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Homélie pour le 2e dimanche de Pâques, C
Actes 5,12-16 / Psaume 117 / Apocalypse 1,9-19 / Jean 20,19-31
Dimanche de la Divine Miséricorde
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Chers Amis,
Vous le savez, donc, nous étions à Rome cette semaine avec une cinquantaine de personnes incluant les grands servants de messe de nos trois paroisses.
Nous y avons rencontré la garde suisse bien sûr. Et une réflexion de Philippe Mayoraz, notre hallebardier hérensard, m’a fait beaucoup réfléchir.
Il me disait que les gardes avaient régulièrement envie de taquiner un peu quand ils entendent telle ou telle personne, ou tel ou tel média dire : « Dimanche dernier, y avait 5000 personnes au stade à Tourbillon… » 5’000, c’est pas mal ! C’est pas tous les dimanches comme ça !
Pourquoi est-ce que Philippe avait envie de les taquiner ?
Eh bien parce que, voyez-vous, lorsqu’il me dit cela nous sommes mercredi soir, et nous avons vécu ensemble, le matin même, l’audience sur la place St Pierre, en présence du pape François. Et combien de personnes y avait-il à l’audience, à votre avis ?
…50’000 !
C’est-à-dire dix fois plus qu’une belle affluence au stade de Tourbillon. 50’000… Et à Rome, c’est tous les mercredis comme ça. On est d’ailleurs dans les petits chiffres, me disait Philippe, parce que c’est plus facilement 70’000 en général, le mercredi matin.
Donc, si nous sommes logiques chers Amis, nos médias devraient parler 10 fois plus d’un tel événement que du dernier match du FC Sion – avec tout le respect que j’ai pour cette équipe que j’aime beaucoup ! Dix fois moins de spectateurs, dix fois moins de place dans le journal. Ce serait logique…
Et pourtant vous ne trouverez pas une ligne de l’audience pontificale de mercredi matin dans nos médias. Ni cette semaine ni une autre, d’ailleurs. Jamais, c’est vite vu, jamais.
Et c’est bien étonnant puisqu’on dit que les médias s’intéressent d’abord aux événements qui concernent les foules. Plus y a de monde, plus ils sont là, normalement.
Voilà un lieu où la foule se rassemble chaque semaine, tous les mercredis, sans faiblir. Les gens ne viennent pas là voir perdre ou gagner une équipe. Il n’y a aucun affrontement après la rencontre. L’entrée est rigoureusement gratuite. La sécurité y est bien meilleure que dans la plupart de nos stades.
Et on vient simplement y écouter un homme en blanc parler d’amour, de pardon et de paix.
Il me semble que, logiquement, ça devrait être intéressant pour nos journaux, non ? Eh bien non.
Vous me direz que je ne suis pas tout à fait honnête en comparant un stade local, comme Tourbillon avec un événement international. Vous aurez raison.
Prenons une comparaison internationale alors. Le record d’affluence pour une finale internationale de coupe Davis, c’est 27’448 personnes. C’était France Suisse en 2014. 27’448 personnes… Et l’événement n’a lieu qu’une fois par année.
A Rome on est au double chaque semaine…
Vous me direz que la comparaison n’est pas encore tout à fait juste parce qu’il faudrait comparer en événements mondiaux, puisque ce qui se passe à Rome concerne l’Eglise mondiale.
Prenons un événement sportif mondial, alors. La dernière coupe du monde de football a rassemblé, le jour de sa finale, 74’738 spectateurs. Ah voilà ! Là on est au-delà des 50’000 de la place St Pierre !
Oui, mais alors il faudrait comparer avec un événement de l’Eglise qui a lieu, lui aussi, tous les deux-trois ans… Prenons les JMJ, les Journées Mondiales de la Jeunesse. Etaient-ils 74’000 ?
Eh bien, la dernière fois que les JMJ ont eu lieu, en 2013, sur la plage de Copacabana à Rio, vous savez combien ils étaient ? 3 millions. C’est à dire 40 fois le stade de la finale de coupe du monde de football. 40 fois plus.
Et, je ne sais pas pour vous, mais je n’ai pas souvenir d’avoir vu un cahier spécial, dans le Nouvelliste, avec les photos des JMJ… Alors que les cahiers spéciaux « coupe du monde », on les a à chaque fois… Je le dis avec d’autant plus d’amitié que j’ai un frère photographe de foot, certains d’entre vous le savent, et donc tant mieux, ça fait vivre nos photographes…
Mais, c’est étrange, tout de même…
Pour comprendre l’importance des foules qui suivent le pape, il faut comprendre les foules qui suivaient Jésus. Un homme de paix, de pardon et d’amour.
La première lecture – le livre des Actes – nous parlait de ces foules. Et l’évangile nous rappelait qu’il est difficile de croire sans avoir vu.
Je suis en train de vous parler du fait que nous avons vu 50’000 personnes à Rome mercredi matin mais, au fond, vous ne les avez pas vues, vous. Vous pourriez très bien mettre en doute ce que je vous dis. Nous, les humains, nous avons besoin de voir pour croire.
Et c’est vrai que ce mercredi matin, quand nous avons vu – [au servant de messe] hein ? – ça nous a fait grande impression d’être parmi 50’000 personnes. Il faut le voir pour le croire.
Nous avons applaudi avec elles. Nous avons aussi scandé avec elles la parole que le pape nous a demandé de répéter. Au milieu de son discours, il s’est arrêté, il a dit une phrase et il a dit : « Allez, on la répète ensemble ! »
Et j’aime mieux vous dire que c’est impressionnant, 50’000 personnes qui répètent la même phrase. Cette phrase, c’était « Dio è piu grande que il nostro peccato. » En français : « Dieu est plus grand que notre péché. » Exactement le thème du dimanche de la miséricorde, et de l’année sainte que nous vivons tous ensemble.
Dieu est infiniment plus grand que le plus noir de nos péchés, et même que la somme de tous nos péchés disait François, mercredi. Dieu sera toujours plus grand que tous nos péchés, que tout ce que nous pouvons nous reprocher, parce que sa miséricorde est infinie.
Nous avons répété cette phrase, mercredi matin sur la place, et on y a réfléchi depuis…
Seulement, ça ne s’arrête pas là. Une fois qu’on a vu et entendu, il faut le redire, ou l’écrire. C’était ce que nous suggérait le livre de l’Apocalypse, notre deuxième lecture de ce matin. « Ecris ce que tu as vu » disait la voix à Jean.
Et notre devoir de Chrétien – le vôtre aussi – notre devoir de baptisés c’est d’être des journalistes du Christ. D’annoncer la bonne nouvelle – on en a assez, des mauvaises, dans nos journaux. A nous d’annoncer la bonne : la vie éternelle, l’amour, le pardon, la miséricorde infinie de Dieu, voilà de bonnes nouvelles à annoncer autour de nous. Nous pouvons redire aussi que notre religion est une religion de paix, de pardon et d’amour.
Nos journaux préféreront toujours parler d’une finale de foot ou d’un attentat, même si ces événements ont concerné dix fois moins ou cent fois moins de personnes qu’une rencontre religieuse qui a lieu tous les mercredis matin à Rome. Ils n’osent pas parler des Chrétiens, vous avez remarqué ? Ils n’osent plus.
C’est à nous de leur rappeler que nous existons, que chaque mercredi, sur la place St Pierre, il y a dix fois plus de spectateurs que dans les plus belles finales du stade de Tourbillon.
C’est à nous de leur rappeler que parler de paix, d’amour, de pardon serait peut-être meilleur pour notre monde.
Mais comme ils ne le feront probablement pas, c’est à nous, baptisés, de redire autour de nous, dans nos villages, dans nos familles, les paroles de l’homme en blanc. Celui d’aujourd’hui, François, tout comme celui dont il est le serviteur sur cette terre, Jésus.
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Les Collons, samedi 2 avril 2016, 17.00
Hérémence, dimanche 3 avril 2016, 10.30 (version enregistrée)
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