On dirait que t’es plus mort !

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Homélie pour la Solennité de Pâques

Actes 10,34a.37-43 / Psaume 117 / Colossiens 3,1-4 / Jean 20,1-9

 

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– Pan ! T’es mort !

– Allez, on dirait que t’es plus mort, tu joues de nouveau avec nous !

Voilà chers Amis, ce qu’on entendait dans la cour de récréation de l’école primaire où j’ai passé mes années d’enfance, jadis. Peut-être que vous aussi, vous avez joué à « Pan ! T’es mort ! Allez, on dirait que t’es plus mort.« 

Les premières résurrections, on les vit dans ces jeux d’enfants. Et on est tout content de pouvoir reprendre la partie, de ne plus être mort… pas pour de vrai.

Et puis, adolescent, je passais un certain temps – peut-être comme certains d’entre vous – sur les jeux électroniques. Et la résurrection s’appelait alors « bonus » ou « vie supplémentaire », ou encore sur les vieux flippers des bistrots « same player shoot again » – quelle joie quand on voyait s’allumer ce petit signal ! Je vois que même nos autorités ont vécu cela [plusieurs conseillers communaux ont effectivement souri…] !

Et quelle joie quand on avait mis la seule pièce de 2 francs qui nous restait de la semaine dans la machine, et que cette machine nous annonçait triomphalement qu’on gagnait une partie gratuite, qu’on pouvait rejouer même si, l’instant d’avant, tout semblait fini !

Un peu plus tard, j’ai eu la chance d’interpréter plusieurs pièces de théâtre – c’était une autre vie… Et je me souviens d’un rôle de prince charmant – oui c’était clairement une autre vie, je vous l’accorde !… C’était dans le merveilleux conte pour enfants et pour grands enfants Coppélia, illustré par la douce musique de Léo Delibes. Je jouais devant un parterre d’enfants. Et à un moment donné, le prince que j’interprétais était empoisonné par une méchante sorcière, et tombait, mort. Evidemment l’histoire finit bien, et le prince revenait à la vie après quelques pages et un philtre mystérieux. Mais je devais rester à terre, sur scène, pendant un quart d’heure, en faisant le mort.

Et je me rappelle très bien d’une représentation un après-midi, au cours de laquelle une petite fille au premier rang, qui scrutait mon corps soi-disant mort, s’est tout à coup exclamée tout fort dans le théâtre :

Il est plus mort ! il a bougé ! Il est résurrecté !!

Alors que sa Maman lui expliquait la conjugaison du verbe « ressusciter », j’avoue avoir eu beaucoup de mal à contenir ma joie et un fou rire qui me faisait hoqueter ce corps soi-disant mort. Cela lui a confirmé qu’effectivement, je n’étais plus mort.

Plus tard, il y eut d’autres petites morts et d’autres résurrections… plusieurs d’entre vous le savent, je suis notamment passé par la mort « clinique », après un grave accident. Et puis mon coeur est reparti grâce à un chirurgien qui l’a massé, massé, jusqu’à ce qu’il se remette à battre. J’ai de la chance, du coup, de savoir jusqu’au plus profond de mon corps ce que veut dire retrouver la vie. C’est beaucoup plus qu’une partie gratuite !

Et c’est peut-être pour cela que je n’ai plus trouvé d’autre raison de vivre que d’annoncer le Ressuscité, comme ici ce matin avec vous.

C’est ma joie de vous le dire, chers Amis : il est ressuscité ! C’est ma patience d’attendre à mon tour de retrouver la résurrection des corps ! C’est ma persévérance de vous le redire chaque année : IL EST VIVANT ! C’est le cri de mon cœur à chaque nouveau matin de Pâques : il est ressuscité ! Et j’aimerais que vous puissiez tous le dire haut et fort avec moi : CHRIST EST RESSUSCITE !

– CHRIST EST RESSUSCITE !

Mais oui ! C’est notre joie de pouvoir le dire ce matin !

Dans chacune de nos vies, il y a de petites morts et de grandes résurrections. Une amitié perdue et retrouvée, un conflit familial qui se termine en embrassade, un objet auquel on tient, que l’on perd et que l’on retrouve, une maladie qui guérit, une épreuve que l’on traverse et après laquelle on retrouve la joie et la lumière.

Vous avez toutes et tous déjà vécu ce genre de petites morts et de grandes résurrections !

Alors je vous invite à réfléchir, en cette célébration : quelles sont vos résurrections, à vous, chers Amis ? Je suis sûr que chacune, chacun peut en trouver de nombreuses, dans sa vie, depuis la cour de récréation avec le « Pan, t’es mort ! » jusqu’au médecin qui nous guérit, qui nous soulage dans les périls de notre santé.

Alors les mots de nos lectures bibliques d’aujourd’hui prennent tout leur sens : « Non, je ne mourrai pas, je vivrai ! » disait le psaume… quelle puissance, dans ces mots ! Alors que nous savons tous que nous allons mourir un jour. Mais le psaume nous dit que ça ne s’arrêtera pas là : non, je ne mourrai pas, je vivrai.

« Il passait, il faisait le bien, il guérissait » disait notre première lecture, en parlant de Jésus. Passer, guérir, faire le bien, offrir un sourire à son prochain, c’est tout simple ! Voilà une manière de faire ressusciter l’autre.

« Il vit, et il crut » disait l’Evangile en parlant de l’autre disciple. Cet « autre disciple » qui est un peu mystérieux. Vous l’avez entendu dans l’Evangile, il y avait Pierre et puis il y a un autre disciple dont on ne connaît pas le nom. Cet autre disciple, c’est peut-être chacune et chacun de nous. C’est une des idées des théologiens qui lisent St Jean, de nous dire que l’autre disciple c’est nous, c’est chacun de nous. Et du coup, c’est le disciple que Jésus aimait, vous l’avez entendu dans l’Evangile. C’est chacune et chacun de nous que Jésus aime. C’est chacune et chacun de nous qui arrive en premier au tombeau, qui se lamente sur quelque chose dans notre vie, et qui finalement entre et découvre la vie.

C’est ce même Jésus ressuscité qu’il nous appartient maintenant d’annoncer par notre vie, chers Amis, par nos actes chrétiens, par notre joie, par notre façon d’être. « Vous êtes ressuscités, Frères, disait Paul aux Colossiens. VOUS ETES RESSUSCITES AVEC LE CHRIST.» Chacun de vous ! Même ceux qui ont les yeux encore un peu fermés parce qu’ils ont fait une belle grasse matinée – quel bonheur !

Vous êtes tous ressuscités avec le Christ !

Et tout cela culmine dans la demande qui nous est faite, dans notre première lecture : « Il nous a chargés – il VOUS a chargés – d’annoncer au peuple, de témoigner. »

En sortant tout à l’heure, annoncez au peuple qu’il est ressuscité ! Souriez ! Par votre joie ce sera déjà un témoignage !

C’est Pâques, chers Amis ! Et c’est Pâq…un jeu, Pâques ! C’est pâq’un jeu où des enfants rigoleraient en se disant : « On dirait qu’il est plus mort« . C’est la vérité : il est vivant !

Chers Amis, nous qui sommes Frères et Sœurs en Christ, que la joie de Pâques vous habite pleinement, que l’Amour du Christ vous donne de témoigner de sa vie par votre vie, que toutes vos morts débouchent sur des joies de résurrection car oui, c’est vrai, je le redis haut et fort : CHRIST EST RESSUSCITE, ALLELUIA !

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Hérémence, dimanche 5 avril 2015, 10.30 (version enregistrée)

et également auparavant, dans une version légèrement différente :

Lens, dimanche 20 avril 2014, 9.30

Montana Village, dimanche 20 avril 2014, 11.00

Crans sur Sierre, dimanche 20 avril 2014, 18.00

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2 Responses

  1. Raymonde Forclaz

    Votre homélie était toute simplement magnifique, comme toutes les autres d’ailleurs. Il fallait penser au « Pan! T’es mort! » Ensuite, j’ai trouvé excellent à la lecture le « Pâq…un jeu » que je n’avais pas saisi à l’écoute.
    Vous êtes tout simplement génial. Et je vous le redis. Je ne fréquentais l’église qu’à l’occasion d’un enterrement, mariage, ou autre obligation. C’est lors de la messe d’ensevelissement de mon papa que je vous ai entendu pour la première fois. Depuis, je suis venue tous les dimanches à la messe et même à une autre messe en semaine et au pèlerinage de Longeborgne. Mon mari n’en revient pas

  2. Sylvie

    C’est vrai que vous êtes génial ! La journée semblait devoir être une  » épreuve », j’ ai lu votre homélie, j’ ai laissé certains mots grandir en moi, et oh miracle, je suis dans la joie et la paix ce soir. Quelle bénédiction de vous connaître. Vous êtes un soleil pour beaucoup.

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