Homélie pour le 4e dimanche de l’Avent A
Isaïe 7, 10-16 / Psaume 23 / Romains 1, 1-7 / Matthieu 1, 18-24
Chers Amis,
Il y a quelques jours, en France, à Villefranche de Rouergue, les cheminots de la SNCF contemplaient la belle crèche qu’ils avaient confectionnée comme chaque année à l’approche de Noël, pour embellir la gare de cette petite bourgade française de l’Aveyron.
Et puis ils ont reçu une lettre de la direction de la SNCF, figurez-vous, leur demandant d’enlever la crèche, parce que c’était un signe religieux ostentatoire dans l’espace public.
Ça fait scandale, ces jours, jusque dans la presse française. Et j’ai envie de dire qu’en fait de signe ostentatoire, c’est d’abord le signe de dirigeants qui oppressent de plus en plus les chrétiens, et de chrétiens qui se sont trop laissés faire. Le signe ostentatoire, en fait, c’est celui d’un pays, la France, qui a oublié ses racines chrétiennes, qui a oublié la fierté d’être chrétien, jusqu’à devoir voiler une crèche…
Voilà où l’on irait si, dans notre beau Valais, on écoutait certains imbéciles notoires de chez nous qui veulent nous supprimer les croix de partout, des sommets de nos montagnes aux classes d’école de nos enfants, sous prétexte que c’est trop ostentatoire. Ce sont nos racines, notre fierté ! C’est leur intolérance qui est trop ostentatoire, à ces gens-là.
Soyons un peu fiers d’être chrétiens, allez ! Pas pour être contre les autres religions, pas du tout, mais pour voir quelle est notre identité, notre particularité à nous et être capables d’en être fiers.
Nous avons un Dieu, chers Amis, qui s’est fait l’un de nous. Ce n’est pas seulement rare, c’est tout simplement unique. Ni l’islam, ni le bouddhisme, ni l’hindouisme, ni le judaïsme, ni l’animisme, ni tous les autres -ismes que vous voudrez ne connaissent cela.
Et c’est ce que tous les textes d’aujourd’hui viennent nous rappeler.
D’abord le prophète Isaïe qui insiste auprès du roi Acaz : « Ah tu ne veux pas de signe ? Eh bien tu vas en avoir un gros comme une maison, tu vas voir ! » Et le signe – ostentatoire – c’est, vous l’avez entendu, la jeune fille enceinte qui va enfanter un fils, un sauveur, un Seigneur.
Le psaume précise : « Le Seigneur sera un roi de gloire – divin donc – mais également il sera l’Emmanuel – en hébreu cela veut dire « Dieu avec nous », c’est à dire l’un des nôtres, humain. »
Et autant les Psaumes que le Livre d’Isaïe ont été écrits des centaines d’années avant la naissance de Jésus. Sacrée prédiction !
Puis on a Paul, qui écrit sa lettre aux Romains quelques années après la mort du Christ et qui s’extasie devant cette bonne nouvelle, comme il le dit, concernant le fils de Dieu.
« Il est né de la chair », dit Paul. Une façon de dire qu’il avait une maman bien humaine, bien semblable à nous. Enfin pas à moi, mais à vous, Mesdames. Un Dieu qui nous ressemble dans notre humanité, dans notre identité.
On pourrait presque l’imaginer de chez nous d’ailleurs. Imaginez Jésus valaisan…
– Adjeu, Jésus ! T’es le fils à qui ?
– Ben… j’suis le fils à Marie. De Joachim et d’Anne. La cousine à Elisabeth. On n’est pas contemporains, je suis de la classe 0.
… [laisser passer les rires]
Ben oui, quoi…
Mais Jésus ajouterait tout de suite:
– Mais je suis aussi le Fils à l’Esprit Saint. Son surnom au village c’est « Dieu ». Vous savez, celui qui habite la grande maison du village avec une croix, là-haut…
Et Paul le dit aussi: selon la chair, il est né de la race de David, mais il est aussi né selon l’Esprit qui sanctifie. Et le mot qu’utilise Paul est clairement l’expression pour parler de l’Esprit Saint de Dieu. A la fois humain, à la fois divin.
Et puis bien sûr après Paul il y a l’Evangile, où Matthieu précise exactement la même chose, souvenez-vous. « Voici quelle fut l’origine de Jésus-Christ. Marie, la mère de Jésus, et l’action de l’Esprit Saint. » Humain et Divin.
…
On en a tellement pris l’habitude que ça ne nous fait plus trop vibrer ça… Ouais, bon… humain et divin, ok. Et alors ?
!!
Et alors ? Mais c’est une Révolution, prenons-en conscience, chers Amis !
Et c’est une Révolution qui redébarque dans nos crèches et dans coeurs tous les ans depuis 2000 ans ! Une Révolution qui a été tellement immense qu’elle a conquis deux milliards de personnes sur notre petite planète, la plus grande religion au monde – et de très loin.
Et ils ont commencé à douze, excusez-moi mais de douze à deux milliards c’est pas mal quand même ! On est passés de 12 apôtres à 2 milliards de fidèles, eh oui. En deux mille ans, d’accord. Mais faut le faire.
On est les seuls, là encore excusez mais faut quand même le redire de temps en temps ça ! Il y a de quoi être fiers d’être chrétiens. Il y a de quoi être fiers de nos racines chrétiennes !
Parfois des jeunes me disent qu’ils n’osent pas affirmer leur foi dans le milieu scolaire. Ils ont peur ou honte de dire qu’ils sont chrétiens. Et ça me fait MAL d’entendre ça ! Parce que ça veut dire qu’on a oublié – parents et grands-parents – de leur transmettre la fierté d’être chrétiens. Et pourtant il y aurait de quoi en être fiers, et de quoi leur rappeler cette bonne nouvelle !
Nous croyons en un Dieu qui aime tellement les humains qu‘il décide de venir vivre parmi nous, et pas en grand magicien mais en se faisant l’un de nous, vraiment. Petit bébé. Et en naissant humblement dans une crèche.
Du coup, le dialogue valaisan pourrait continuer ainsi :
– T’as où les vaches, dis-voir, Jésus ?
– Ben… ce sont des moutons, en fait. Ils sont par là-bas, du côté de Nazareth…
– C’est où ça Nazareth, encore un bled Haut-Valaisan avec un nom pareil !
– Heu… non, alors c’est un peu plus loin, en fait, du côté de l’Orient, voyez…
– Ouh… t’es un Etranger, alors. Mais t’as où les vignes, Jésus ?
– Ma vigne c’est la vigne du Seigneur, nous dirait Jésus. Elle est chez vous, chez nous, partout où des serviteurs veulent bien se donner la peine d’y travailler.
– Ah mais t’es le Jésus à nous, alors !
…
…Eh oui… ce petit dialogue valaisan, dont j’ai piqué l’idée de départ à mon cher confrère Joël Pralong, on peut tout à fait l’appliquer à Jésus.
En prenant conscience qu’il le Jésus à nous, comme on dit par ici, qu’il est venu chez nous, qu’il vient en chacun de nous dans l’Eucharistie…
Et on a le droit d’être fiers de cette incarnation, fiers de nos racines chrétiennes, fiers de nos croix au sommet de nos montagnes, fiers de nos crèches, même dans nos gares. On a le droit de ne pas vouloir qu’on les voiles, ces crèches. C’est pas dans notre religion, qu’on voile.
Chez nous on montre. On montre cette croix, symbole de l’Amour, on montre cette crèche, symbole de l’Incarnation de Dieu. On montre Jésus qui vient crécher par chez nous, au jour de Noël.
…
– T’as où la crèche, Jésus ?
– J’ai la crèche un peu partout ces jours. Sauf à la gare de Villefranche, évidemment. Mais ces braves cheminots ont gardé la crèche, ils l’ont seulement voilée. Et puis ils sont tellement gentils qu’ils m’en ont fait une plus petite, chacun dans leur coeur.
…
A nous d’accueillir Jésus, chers Amis, le Jésus à nous, dans la crèche que lui faisons, chacun dans notre coeur.
L’accueil, voyez-vous, c’est un signe. Notamment l’accueil que nous faisons sur le Haut-Plateau, ces jours, de toutes les personnes qui viennent en vacances chez nous.
L’accueil, c’est un signe ostentatoire, même.
C’est un signe ostentatoire de chrétienté, l’accueil.
Et on en est FIERS.
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Flanthey, samedi 21 décembre 2013, 17.00
St Maurice de Laques, 22 décembre 2013, 10.30
Crans sur Sierre, 22 décembre 2013, 18.30
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