisent-ils ensuite ? Du vin, nous le savons bien.

Ça ne vous rappelle rien ?

[il montre les burettes d’eau et de vin sur l’autel]

Mais… à chaque eucharistie le prêtre mélange de l’eau et du vin dans un calice. Les prêtres qui sont les serviteurs d’aujourd’hui.

Or ce sont les serviteurs, à Cana, qui vont remplir d’eau, d’abord, et de vin ensuite.

Cette eau et ce vin mélangés, deviennent dans nos Eucharisties, du sang. Or, à quel moment est-ce que tout est accompli ? Quel est le vrai septième jour ? C’est celui de la croix, bien sûr.

Et saint Jean nous dit qu’à la croix sortent du côté ouvert du Christ de l’eau… et du sang. C’est beaucoup plus qu’une simple coïncidence, chez Jean.

La septième jarre, chers amis, n’est pas absente à Cana. La septième jarre, c’est le Christ ! C’est de lui qu’on sortira le vin des noces éternelles. Et l’épouse ne manque pas non plus, comme nous l’avons vu, puisque l’épouse c’est le peuple de Dieu que le Seigneur épousera sur la croix lorsque tout sera accompli.

Ce sont nos fiançailles qui sont célébrées à chaque eucharistie, chers Amis.

Les prêtres, qui sont les serviteurs d’aujourd’hui, sont là pour célébrer avec vous ces fiançailles. Le Christ a besoin d’eux pour célébrer les noces, y compris les noces terrestres.

Il a besoin de nos prêtres pour remplir nos fiancés de l’eau de la connaissance – en préparant leur mariage – afin de puiser au jour dit le vin de la noce grâce au sacrement, à l’intervention divine.

Et Marie alors ? Je vous l’ai dit : au début de cet épisode, elle est citée en premier. Et à la fin de l’épisode de Cana, dans le dernier verset – qui n’est pas toujours dit à la messe, d’ailleurs – elle vient après le Christ !

Je vous relis ce petit verset, auquel on accorde peu d’importance en général : « Après cela, Jésus descendit à Capharnaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples. »

Saint Jean n’écrit jamais une virgule pour des prunes. Ce n’est pas pour rien qu’il a inversé l’ordre, lorsque Jésus et ses amis redescendent de Cana.

Il redescend suivi de sa mère. Marie a changé de place. Elle était en premier, elle amenait son fils jusqu’à sa mission. Et une fois ce signe accompli, elle passe derrière lui. Elle se fait disciple.

Elle a compris, mieux que quiconque certainement, ce jour-là, le signe de Cana. Ce signe qui nous invite nous aussi à être fiancés de Dieu et à nous faire ses disciples.

Et à chaque Eucharistie, chers Amis, encore ici tout à l’heure, les serviteurs que sont vos prêtres célèbrent ces fiançailles, les fiançailles des noces éternelles qui nous attendent là-haut.

Alors c’est à vous tous, ce soir, les futurs époux de Dieu, que le serviteur que je suis voudrait redire : « Vivent les fiancés ! »… avant de dire, un jour : « Vivent les mariés ! »

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Prolin, samedi 16 janvier 2016, 10.30

Les Collons, samedi 16 janvier 2016, 17.00

Vex, samedi 16 janvier 2016, 18.30

Hérémence, dimanche 17 janvier 2016, 9.30

Evolène, dimanche 17 janvier 2016, 10.30

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2 Responses

  1. FABRIS Josiane

    Merci Vincent quel bel éclairage de cet épisode des noces de Cana bon dimanche

  2. Hermine Pralong.

    Merci pour cette homélie Vincent , comme toujours très vraie. Même sans pouvoir aller à la messe , je me sens plus proche de Dieu en relisant bien tes paroles. Je ne suis plus dans les fiancés à marier sur terre mais un jour………dans le cœur de Dieu.

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