Spectre
Photo DR : www.picandia.com
Film britannico-américain de Sam Mendes (sortie le 11 novembre 2015)
Avec Daniel Craig. Christoph Waltz, Léa Seydoux
A force de nous dire, à la fin de chaque générique, que « James Bond reviendra« , on avait fini par ne plus y croire, vu les derniers opus parfois fortement éloignés du Bond des origines – non, je ne parle pas de Sean Connery mais du héros des LIVRES de Ian Flemming, trahi peu ou prou par tant de générations d’acteurs. Et puis les gens ne regardent plus les génériques jusqu’à la fin, de toutes façons…
Mais cette fois, pardon. Il est de retour. Vraiment.
Ingrédients imparables
Il y a d’abord ces ingrédients que les fans ont tant regrettés dans les derniers films : une vraie ouverture avec les cercles blancs, un vrai pré-générique (incroyable course-poursuite mexicaine au milieu de l’intéressante – et actuelle, début novembre – « Fête des Morts »), un générique enfin digne du défunt Maurice Binder (Daniel Kleinmann finit tout de même par apprendre, de brouillons en brouillons).
Et puis ces petites répliques qui sont attendues à chaque film – « Vodka-martini, au shaker pas à la cuillère. » – « James, j’ai peur… » – sans parler d’un très érotique « Bond. James Bond » susurré comme jamais. Il y a l’Aston Martin. Enfin les deux. La dernière DB10, et l’ancienne qui fait un double très joli clin d’oeil.
Il y a les paysages à couper le souffle, de la neige autrichienne aux sables du Sahara. Il y a un « M » très attendu, après la mort de la précédente, présente tout de même en un joli come-back. Ralph Fiennes est tout à fait étonnant dans son nouveau costume, et assez bluffant au final. Il y a « Q » qui retrouve enfin ce mélange d’ironie et d’efficacité qu’avait le défunt Desmond Llewelyn. Il y a quelques gadgets, sans profusion inutile. Il y a smoking et noeud papillon pour lui, robes envoûtantes pour elles. Et « elles », ce sont Monica Belluci et surtout, surtout, une Léa Seydoux que l’on a connue bien moins inspirée. Elles se doublent elles-mêmes en français, au passage…
Certains des précédents films ont voulu tuer le mythe en supprimant ou en ironisant sur tout ces ingrédients. La production a fini par comprendre qu’ils sont indispensables à un vrai Bond.
Scénario terriblement actuel
L’intrigue est classique, bien sûr. Encore que. On y retrouve, à travers son organisation SPECTRE, le vrai « méchant » des livres, Ernst Stavro Blofeld incarnant la plupart des « méchants » précédents et fidèle à ce que Fleming avait écrit. Mais le scénario est actualisé de façon subtile et vraiment intéressante au regard des événements mondiaux de ces derniers jours, côté terrorisme et dérive sécuritaire.
Surprises et rebondissements sont au programme, bien entendu, mais aussi de sérieux moments d’émotion – ce ne fut pas toujours le cas, loin s’en faut, et de beaux éclats de rire (on ne nous y avait plus habitués ces derniers temps).
Regard chrétien
Il y a d’abord l’incroyable avant-dernière scène, sur un pont londonien. Non, je ne la raconterai pas – j’ai pitié de vous qui allez voir le film. Je dis seulement que la vie gagne, et que là encore, on ne nous y avait pas forcément habitués dans les derniers 007.
Mais il y a plus profond. Des thèmes comme celui de faire face à son propre passé pour illuminer l’avenir sont présents, très présents même. C’est un procédé récurrent avec Bond, mais il est remarquablement traité cette fois-ci. La mort comme portée en certains personnages, la vie comme irradiée par d’autres, la nécessité de passer par la beauté de ce que l’on voit et de ce que l’on sème, tout cela donne à ce volet des aventures de l’agent secret le plus célèbre du monde un parfum d’excellence et une éthique rarement atteinte.
Et la mort, dans ce film, n’est… « qu’une simple question de point de vue« , finalement.
Pour les amateurs du genre
Bien sûr, il faut aimer le genre pour aimer ce film. C’est mon cas. Je ne saurai vous y contraindre. Mais à ceux qui ont aimé les opus « réussis » de la série, je recommande de ne pas rater celui-ci, sur un grand écran près de chez vous.
En restant jusqu’au bout pour profiter de l’excellente musique de Thomas Newman et les chansons de Sam Smith, et pour vérifier si la fameuse phrase finale est toujours présente… personnellement, je le sais, ce qui n’est le cas de quasiment aucun des spectateurs présents en plusieurs centaines à la même séance que moi 😉