Photo DR : unseentuscany.com
Homélie pour le 13e dimanche TO, année B
Sagesse 1,13-15 ; 2,23-24 / Psaume 29 / 2Corinthiens 8,7.9.13-15 / Marc 5,21-43
> Pour ECOUTER l’homélie, cliquez juste à gauche du compteur ci-dessous :
Chers Amis,
Au téléjournal l’autre soir, on parlait des via ferrata – peut-être avez-vous vu ce reportage. Ces chemins extraordinaires dans nos falaises, dans nos rochers, que l’on peut parcourir avec une relative facilité, à condition d’avoir le matériel correct, la condition physique appropriée et surtout, surtout, de ne pas avoir peur.
Eh oui… si la peur vous prend alors que vous êtes accroché à un échelon au-dessus du vide, vous êtes mal barré pour la suite ! Car la peur tétanise, elle paralyse, elle immobilise, nous le savons.
C’est terrible, la peur. Vous savez que même les animaux sentent quand nous avons peur, parce que nous secrétons, paraît-il, des hormones spécifiques et une odeur de peur, quand elle nous prend.
La peur nous met donc en situation de fragilité face à un ennemi.
Bon, ça arrive, d’avoir peur. C’est humain. Et dans certains cas c’est salutaire. Lorsque la peur nous inspire la prudence par exemple, elle est souvent bonne conseillère.
Mais il y a une peur tout sauf bonne, une peur dont le démon se sert avec délectation : c’est la peur de Dieu.
Et celle-là, on nous l’a inculquée pendant des siècles. Il ne fallait pas faire ci ou faire ça, parce qu’on allait être puni par Dieu, il allait nous envoyer un malheur, une catastrophe.
Parmi les plus énormes bêtises que la religion a créées en 20 siècles, la peur de Dieu est peut-être la plus terrible.
Pour les plus âgés d’entre nous, nous avons encore été éduqués comme cela. Pour les gens de ma génération, non. Mais ça reste dans les gènes, ça mettra longtemps à partir, et c’est encore présent dans notre inconscient. Et pour les plus jeunes, heureusement, ça part petit à petit avec les nouvelles générations.
Pourtant, rien, mais alors absolument RIEN dans l’Ecriture ne suggère qu’il faille avoir peur de Dieu, au contraire.
Prenons les textes d’aujourd’hui : la première lecture, le livre de la Sagesse, le disait très bien, lorsque la Sagesse affirme que : « Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. »
Dieu nous veut libres et bons, heureux et forts, il veut voir sa créature debout, fière.
Dieu n’est en aucun cas l’auteur du mal, et quand la peur est un mal, elle ne vient pas de Dieu… c’est bien souvent l’ange noir qui s’empare de nous, au travers d’elle.
L’Evangile était encore plus clair : devant le chef de synagogue tétanisé de peur par les bruits qui lui disent que sa fille est morte, Jésus répond : « N’aie pas peur. Crois seulement. »
C’est intéressant, au passage. Jésus n’oppose pas du tout le courage à la peur, comme on le ferait spontanément, notamment dans une via ferrata. Le remède de Jésus à la peur, c’est la Foi. « N’aie pas peur, crois seulement. » Une phrase qu’il nous faut nous graver bien profondément dans le cœur. « N’ayez pas peur… croyez seulement. »
Comme la peur paralyse, elle empêche aussi de donner, en général. Notamment la peur de manquer. C’est la deuxième lecture qui nous parlait de cela. Elle nous encourageait très justement à la charité – sans pour autant se mettre dans la gêne, disait Paul. Donc sans avoir peur de manquer. Donner, sans avoir peur.
De Jésus à Jean-Paul II, la phrase « N’ayez pas peur » est répétée à l’envi dans notre religion chrétienne. Mais que nos oreilles sont lentes à entendre cette phrase !
Pourtant, comme sur les via ferrata, nous avons un double assurage : le mousqueton de notre foi, et le mousqueton de Dieu qui n’envoie pas le mal, qui nous veut libres.
Alors entendons Jésus nous dire, à nous aussi, « Koum ! Lève-toi ! N’aie pas peur ! Crois, seulement. Et même ce qui te semble impossible aujourd’hui deviendra possible, avec moi, demain. »
___________________________________________
Vex, samedi 27 juin 2015, 19.00 (version enregistrée)
Evolène, dimanche 28 juin 2015, 9.00
Dixence, dimanche 28 juin 2015, 11.00
Georges QUELLET
Très cher Abbé Vincent,
Curieuse coïncidence! Alors que hier, dans ton impressionnante homélie, tu associais le thème conjoint des quatre lectures du jour: « La Peur », aux « Via Ferrata », nous (Pepita et moi) étions précisément sur l’esplanade avancée du « GEMMI-PASS » à observer ces escaladeurs grimper les échelles aboutissant au barrage Gemmi-Pass (tu étais alors à La Dixence: émouvante chapelle)
– Non, ce n’est pas « relativement facile »: à observer ces chevronnés franchir avec hésitations les derniers mètres salvateurs (mes photos en témoignent) Mais il est certain qu’en l’occurrence, outre l’absence totale de peur, encore ne faut-il pas être sujet au VERTIGE! Autre thème de méditation comparée…
Bonjour de ALBINEN, (superbe église, plantée dans cet accueillant petit village fleuri), ce 29 juin 2015 Georges et Pepita.