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Homélie pour le 11e dimanche TO, année B
Ezéchiel 17,22-24 / Psaume 91 / 2Corinthiens 5,6-10 / Marc 4,26-34
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
Je voudrais d’abord partager une joie avec vous : ce week-end je fête mes 11 ans…
Oui j’imagine votre surprise : rassurez-vous je n’ai pas abusé de l’encens, ma carte d’identité indique bien mon âge exact de 46 ans… mais pourtant demain j’aurai 11 ans.
Voilà 11 ans, le 13 juin 2010, le Seigneur faisait de moi un prêtre, un de ses serviteurs.
Il y en a parmi vous qui étaient là d’ailleurs.
Et ce week-end, comme chaque année, je veux le remercier de ce qu’il a fait de moi. Et de ce qu’il continue de faire avec moi – il me rend un petit peu meilleur chaque jour… et vu d’où on est partis j’aime mieux vous dire qu’il a encore du travail !
C’est l’occasion d’avoir une pensée, une prière ensemble pour tous les jeunes qui se forment à cette belle vocation.
Evidemment pour Simon et pour Valentin qui seront ordonnés prêtres pour notre diocèse et pour les chanoines du St Bernard en ce qui concerne Simon dans deux semaine, le 27. Je vous demande de les prendre spécialement dans votre prière, bien sûr.
Sans oublier Christian, qui lui sera ordonné diacre permanent, il sera donc accompagné de Marie-France, son épouse, à cette célébration.
C’est une autre belle vocation que celle de diacre, on n’en parle pas assez en Eglise ! C’est beau, les diacres permanents. Ils peuvent marier, ils peuvent baptiser et en même temps ils sont eux-mêmes très souvent mariés, ont des enfants.
Et au-delà des vocations de prêtre, de diacre, nous avons tous une vocation, vous le savez bien. Même si nous n’avons pas tous un métier, nous avons tous une vocation.
Epoux comme Christian, Epouse comme sa femme, c’est une vocation. Et en répondant à l’appel du Seigneur pour devenir diacre il répond à une deuxième vocation.
Je devrais même dire à une troisième parce qu’il est père de famille – et père de famille c’est aussi une vocation, une autre encore que celle d’époux. Tout comme Maman, c’est une vocation. Et elle est différente de celle d’épouse, on peut avoir les deux.
Et celles et ceux parmi vous qui sont grands-parents, eh bien voilà encore une autre vocation. Vous le savez bien : c’est tout différent que d’être parents !
Mais les célibataires alors ? Bon j’ai parlé des futurs prêtres… mais nous, les prêtres nous ne sommes pas tout à fait célibataires. On est mariés, d’une certaine manière : on a choisi de vivre toute notre vie avec une seule personne, exactement comme les époux dans le mariage ! Bon, pour nous, cette personne s’appelle Dieu, d’accord. Mais c’est très semblable au mariage, on n’est pas seuls à proprement parler.
Mais je pense aux gens qui sont vraiment seuls. Les célibataires qui n’ont pas choisi cet état de vie, et il y en a beaucoup. Ou bien qui sont redevenus célibataires après une séparation ou après la séparation ultime qu’est la mort de leur conjoint. Je pense à ces célibataires-là, ces gens qui sont seuls. Quel message a notre Eglise pour ces personnes ? Quel message a notre Dieu pour ces personnes ? A quoi il les appelle ? Puisque nous avons tous une vocation !
Et je crois que dans chaque parcours de vie, quel qu’il soit, au fond le message du Seigneur est le même : si tu subis ce que tu vis, tu ne seras pas heureux. C’est valable pour un prêtre : s’il subit son célibat comme une obligation, il ne sera pas heureux. Et ça va se sentir. Mais si, comme moi, il choisit ce célibat, alors ce choix va le libérer et le bonheur viendra.
Vous me direz qu’un célibataire qui souhaitait se marier mais qui n’a jamais trouvé la bonne personne, il n’a pas vraiment choisi ! Un veuf non plus, d’ailleurs, n’a pas choisi cet état de vie.
Et vous auriez raison de me dire cela.
Mais je répondrais qu’on peut toujours choisir. A tout moment. Et je crois que c’est là la clé de la plupart des vocations : on peut choisir ce que l’on vit. Décider de choisir notre état de vie, décider de ne plus le subir désormais mais de le choisir, d’embrasser librement ce que l’on vit. Et ça change tout…
Ça change tout ! Parce que ça libère de tous les autres chemins, lorsqu’on choisit le chemin sur lequel on se trouve.
Et c’est important, dans une vie, de trouver aussi ce à quoi l’on n’est pas appelé et de le laisser de côté. De laisser tous les autres chemins de côté, ça libère !
Ça libère de l’embarras du choix, comme on dit !
Lorsqu’on se marie, on discerne qu’on n’est pas appelé à vivre avec toutes les autres personnes. On en a choisi une, et ça libère de toutes les autres. C’est le même principe.
Choisir de vivre seul même si, au départ, c’est quelque chose que l’on subit, si on pose ce choix un beau jour en disant : « Eh bien Seigneur, cette fois-ci je choisis de continuer ce chemin comme je le vis actuellement, mais sans plus le subir… je le choisis ! »… eh bien ça changera tout.
Parce qu’alors le temps que l’on a, on ne va plus le consacrer à chercher toutes les autres voies possibles. On peut offrir ce temps aux autres, pleinement.
Et je crois qu’il est là, le message que Dieu a pour les personnes qui vivent seules : « La vie a fait que tu te retrouves seul alors que tu ne le souhaitais pas ? Eh bien je suis avec toi sur ce chemin. Et avec toi je peux t’aider à donner ta vie pour tous les autres. Puisque les choses ont fait que tu n’as pas été appelé à vivre avec une seule personne, ou que tu n’y es plus appelé, je peux t’aider, moi, à donner ta vie à tous les autres ! »
Au fond, Chers Amis, quoi que l’on discerne, quoi que l’on décide, dans une vie, je crois que nous sommes libérés lorsqu’on l’a décidé, que ça devient une joie. Parce qu’alors on sait que – justement ! – on n’est pas seul sur ce chemin. Parce que Dieu est avec nous, il nous accompagne – et c’est cela, le plus important à découvrir dans toute vocation, que ce soit celle d’épouse, d’époux, de célibataire, de prêtre, de religieuse, de religieux, de maman, de grand-papa, d’arrière-grands-parents… On n’est plus jamais seul dans les problèmes qui surgiront, et ils surgissent toujours dans toute existence, nous le savons bien.
Mais le plus étonnant… le plus étonnant reste que, quel que soit notre vocation, on a l’impression d’être beaucoup trop petit pour cela, ou pas du tout préparé. Au départ en tout cas.
Les célibataires qui n’ont pas choisi cet état de vie se sentent souvent démunis, seuls, précisément. Trop faibles pour se donner aux autres, à tous les autres.
Mais je suis sûr que les épouses, les époux parmi vous ont également ressenti cela. Par exemple à la veille de leur mariage, ou quelques temps avant. Ils se sont dit : « Mais… est-ce que c’est vraiment la bonne personne ? Est-ce que c’est bien lui ou elle ? Je vais m’attacher à cette personne toute ma vie, mais est-ce que j’en aurai la force ? Je suis seul dans ce choix… »
Et parfois c’est à la veille du mariage qu’on se pose ces questions, et c’est humain, c’est normal. Avant n’importe quel engagement, avant la prise d’un travail, d’une nouvelle fonction, on a ce genre d’appréhensions, de doutes…
Avant tout choix, en fait, on doute d’être la bonne personne.
Et toute la Bible nous montre que c’est normal. Les plus grandes vocations bibliques commencent par des doutes… Mais quand on lit la suite de ces vocations, alors on est émerveillés de savoir que Dieu est capable de faire de grandes choses avec nos petites personnes et avec nos doutes.
Les lectures d’aujourd’hui nous montraient cela d’une manière magnifique !
Dans la première, le livre du prophète Ezéchiel, Dieu dit qu’il fera surgir – vous l’avez entendu -une toute petite pousse, à la cime du plus grand arbre, la plus petite à la cime d’un grand cèdre. Celle qui, normalement, devrait être balayée par la première tempête… eh bien c’est celle-là, cette improbable petite pousse qui créera un arbre extraordinaire.
L’Evangile était encore plus clair. Jésus nous parlait – vous l’avez entendu – de la graine de moutarde…
Si vous avez de la moutarde en grains chez vous, regardez tout à l’heure : c’est minuscule, une graine de moutarde ! Et pourtant… elle devient la plus grande plante !
C’est l’image que Jésus prend pour nous dire que Dieu est capable de faire de l’immense avec nos petitesses, avec nos insignifiances, avec nos solitudes aussi.
Si nous regardons en arrière, dans notre vie – pour celles et ceux parmi vous qui sont jeunes depuis plus longtemps que les autres – si nous regardons en arrière dans notre vie, il y a certainement des choses qui nous paraissaient impossibles, insignifiantes, toutes petites, minuscules et qui sont devenues très importantes, alors qu’on n’y aurait jamais cru… Regardons en arrière dans notre vie, discernons, repérons l’action de Dieu.
Et bien souvent une constatation s’impose alors : il suffisait d’y croire… et d’espérer !
C’est la deuxième lecture qui nous le rappelait, la deuxième lettre aux Corinthiens : garder l’espérance.
La foi et l’amour sont des vertus essentielles, mais n’oublions jamais que l’espérance va avec !
Je pense aux grands-parents qui me disent : « Mais… mes petits-enfants ne vont pas à l’Eglise, pourtant je crois que j’ai semé tout ce que je pouvais… » …oui… mais on ne tire pas sur les brins d’herbe pour les faire pousser… ça marche pas ! Dieu nous demande de semer, le reste c’est lui qui s’en occupe.
Ce que nous avons semé va pousser, d’une manière ou d’une autre. Et si ça ne pousse pas, en apparence, gardons espoir ! Quelles que soient nos insignifiances, gardons espoir, Dieu est capable d’en faire des choses extraordinaires !
Et le psaume nous rassurait, pour terminer, en affirmant que, même dans notre vieillesse, même quand semble décliner notre vigueur, Dieu est capable de nous faire encore porter du fruit, de nous faire encore réaliser de grandes choses.
Alors Chers Amis, choisissons à nouveau notre chemin de vie. Quel qu’il soit. Choisissons-le de tout notre cœur ! Ça va nous libérer de tous les autres chemins et Dieu en fera des merveilles.
Croyez-moi, je sais de quoi je parle !
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Champex, samedi 12 juin 2021, 17.00
Magdalena Maria
Pax!
J’écoutais votre interview on YouTube et j j’ai le question :
Qui est pour vous Jésus Christ?
Z Bogiem!
Magdalena
Vincent Lafargue
Le Christ, mon Sauveur, Seigneur, Dieu et Frère.
Bien à Vous,
Vincent