S’il existait vraiment, ton Dieu !

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Photo DR : www.rencontrerdieu.com

Homélie pour le 3e dimanche du Carême C

Exode 3,1-15 / Psaume 102 / 1Corinthiens 10,1-6.10-12 / Luc 13,1-9

> Pour ECOUTER l’homélie, cliquez sur la flèche à gauche ci-dessous :

 

 

« Si ton Dieu existait vraiment, y’aurait pas toutes ces guerres dans le monde… »

Je suis sûr que vous avez déjà entendu cette phrase, chers Amis.

C’est la phrase-type que les gens sans arguments opposent à nous, les croyants.

« Si ton Dieu existait vraiment, y aurait pas toutes ces guerres dans le monde ! »

C’est exactement comme d’aller trouver un enfant qui vient de tomber en s’écorchant le genou, et de lui dire : « Si ton père existait vraiment, tu ne serais pas tombé. »

On est au niveau zéro de la réflexion, là, faudrait peut-être le rappeler un jour à ces gens qui nous disent « S’il existait vraiment, ton Dieu… » C’est à côté de la plaque.

Nous, les Chrétiens, nous croyons en un Dieu-Père. Ce n’est pas un Superman, un père. Ça c’est ce que l’on croit quand on a trois ans.

Un père, ce n’est pas quelqu’un qui télécommande la vie de son fils pour qu’il ne lui arrive strictement rien. Les parents, dans cette assemblée, savent très bien qu’ils font tout leur possible pour leurs enfants, mais qu’ils sont absolument incapables de leur empêcher tout mal. Un Dieu-Père ne peut empêcher son enfant de faire le mal ou de le subir. Nous sommes libres…

Un père, en revanche, tout comme une mère, SOUHAITE qu’il n’arrive rien de mal à son enfant, et il va essayer de lui offrir les meilleures conditions, lui donner une éducation, lui apprendre une éthique. C’est ce que Dieu fait avec nous. Il nous a donné des commandements, à nous de choisir. Nous sommes libres…

Si l’enfant, devenu ado, passe son temps à faire l’inverse de ce que ses parents lui ont appris, forcément il risque de lui arriver quelques bricoles.

Or, vis-à-vis de Dieu, chers Amis, nous sommes souvent des ados. Nous passons notre temps à faire tout le contraire de ce que la religion nous avait patiemment appris, et ensuite on s’étonne que le monde n’aille pas très bien !

C’est exactement comme un ado qui n’a pas étudié pour son examen et qui revient en disant : « Oui, c’est dégueulasse, on m’a interrogé sur le seul sujet que j’avais pas très bien étudié ! »

Eh oui ! Faudrait peut-être qu’il se pose quelques questions ! Faudrait peut-être un jour devenir adulte, y compris dans la Foi.

Ça veut dire se demander ce que nous pouvons faire pour Dieu plutôt que de nous lamenter sur ce que nous croyons que Dieu aurait dû faire pour nous.

Devenir adultes, c’est ce que Jésus suggère à ses interlocuteurs dans l’Evangile d’aujourd’hui. Ils étaient venus le trouver pour se plaindre. Et Jésus leur demande s’ils croient vraiment que les victimes d’attentats ou de décisions iniques étaient des gens plus pécheurs que les autres.

Sérieusement chers Amis ! Vous croyez, vous, que les victimes d’un tremblement de terre, par exemple, ou d’une avalanche, ont été punies par Dieu ? Evidemment que NON ! Les victimes du tsunami étaient-elles vraiment plus pécheresses que les autres ? Stupidité que de le penser !

J’en vois certains sourire, mais vous savez que c’est une réflexion qu’on entend régulièrement. Encore récemment, après les attentats de Paris, un prêtre français a osé suggérer que les victimes étaient pécheresses à cause du style de musique qu’elles écoutaient ce soir-là au Bataclan, et que Dieu les aurait punis.

On est au niveau zéro de la réflexion, là ! C’est grave de dire cela quand on est théologien ! C’est grave ! Dieu ne veut pas le mal !

Et Jésus, dans l’Evangile d’aujourd’hui, place clairement le débat ailleurs : il ne s’agit pas de savoir si telle ou telle victime était bonne ou mauvaise, il s’agit de nous convertir NOUS. « Cessez de récriminer » , comme le disait Paul dans la seconde lecture ! » Cessons de demander des comptes à Dieu, regardons ce que nous pouvons changer en nous et autour de nous.

On pourrait commencer par convertir notre façon de penser, par exemple. Et notamment convertir notre façon de penser Dieu.

On le voit encore trop souvent comme un vieillard sadique à grande barbe blanche. Non ! Dieu est Amour.

Son nom est « miséricorde » comme le disait Benoît XVI, et comme l’a répété le pape François dernièrement.

Et dans la première lecture, Moïse demandait à Dieu son nom. La réponse était magnifique, vous l’avez entendue : « Je suis. » Dieu parle au présent, chers Amis !

Il ne dit pas « j’ai été le Dieu de tes ancêtres », il ne dit pas non plus « je serai le Dieu de ton avenir », non. Il dit « Je suis ».

C’est le Dieu de la vie, de ce qui est. Et non pas le Dieu de la mort, ou de ce qui a été, ou le Dieu qui punirait ce qu’on a fait, nos actes passés. Dieu vit au présent et il nous invite à faire de même.

Alors à nous, chers Amis, de grandir en humanité, et de vivre de telle manière qu’à la vue de nos actions, il soit impossible de croire que Dieu n’existe pas. Alors plus personne ne viendra nous dire « s’il existait vraiment, ton Dieu... »

___________________________________________

Les Haudères, samedi 27 février 2016, 20.00

Hérémence, dimanche 28 février 2016, 9.00 (version enregistrée, et radiodiffusée sur la RTS)

 

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5 Responses

  1. FABRIS Josiane

    Merci cher Vincent pour cette belle homélie pour moi chaque dimanche c’est une joie de t’écouter Bonne semaine amitié

  2. Yann décombaz

    Monsieur Lafargue,

    EN tant que sceptique, j’ai découvert votre homélie au travers d’un réseau social bien connu. Je me permet tout d’abord de vous retranscrire ce que j’y ai noté « à chaud » :

    ——

    « Je suis.. consterné. Attaquer les sceptiques sur l’argument « S’il existait vraiment ton dieu… » est aussi stupide que d’attaquer les croyants sur les cas de pédophilies dans l’église catholique.

    J’ajouterais qu’aucun sceptique digne de se nom n’use de cet argument, puisqu’il revient a dire « Dieu n’existe pas car… » Hors on ne peut prouver la non existence d’une chose.

    Le meilleur argument du sceptique, et qui permet aussi d’un reconnaître un vrai d’un faux, est « Il n’y a aucune preuve, a l’heure actuelle, de l’existence d’un être de nature divine quel qu’il soit. » Ce qui ne remet pas en cause une éventuelle existence de Dieu tout en recentrant le débat :
    Dieu ou pas, il s’agit de croyance et donc cella ne nécessite aucune preuve mais ne peut être considéré comme une vérité (au sens scientifique) au même titre que la gravitation ou la relativité.

    Et si les croyants souhaitent que leur croyance soit reconnue comme une vérité, a eux d’apporter la preuve puisque « le poids de la preuve repose sur celui qui affirme ». »

    ——

    Ensuite, et étant ouvert au débat, je me permettrait quelques questions quant à vos propos. Cela afin de clarifier ma compréhension personnelle de vote texte :

    Tout d’abord, pouvons-nous nous accorder sur le fait que c’est le fait de croire en Dieu et en Jésus Christ qui sauve, et non de le savoir? pardonnez mon élan, mais je vais partir de ce postulat.

    Donc lorsque vous comparez Dieu vis-à-vis de ses fidèles à un père vis-à-vis de ses enfants, voici ma première question : Un ado doit-il croire à son père pour que celui-ci l’éduque alors qu’il n’a de lui que des courriers datant de sa prime jeunesse et aucune nouvelle concrète depuis?Je crois que c’est le premier point qui me pose un souci de compréhension dans votre homélie : La comparaison entre une personne physique dont la présence et l’existence peut être aisément prouvé et Dieu dont l’existence est, par nature, impossible à prouver puisque justement, c’est le fait de croire, et non de savoir, qui sauve.

    Ensuite, concernant les enseignement, j’aurais aimé que l’ensemble des chrétiens (et globalement des croyants dans le monde) n’aient retenu que les mêmes que vous. Hors, je suis au regret de vous dire que si un père donne une telle éducation à ses enfants, il aura tôt fait de se les faire retirer par les services sociaux. J’en veux pour preuve : Nombres 31:17-18, Exode 21:20-21, et Matthieu 10:34–36 qui son,me semble-t-il, des préceptes sinon éculés, du moins « inhumains ».

    En espérant que vous pourrez apporter quelques éclaircissements à ma lanterne, je doit tout de même, par honnêteté intellectuelle, reconnaître que la chrétienté dans sa forme la plus simple était une formidable force de cohésion sociale et donnait un code moral aux gens à une époque où cela était nécessaire, et bien que la considérant actuellement comme inutile au niveau sociétal, je ne lui renie pas son utilité et, dois-je le répéter, je ne peux nier l’existence de Dieu.

    • Vincent Lafargue

      Cher Monsieur,

      Pouvez m’indiquer ce qui, dans mon texte, vous permet d’affirmer que j' »attaque les sceptiques » ?? Il ne me semble pas avoir été d’une telle violence, mais si vous l’avez ressenti comme une attaque je vous présente ici mes excuses sur ce point. Une homélie est un commentaire des textes bibliques et en aucun cas une attaque dirigée contre quelqu’un, ce n’est pas un discours politique et cela n’a nullement vocation à être vindicatif.

      Pour répondre, ensuite, à vos questions que je me permets de reprendre pour plus de clarté :
      – « pouvons-nous nous accorder sur le fait que c’est le fait de croire en Dieu et en Jésus Christ qui sauve, et non de le savoir? »
      – Ce n’est en tout cas pas ce que prétend la foi catholique. Le fait de croire ne suffit pas à sauver puisque, avec la lettre de Jacques dans la Bible, nous affirmons que « la foi sans les oeuvres est morte » (Jc 2,14).

      Comme vous dites vous-même « partir de ce postulat », je suis au regret de vous dire que le point de départ de votre réflexion n’est hélas déjà pas tout à fait recevable du point de vue de ma foi. Mais je crois comprendre ce que vous souhaitez dire et je vous suis dans la suite de votre raisonnement.

      – « Un ado doit-il croire à son père pour que celui-ci l’éduque alors qu’il n’a de lui que des courriers datant de sa prime jeunesse et aucune nouvelle concrète depuis? »
      – Vous déplacez mon exemple sur un terrain différent de ce que j’ai indiqué, en prenant d’emblée une situation injuste – celle d’un manque chez cet ado. Cela change considérablement la portée de mon exemple et cela tord le raisonnement. C’est – mutatis mutandis – comme si je prends comme point de départ un repas partagé, pour construire mon raisonnement, et que vous repreniez mon argumentation en partant d’une personne qui meurt de faim, vous conviendrez qu’on ne pourra pas s’entendre.
      Dans votre réponse vous prétendez que Matthieu 10:34-36 est éculé, sinon inhumain. Je me permets de vous dire mon désaccord : « on aura pour ennemis les gens de sa maison » me semble au contraire – hélas – refléter bon nombre de situations familiales, y compris d’ailleurs celle que vous décrivez dans votre propre exemple. Vos deux autres citations bibliques sont prises dans l’Ancien Testament qui ne peut – selon notre foi chrétienne – ne se lire qu’à la lumière du Nouveau et de l’enseignement du Christ. Partant, sortir des phrases de l’Ancien Testament de leur contexte est toujours extrêmement délicat.

      Enfin, vous parlez de l’inutilité actuelle de la chrétienté – à vos yeux. Je vous suggère de vous renseigner sur ce que font effectivement les paroisses de ma région sur le plan social au sein de nos villages, en termes d’aide, en termes de cohésion sociale, en termes de tissu communautaire, en termes de lien. Si vous êtes honnête – ce dont je ne saurai douter – je gage qu’après avoir pris ces renseignements vous ne pourrez absolument plus affirmer « l’inutilité » de la chrétienté.

      Un grand merci pour votre commentaire qui nourrit le débat, j’apprécie de pouvoir dialoguer avec les personnes qui, comme vous, ont pris le temps de lire et qui ont le courage d’écrire leurs idées. Continuez !

      Bien cordialement,
      Abbé Vincent

  3. Muscat Bernard

    Bonsoir Vincent,

    Juste une remarque qui n’enlève rien au bien-fondé de votre homélie: je suppose que le prêtre français auquel vous faites allusion est le père Hervé Benoît. Qu’a-t-il dit dans sa tribune si contestée? Relisons:
    cfhttp://www.riposte-catholique.fr/riposte-catholique-blog/tribune/les-aigles-deplumes-de-la-mort-aiment-le-diable

    Sauf erreur de ma part je ne vois nulle part qu’il ait prétendu que Dieu ait puni tous ces jeunes « à cause de à cause du style de musique qu’elles écoutaient ce soir-là au Bataclan ».
    Non vous avez bien raison: « Dieu ne veut pas le mal ! »
    Mais le diable si!.

    Oui vous avez bien raison. Dieu existe.
    Mais le diable aussi ! Et lui le veut, le mal

    .. Et il me semble que c’est seulement ce qu’affirmait le père Benoît ….

    Sans doute, par contre, dans le contexte dans lequel il s’exprimait, était-il imprudent de jeter de l’huile sur le feu….

    Si je me trompe, et c’est possible, expliquez-moi en quoi et c’est volontiers que je vous présenterai toutes mes excuses. UDP

    • Vincent Lafargue

      Cher Bernard,

      Je redécouvre le texte du père Benoît… mais non, ce n’est pas à lui que je faisais allusion mais à un autre confrère qui m’a dit ces paroles (et nous étions en public) et qui, lui, affirmait ce que je dis dans mon homélie. Par charité je préfère taire son nom.

      Si je n’approuve pas non plus le texte du père Benoît pour d’autres raisons – contexte, comme vous le dites, entre autres – je suis pourtant d’accord avec vous sur ce prêtre-ci.

      Bien à Vous,
      Abbé Vincent

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