Pull orange et regard d’amour

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Photo DR : smartaddict.fr

Homélie pour le 26e dimanche TO, année B

Nombres 11,25-29 / Psaume 18 / Jacques 5,1-6 / Marc 9,38-48

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Mesdames,

Avez-vous pensé à ressortir vos pulls orange ou vert pomme des années 70, à ressortir vos sacs en velours, vos bottes en daim, vos longs manteaux de ces années-là ? Je suis très sérieux, Mesdames ! Vous savez que c’est la mode de cet automne ! Je me suis renseigné ! Même les jupes culottes reviennent, m’a-t-on dit… mais Seigneur… nous n’avions pas mérité cela !

Non c’est très sérieux, tout ce qui peut ramener vos vêtements dans les années 70 est tendance, cet automne ! Avec une petite différence : on nous prédit un automne Galaxy Mix, vous trouvez ça dans vos revues. C’est-à-dire qu’il y aura des imprimés d’étoiles, de planètes, de soleils sur les habits.

Bien sûr, ça serait trop simple de ressortir ceux des années 70, ça n’ira pas !  On va vous vendre les mêmes, exactement les mêmes, mais avec des petits soleils et des petites planètes dessus, parce qu’il faut bien vendre, vous comprenez…

Messieurs,

…de votre côté, avez-vous acheté le dernier Iphone 6 ? Ou une AppleWatch ?

Nooon ???

Moi non plus. Et ils peuvent toujours attendre pour que je ressorte mes pulls orange, je les ai donnés à Caritas depuis bien des années !

Vous vous demandez peut-être pourquoi je vous parle de mode… Mais parce que ce sont les textes d’aujourd’hui qui nous en parlent, figurez-vous !

Alors là, vous êtes en train de vous dire : « J’ai pourtant bien écouté les textes, je n’ai pas entendu parler de pull orange dans le livre des Nombres… » Et vous avez bien entendu, vous avez raison, ça n’y était pas.

Pourtant les textes d’aujourd’hui nous parlent de cela. De notre regard sur les autres et du regard des autres sur nous.

Parce que la mode c’est rien d’autre que cela. On veut être comme l’autre – qui lui même veut être comme nous, si c’est pas ridicule, ça ! Plutôt que d’être soi-même

On veut absolument avoir le dernier accessoire à la mode parce que… parce que… parce que c’est la mode.

Et tout le monde nous persuade qu’il nous le faut absolument. A commencer par le meilleur ami ou la meilleure copine qui l’a et qui ne tarit pas d’éloges sur ce truc, qui vous montre comment ça fonctionne, tout ce qu’on peut faire avec, ou comment vous êtes belle avec ça…

Moi je ne suis jamais à la mode, c’est devenu un principe, ça m’énerve. Vous n’êtes pas saoulés, vous, du matraquage publicitaire qui nous ferait acheter jusqu’à la Tour Eiffel si on nous persuadait que c’est indispensable dans le regard des autres ?

Vous allez voir, cet automne – ça commence déjà un peu – elles vont toutes s’habiller « années 70 », jusqu’à friser le ridicule pour certaines, simplement parce que les autres le feront aussi. Simplement parce que le regard de l’autre importe davantage certaines personnes que leur propre dignité.

Quand St Jacques nous dit, dans la deuxième lecture, que nos richesses sont pourries, c’est aussi de ces artifices-là dont il parle. Alors que notre dignité, elle, est notre vraie richesse.

Ça c’est pour les dames et pour les messieurs. Mais il y a pire. Il y a les enfants. On approche gentiment de la période où les magasins vont nous faire leurs vitrines de Noël, chaque année un peu plus tôt, vous avez remarqué ?

Vous verrez qu’un jour on aura les catalogues de Noël mi-septembre dans les boîtes-aux-lettres, ça va venir. Ce serait logique puisqu’on a la rentrée scolaire dans les magasins fin-juin début-juillet, vous avez remarqué ? Ah c’est extraordinaire : nos enfants terminent l’école et dans les magasins c’est la rentrée scolaire ! Faudra quand même leur dire un jour qu’ils sont complètement à côté de la plaque, nos commerçants !

Les enfants, dans quelques jours, vont commencer à avoir les yeux qui brillent en regardant les vitrines, les catalogues, les publicités à la télévision – et certains grands enfants parmi nous aussi – devant le cadeau qu’il nous faut à Noël, l’objet qui va être indispensable cette année, le vêtement à porter absolument…

Quand l’Evangile nous parle de ceux qui entraînent la chute d’un de ces petits, c’est aussi de certains commerçants sans vergogne pour nos enfants dont parle Jésus.

Et il utilise des images extraordinairement violentes, vous l’avez entendu : « si ton oeil t’entraîne au péché, arrache-le », dit Jésus ! « Si ta main t’entraîne au péché, coupe-la ! »

Alors qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce que Jésus serait tout à coup devenu membre de l’Etat Islamique, pour arracher des yeux et couper des mains ?
Vous sentez bien qu’il y a autre chose. C’est symbolique. C’est une image.

Si ton oeil te pousse à envier quelqu’un ou quelque chose, quelque chose dont tu n’as pas vraiment besoin, quelqu’un qui n’est pas forcément bon pour toi, arrache-le c’est-à-dire coupe le lien, détourne ton regard simplement, éloigne-toi, ne regarde pas les publicités à la télévision. Va te faire un café pendant les pubs, ou passe aux toilettes, c’est fait pour ça.

Si ta main a tendance à acheter des choses inutiles, coupe-la. C’est-à-dire tiens ta main à distance, n’entre pas dans le magasin où tu sais très bien que tu vas forcément succomber à l’achat.

Ainsi notre regard est digne lorsqu’il fait attention à ces choses-là, et le regard est parfois pollué lorsqu’il nous entraîne à ceci ou à cela.

Le regard faussé, c’est ce dont parlent les textes d’aujourd’hui, et c’est de ce regard-là dont parle Jésus quand il nous dit : « Si ton oeil t’entraîne au péché, arrache-le. »
C’est une qualité de regard qu’il nous faut retrouver. Et ça va avec l’émerveillement que nous devons retrouver en regardant nos montagnes et la nature en ce mois de septembre. C’est une qualité de regard à laquelle nous appelle Jésus.

Dieu nous a donné un regard pour nous réjouir de l’autre, pas pour le jalouser. Dieu nous a donné un regard pour admirer l’autre, pas pour vouloir lui ressembler à tout prix parce qu’il porte un pull orange. Dieu nous a donné un regard pour aimer l’autre, pas pour vouloir le posséder comme un objet.

Dieu nous a donné un regard pour aimer…

Et le vrai bonheur, est là, vous le savez ! Pas dans toutes les richesses pourries que nous pourrions accumuler, pas dans la mode de cet automne, pas dans un téléphone qui sera démodé dans six mois, pas dans un sac en velours ou des bottes en daim, ou dans un pull orange. Le vrai bonheur il est dans le fait de regarder l’autre avec Amour, tout simplement. Y compris s’il a un pull d’une autre couleur que la mode du jour.

Alors retrouvons un regard d’amour, chers Amis, c’est la meilleure manière de traverser les modes sans être jamais démodé.

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Vex, 26 septembre 2015, 18.30

Les Haudères, 26 septembre 2015, 20.00

Evolène, 27 septembre 2015, 9.00 (version enregistrée)

Hérémence, 27 septembre 2015, 10.30

Euseigne, 27 septembre 2015, 19.00

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2 Responses

  1. Hermine Pralong

    J’aime beaucoup ton homélie de dimanche écoutée ce matin sur une plage presque déserte, c’est très juste, ne pas suivre la mode, mais suivre son cœur. Aimer …….simplement comme on peut parfois le faire parfois facilement et parfois avec plus de difficultés. C’est vrai l’Amour avec un grand A nous comble toujours, il suffit de d’ouvrir notre cœur pour l’accueillir……. Merci Vincent pour cette belle homélie que j’ai écouté très loin d’Evolène…….

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