Non aux Hypocrites

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Homélie pour le 22e dimanche du temps ordinaire, année B

Deutéronome 4,1-2.6-8 / Psaume 14 / Jacques 1,17-27 / Marc 7,1-23

Premières messes dominicales sur le secteur Noble et Louable

Chers Amis,

Là, normalement, vous devriez être en train de penser : « ah, on va voir ce qu’il a dans le ventre. » Ou bien : « qu’est-ce qu’il va dire ? » « En tout cas on va voir s’il fait moins long que les autres… » « Il a intérêt à être… intéressant. » « Encore un qui va nous faire la morale… » « Ouh… j’espère que ça va pas être un cours de théologie… »

C’est ça, non ?

Je fais jamais très long. J’ai peur de perdre le fil. On dit que c’est la différence entre une locomotive et un prédicateur. La loco, si elle perd le fil, elle s’arrête. Elle.

Alors j’espère qu’il n’y aura pas trop de problème à la ligne de contact.

BREF !

Chers Amis, disais-je…

« Mais pourquoi il nous appelle chers Amis, on le connaît même pas, il pourrait pas dire ‘Frères et Soeurs’ comme tout le monde ? »

Eh bien… je pourrais. Mais j’ai choisi une phrase du Christ pour débuter mes prédications. C’est lui qui dit, quelque part dans l’Evangile, « Désormais, je préfère vous appeler ‘Amis’ ».

Et puis comme ça, peut-être le deviendrons-nous… Pas Christ, non, mais Amis.

Chers Amis, donc,

Ce serait drôle si on pouvait entendre tout ce que pensent les gens, vous croyez pas ?

Là vous êtes en train de vous dire « ça y est, s’il a entendu tout ce que j’ai pensé jusque là on est mal… »

Non, rassurez-vous, je ne suis pas télépathe.

Mais si je vous dis cela, c’est parce qu’en fait, c’est de tout cela que nous parle l’Evangile de ce soir. De nos pensées. Et de leur vérité, de leur sincérité. Ou non.

Le Christ nous invite à ne pas être hypocrites.

Benoît XVI, dimanche dernier – c’est pas vieux – disait que l’hypocrisie c’est le signe même du mal. Et c’est, je crois, ce que veut nous dire le Christ dans ce passage d’évangile, voyez-vous…

« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son coeur est loin de moi… »

Alors immédiatement on se dit : « Nooon, ça c’est pas nous ! » Et… eh ben peut-être que si, finalement. Combien de fois, nous aussi les prêtres, nous récitons une prière un peu trop machinalement, un « Je vous salue » ou un « Notre Père » dont les mots coulent tout seul et, finalement, ne sont pas vraiment priés.

Pensons à ce que nous disons lorsque nous prions !

Un jour, accompagné d’une petite fille qui m’est chère, une de mes filleules, je suis allé prier un chapelet au milieu d’un groupe dans une église. Vous savez les groupes du rosaire ? [Ânonnant un chapelet recto-tono :] « je-vous-salue-Marie-pleine-de-grâce-le-Seigneur-est-avec-vous-vous-êtes-bénie-entre-toutes-les-femmes… »

Une fois notre prière terminée, elle me regarde et me dit « Bon, tu viens Parrain, on va prier maintenant ? »

Elle estimait que ce que nous venions de faire n’était pas vraiment ce qu’elle appelait « prier »…

Non, c’était pas dans cette paroisse, bien sûr que non, rassurez-vous…

Mais bon… Quelque chose me dit que cela pouvait être un peu dans n’importe quelle paroisse. Cela nous arrive à toutes et à tous de réciter une prière sans la prier vraiment. D’abord parce que, bien souvent, c’est comme ça qu’on a appris à prier. Pour nous, bien sûr que c’est une prière… Mais pour l’authenticité des enfants, cela sonne parfois un peu… hypocrite.

Cette enfant, en entendant ce rabâchage, avait tout compris, comme souvent les enfants. Elle avait compris que l’important ce n’est pas les mots que nous disons, mais le sens que nous mettons derrière. La sincérité que nous mettons à les dire, aussi.

Une autre, à douze ans, m’a dit un jour : « Vincent, moi je comprends pas pourquoi les Chrétiens sont hypocrites ! »

Un peu surpris je lui réponds : « Hypocrites, les Chrétiens ? Explique un peu… »

Et là elle m’a achevé :

« Ben oui, ils vont à la messe, ils se donnent la paix – si j’ai bien compris ce qui se passe quand on se serre la main c’est bien ça ? »

« Oui, c’est ça, on se donne la paix, c’est très beau tu sais… »

« Oui, mais dès qu’elle est sortie de l’Eglise, ma Maman elle recommence à dire du mal de la personne à qui elle a donné la paix… »

Ah… les enfants… Eux, ne savent pas être hypocrites. Et le Christ dit aussi qu’il nous faut redevenir comme eux pour entrer dans le Royaume des Cieux.

Pas forcément dire tout ce qu’on pense… On a vu tout à l’heure que ce n’était pas le but.

Mais PENSER TOUT CE QU’ON DIT, ça oui. Cela nous pouvons le faire.

Et c’est ce que le Christ veut pour nous, je crois. D’ailleurs tous les textes de ce dimanche nous y invitent :

« Vous garderez mes commandements tels que je vous les ai prescrits » disait le Deutéronome, dans la première lecture. Pas en les tordant à votre avantage de manière hypocrite.

« Mettez la Parole en application » disait Jacques dans la deuxième lecture. Faites ce que vous dites, sincèrement.

Et le Psaume nous appelle à la sincérité encore plus, en nous disant, rappelez-vous : « Celui qui dit la vérité selon son coeur sera sauvé » Dire la vérité selon son coeur, ce n’est pas dire tout ce que l’on pense, mais penser tout ce que l’on dit.

C’est à cela que je vous invite, chers Amis, entre vous, et puis aussi avec moi. Vous verrez que moi aussi, avec mon sale caractère, je vous dirai avec vérité et sincérité ce qu’il y a dans mon coeur, parfois.

Soyons vrais entre nous, c’est là la marque des enfants de Dieu.

Chermignon-d’en-Haut, 1er septembre 2012  –  Montana-Village, 2 septembre 2012

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