Vitraux salés de Dieu

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Homélie pour le 5e dimanche TO, année A

Isaïe 58,7-10  /  Psaume 111  /  1Corinthiens 2, 1-5 / Matthieu 5,13-16

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

Est-ce que vous aimez le sel, vous ? Oh oui, je vois à quelques sourires que plusieurs d’entre vous sont comme moi… même si on nous dit de plus en plus qu’il ne faut pas trop manger salé… moi j’aime bien le salé !

Ça va sûrement aussi avec mes racines du sud-ouest de la France… Là-bas, dans le Pays Basque, si vous demandez un apéro basque on va vous apporter non pas de la viande séchée mais des piments rouges à croquer ! Faut aimer, hein ! Moi je suis immunisé depuis que je suis tout petit, donc ça va… mais faut aimer !

Et je me souviens de la tête d’un touriste, sur une petite terrasse au bord de l’océan, il y a quelques années… je dégustais ces piments, en vacances. Et le touriste me regardait avec les yeux de plus en plus grands… et au bout d’un moment, il m’a dit : « Eh ben vous êtes un solide, vous ! »

Et le serveur qui passait par-là a dit au touriste: « Les gens d’ici ce sont des solides vous savez ! »

Alors on n’est pas forcément plus solides que les autres, hein ! Les Aiglons, ce sont des solides aussi !

Mais vous savez aussi ce qu’on dit de celui ou de celle qui cuisine trop salé ?… Vous savez ? Il est amoureux ! Quand on cuisine trop salé, on dit de la personne : « Ah ! Elle est amoureuse ! » Alors je dois être très amoureux du Seigneur, je crois !

Ceci dit, en montagne, il y a un autre sel qu’on apprécie beaucoup, ces jours. Que vous alliez à la Chaux-de-Fonds ou en-haut aux Diablerets, ou à Verbier… le sel qu’on apprécie ces jours c’est celui qu’on met sur la route et qui nous empêche de glisser ! Qui nous rend solides, mais d’une autre manière… qui nous rend stables.

Et heureusement qu’on l’a, ce sel-ci ! Combien on est reconnaissants à ceux qui se lèvent tous les jours, souvent de très bonne heure, pour dégager nos routes !

Le sel nous aide à être stables. Il donne du goût aussi. Du goût aux aliments bien sûr, mais aussi du goût à nos journées !

Une journée qui ne manque pas de sel, c’est une journée qui a eu du goût !

Et Jésus nous invite dans l’Evangile d’aujourd’hui, vous l’avez entendu, à être le sel de la terre.

Une personne qui devient le sel de la terre, c’est une personne stable, c’est une personne qui donne du goût à la vie des autres, quelqu’un sur qui on peut s’appuyer, quelqu’un avec qui on ne sera jamais déçu !

Et puis Jésus nous invitait aussi à être lumières du monde, vous l’avez entendu. Et il utilisait l’image assez amusante de la lampe placée sous le boisseau.

Imaginons deux secondes la scène, Chers Amis, transposée dans notre journée aujourd’hui… ce soir, ce soir vous rentrez chez vous… vous allez à tâtons vers la lampe, la première qui vous vient, vous l’allumez… et là soudainement, vous la prenez, vous la rangez dans une armoire et vous fermez la porte.

C’est complètement absurde !

Une lampe, ce n’est pas fait pour être cachée ! C’est fait pour briller, c’est fait pour éclairer, c’est fait pour être mise sur un lampadaire, disait Jésus, et pour briller, pour éclairer le chemin des autres.

Or Jésus nous dit : « Vous êtes la lumière du monde ! »

…Vous êtes la lumière du monde… Nous sommes, Chacune, Chacun, des lumières !

…Alors c’est vrai que, quand on voit comment va le monde, on se dit qu’il y en a quand même deux-trois qui ne doivent pas être des lumières, dans l’équipe !

Et pourtant Jésus nous dit : « Si ! Vous êtes tous, Chacune, Chacun, lumières du monde ! »

Et nous sommes lumières par nos qualités, nos dons… Si nous appelons ça des « dons », c’est bien parce qu’ils nous ont été « donnés » et notamment donnés par Dieu… Nos charismes, ce que nous savons faire, tout cela c’est notre lumière…

Alors à quoi ça servirait, je vous le demande, de planquer ces lumières pour que personne ne les voit ?? Chacune, Chacun de nous a des qualités très différentes, mais il ne s’agit pas de les planquer par excès de modestie !

Or ça… ça on sait très-très bien le faire ! Une grand-maman qui fait une tarte aux pommes succulente, qui l’apporte à ses petits-enfants, et les petits-enfants qui disent : « Mmmmh Grand-Maman ! Ta tarte aux pommes ! Quel délice ! » Et la réponse : « Oh, tu sais, c’est rien… »

Mais non c’est pas RIEN ! C’est une tarte aux pommes, déjà ! C’est pas rien ! Et puis si elle est bonne, cette tarte aux pommes, c’est parce que cette grand-maman a toutes les qualités d’une excellente cuisinière !

C’est terriblement destructeur de répondre « c’est rien ! »…

Et ça nous arrive souvent… enfin je ne sais pas vous, mais moi… « Oh, c’est rien… »

Voilà une manière de prendre la lampe de nos qualités, de la ranger dans l’armoire et de fermer la porte à double-tour : « C’est rien ! » Mais non, c’est pas « rien » !

Les qualités que nous avons, il s’agit de les mettre en lumière !

Et c’est aussi ce que nous disait le prophète Isaïe dans la première lecture : « ta lumière jaillira comme l’aurore ! » Et le psaume nous parlait de lumière aussi, nous l’avons chanté !

Alors vous vous dites sans doute : « Oui, bon, mais ça, c’est pour les gens qui ont de bonnes qualités, qui sont capables de mettre ces qualités en avant… moi… pas sûr ! »

OK.

Mais il y avait Paul, il y avait la deuxième lecture. Et Paul nous disait qu’en fait… c’est Dieu qui allume la lumière en nous. Il nous disait que Dieu agit au travers de notre faiblesse.

Ça, ça nous rassure beaucoup !

Toutes nos qualités agissent au travers de nos défauts. Parce que Dieu sait faire de la lumière avec toutes nos ombres ! Dieu prend tous nos défauts et les fait rejaillir en qualités, en lumière. A condition qu’on le laisse faire, évidemment !

A nous, alors, de ne pas les cacher, ces qualités, et même de ne pas cacher nos défauts, parce que Dieu peut en faire des qualités !

Si vous regardez un mur comme celui-ci… et si vous essayez de faire passer la lumière à travers, je vous souhaite bon courage ! Il faut qu’il y ait au moins une fissure, un trou, sans parler d’une fenêtre ou d’un vitrail ! Mais s’il y a une fissure, un trou, la lumière peut passer.

Un humoriste disait : « Heureux les gens fêlés, parce qu’ils laissent passer la lumière ! » mais oui !

Dieu fait passer sa lumière à travers nos fêlures, nos fissures, nos défauts.

Et au fond, il fait de nous – un peu – des vitraux !

Si vous regardez ces vitraux magnifiques que nous avons ici, eh bien ces vitraux n’ont de sens que s’ils sont traversés par la lumière !

Si vous venez ici de nuit, vous ne verrez rien ! On ne voit pas les couleurs, on ne voit pas grand-chose…

Les vitraux n’ont de sens que lorsqu’ils sont traversés par la lumière, alors toutes les couleurs sont visibles et chaque couleur prend son sens.

Nous sommes pareils : Dieu a mis en nous toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, des images magnifiques, et si nous nous laissons traverser par Sa lumière, nous devons vitrail du Seigneur.

Si on éteint la lumière qui est en nous, ou si on la cache à coup de « oh c’est rien… », eh bien il ne va rien pouvoir traverser du tout !

Soyons donc lumières du monde, chers Amis !

Et puis soyons aussi le sel, la force qui donne du goût, cette force sur laquelle on peut s’appuyer.

Malgré notre faiblesse, notre manque de sagesse, comme le disait Paul aussi dans la deuxième lecture, c’est la force de l’Esprit qui agit en nous, qui répand son sel, qui allume la lumière.

C’est cette force qui devient notre force si on laisse Dieu agir.

Soyons sel et lumière ! Et transmettons cela autour de nous pour enluminer et donner du goût à la vie des autres !

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Les Diablerets, samedi 8 février 2020, 17.00

Aigle, dimanche 9 février 2020, 10.00 (version enregistrée)

La Luette, dimanche 9 février 2020, 18.30

et dans une version sensiblement différente jadis :

Vex, samedi 4 février 2017, 18.30