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Homélie pour la solennité de la Nuit de Noël
Isaïe 9,1-6 / Psaume 95 / Tite 2, 11-14 / Luc 2,1-14
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Chers Amis,
Vous connaissez certainement le proverbe :
« Si tu vois un oiseau blanc sur l’eau, c’est un signe (cygne)…
Et si l’eau ne bouge pas, c’est un signe des temps (un cygne d’étang)… »
…
Je vous laisse quelques secondes…
Je suis un peu vache avec vous. Faire des jeux de mots, passé minuit, alors que vous veniez d’essayer de vous endormir, vous qui pour certains ne venez peut-être pas souvent à l’église, et qui étiez persuadés que le message du curé allait être soporifique.
…ce sera peut-être le cas, remarquez, vous me direz tout à l’heure…
La première fois que j’ai fait ce gag dans une homélie, j’ai reçu une lettre outrée d’une dame présente ce soir-là, qui me reprochait de faire rire les gens avec un jeu de mots dans une célébration aussi sérieuse que Noël.
…si on peut plus rire à Noël, alors… Il y a bien assez de choses tristes dans notre monde pour qu’au moins ce jour-là on puisse rire…
Parlons donc de signes, pas des cygnes blancs sur les lacs, mais de Signes, avec un « S ». Parlons de signes, et notamment de signes des temps. Un SIGNE des temps, c’est en tout cas ce qui avait été annoncé aux bergers par l’ange du Seigneur, cette nuit-là. Vous l’avez ré-entendu dans l’Evangile de Luc à l’instant.
Le signe… c’est un mot qui est utilisé à toutes les sauces, vous avez remarqué ?
Vous êtes de quel signe, vous ? Un petit enfant m’a dit un jour que je devais être « colombe », comme signe astrologique. Comme je lui expliquais gentiment que ce n’est pas un signe du zodiaque, il m’a dit : « Ben si, t’es marié à Jésus, et Colombe c’est le signe de Jésus. Donc tu dois être Colombe, toi aussi. » Voilà-voilà. C’est beau, la théologie des enfants ! Depuis, je sais que je ne suis pas Verseau comme je le croyais, mais Colombe.
Il y a le langage des signes aussi. Or Jésus étant venu pour faire voir les aveugles et entendre les sourds, on peut espérer qu’un jour, le langage des signes ne soit plus nécessaire, grâce au Seigneur.
Lui aussi, il a parlé par des signes, notamment en écrivant quelques signes dans le sable, un jour.
Et puis pour nous les Chrétiens, le langage des signes c’est aussi les sacrements. L’Eucharistie que vous êtes venus prendre ce soir, c’est un sacrement. Et un sacrement c’est un signe, c’est un signe sacré venu de Dieu.
Il y a le verbe signer, aussi. C’est important de signer, de laisser son nom au bas d’un document. Une signature, cela prolonge une main. Comme les sacrements prolongent la main de Dieu dans notre vie.
Et vous avez remarqué : quand on essaie de le mettre au mode réfléchi – se signer – ça parle aussi de Dieu… Se signer, c’est faire le signe de la croix.
« On se fait signe ? »… voilà encore une expression qu’on utilise souvent… une manière de dire à l’autre qu’on souhaite rester en contact, qu’on attend la prochaine rencontre.
Or notre Dieu est le Dieu de la rencontre, de la relation par excellence, celui qui vient à la rencontre de notre monde, qui vient à notre rencontre, jusqu’à se faire l’un de nous. Il nous fait signe, à sa manière.
Il y a les signaux lumineux, on n’en a pas beaucoup dans nos vallées, c’est plutôt en ville. On les appelle les feux. Or Jésus est venu apporter un feu sur la terre. Je sais, c’est un peu facile ! Ce n’est pas du même feu qu’il s’agit, Dieu merci ! Si Jésus était venu apporter des feux rouges, on se réunirait plus 2000 ans après pour célébrer sa mémoire, hein !
Ceci dit, dans la première lecture, Isaïe nous disait que le peuple a vu quoi ? Une grande lumière ! Si ça, c’est pas un signe lumineux !
Vous suivez toujours ? Personne ne dort ? C’est bon signe. Ah ben tiens, c’est bon signe ! Voilà encore un autre usage du mot signe !
Il y a aussi le signe de la croix, que les ayatollahs de la laïcité aimeraient tellement enlever de notre espace public, alors qu’il est symboliquement très beau, ce signe.
Vous savez quoi ? Je vais vous dire un secret…
C’est une amie musulmane qui m’a expliqué la plus belle symbolique du signe de la croix : « L’horizontale, me disait-elle, c’est la vie des hommes, c’est notre vie à nous sur cette terre… puis la verticale c’est la vie de l’Esprit, celle qui nous relie à Dieu. La croix montre simplement l’endroit où la vie des hommes rejoint la vie de Dieu. Et c’est un beau signe que vous avez, vous, les Chrétiens ! » me disait-elle.
Pour nous, Chrétiens, si la croix est le lieu où tous les Hommes ont rejoint le salut de Dieu, le berceau de Bethléem c’est le lieu où Dieu a rejoint tous les Hommes, c’est le lieu où Dieu a rejoint notre humanité.
Et je ne parle pas du cimetière où la croix – importante aussi – indique l’endroit où notre vie d’ici a rejoint la verticalité du ciel.
Ou le sommet de nos montagnes : même chose ! C’est le lieu où la terre rejoint le ciel, c’est pour cela qu’on y met des croix, tout simplement.
On aura l’air malin quand la laïcité aura décidé de les remplacer par un panneau Rivella avec le nom de la montagne… J’aime beaucoup le Rivella, je l’ai encore prouvé ce soir, mais ça me fait un peu moins rêver que le signe de la terre qui rejoint le ciel, je sais pas pour vous, hein…
Vous voyez à quel point le Signe des Signes qu’est Jésus se retrouve partout, si on veut bien ouvrir les yeux.
Comme s’il venait nous dire qu‘il est un signe pour tous. Les Chrétiens comme les autres. Les croyants comme les autres. Les Evolénards comme les autres, mais oui ! Comme vous qui venez en visite chez nous… passer de belles vacances enneigées… pour la neige faudra attendre un peu, hein…
Il est un signe pour tous. Parce qu’il est le signe de l’Amour, et que l’Amour c’est universel. Ça n’a pas de frontières, ça n’a pas de barrières, de religions, de langues, de cultures. L’amour, c’est aussi de cela que nous sommes nés. Tous.
C’est d’ailleurs ce que disait Paul aussi dans la deuxième lecture, dans sa lettre à Tite : « La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de TOUS les hommes. » Pour tous les êtres humains. Ceux qui sont à l’église ce soir comme les autres, comme ceux qui n’y sont pas, ceux qui cherchent Dieu, ceux qui croient l’avoir trouvé. Ceux qui doutent, ceux qui se posent des questions, ceux qui ont peur.
…Comme cet homme mourant dont je tenais la main et qui me disait : « Qu’est-ce qu’il y a après, dis-moi ce qu’il y a après… ! » Eh bien après, il y a une grande lumière… C’est pas pour rien qu’on nous a donné ce signe, à Noël. Et il n’y a pas à avoir peur. Le texte le disait : ce sont les mots de l’Ange : « N’ayez pas peur ! »
Il est venu pour tous. Ceux qui sont dans la joie comme ceux qui souffrent. Ceux qui sont heureux, en ce soir de Noël, qui ont de la chance, comme ceux qui passent Noël tout seuls, peut-être, chez eux.
Alors, comme nous accueillons dans notre monde le Signe des Signes qu’est Jésus, ce signe à la fois humain et divin, ce signe d’amour absolu, ce signe de la paix qu’il est venu proposer à tous, je nous souhaite, chers Amis, d’être nous-mêmes des signes…
Des signes extérieurs de la joie de Dieu, du bonheur, de la vie éternelle…
Bon, là, d’accord, il est tard… on a des têtes qui sont pas forcément toutes des signes de la joie de Dieu… puis y a eu l’apéro, puis y a eu le repas, puis y a eu le dessert, puis y a eu le café, puis peut-être même le pousse-café ! Ça aide pas toujours à être un signe de la joie de Dieu… Certains, ça les rend joyeux, mais d’autres pas forcément !
Mais tout de même, chers Amis, quand nous sortirons tout à l’heure sur ce parvis, quand nous irons boire un verre de vin chaud, soyons des signes… Pas des cygnes blancs sur le lac, mais des signes de la joie de Dieu.
Soyons porteurs de rires, de sourires… Et dans nos familles, demain ou après-demain, soyons porteurs de la joie de Dieu, soyons des signes. Parce que si nous, les Chrétiens, nous ne sommes pas des signes de la joie, alors qui le sera ?
Soyons des signes, parce que Dieu nous le demande.
Et à cela, je signe des deux mains : AMEN !
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Evolène, 24 décembre 2016, 24.00
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