Paix du Christ

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A la messe, on se donne la paix du Christ. Simple geste exécuté machinalement? Geste redouté suivant à côté de qui l’on est assis? Geste hypocrite lors même qu’on n’attend que l’heure de l’apéro pour médire à nouveau de la personne en question? Ou geste profondément assumé? Fichons-nous la paix, le temps de cette chronique.

Le mois de mai nous offre, à travers l’Evangile de Jean que nous lisons tous ces derniers dimanches, les grands commandements de Jésus. L’amour du prochain notamment. «Oui mais ça dépend de qui est le prochain!», disait un humoriste.

Dans nos célébrations eucharistiques, la pratique du geste de paix (facultative rappelons-le) est si peu comprise qu’elle a même été remise en question par plusieurs liturgistes ces dernières années. Et je connais autant des confrères qui évitent ce geste en semaine que des paroissiens qui se placent exprès loin de toute autre personne pour ne pas avoir à l’effectuer, ou qui choisissent leur paroisse et leur célébrant en fonction de l’absence de ce geste.

Dans «La messe… enfin je comprends tout!» (St Augustin, 2005), l’abbé Pascal Desthieux explique: «Il faut rappeler ce qu’est le baiser de paix, et peut-être surtout ce qu’il n’est pas: ce n’est pas une poignée de mains banalisée ni forcée. Ce n’est pas le moment d’aller saluer les personnes que nous n’avons pas encore vues. Ce n’est pas seulement un geste pour dire qu’on s’aime bien et que l’on est contents d’être ensemble. Ce n’est pas non plus une offre de paix superficielle ou utopique, que nous pensons faire par nous-mêmes. Le baiser de paix est un geste antique, un geste sacré, un geste proprement chrétien, enraciné dans les Ecritures. Ce n’est pas notre paix que nous nous donnons mais celle du Seigneur que nous partageons. Cela change tout!» (pp.279-280)

Un geste exigeant

Se transmettre la paix du Christ n’est donc pas un simple geste pacifique qui fleurerait bon les années 1970. C’est un geste exigeant, autant que peut l’être la paix elle-même.

On peut tout à fait souhaiter la paix du Christ à quelqu’un avec qui, justement, nous ne sommes pas forcément en paix. Mais comme le geste est réciproque, cette même paix que la personne en question nous souhaite elle aussi viendra peut-être réchauffer ou débloquer ce qui était encore gelé dans notre cœur. Quel dommage ce serait d’éviter cette chance de réconciliation!

Alors, amis lecteurs, à la prochaine Eucharistie à laquelle nous prendrons part, ayons en tête la beauté de ce geste. Ne l’évitons pas, mais accomplissons-le en pleine connaissance de cause, en Chrétiens responsables de transmettre la paix de Celui qui nous l’a laissée pour que nous la répandions dans le monde entier !

 

Vincent Lafargue | 28 mai 2019

Publié sur le site www.cath.ch

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