Homélie pour la Solennité de Tous les Saints
Apocalypse 7,2 – 14 / Psaume 23 / 1ère de Jean 3,1 – 3 / Matthieu 5, 1-12a
Chers Amis,
Une paroissienne – non, pas une d’ici, non… – me disait l’an dernier : « Oh ce Jean-Paul II, il a fait tellement d’erreurs que j’accepte mal qu’on en fasse un saint ! » Je lui laisse l’entière responsabilité de ses propos…
Mais on connaît bien cette expression, plus ou moins longtemps après le décès de quelqu’un : « Oh vous savez, c’était pas un saint, c’était pas une sainte ! »
Et justement, si ! Le fait même qu’on dise du mal de ces gens-là en fait peut-être les prémices de leur sainteté.
« Heureux serez-vous, dit Jésus, si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous à cause de moi. Heureux, bienheureux serez-vous ».
Et que deviennent-ils, ces gens, avant d’être canonisés ? Bienheureux. Eh oui.
Au-delà du simple jeu de mots, il y a une réalité bien appuyée par l’histoire.
Nos plus grands saints sont aussi de grands pécheurs. Ils étaient des êtres humains, comme vous et moi, avec leurs faiblesses. Ce n’étaient pas des gens parfaits !
Prenons un exemple de chez nous pour bien comprendre : quel soulagement pour moi, de savoir que Maurice Tornay donnait des coups de boule à ses petits camarades au collège St Maurice, jadis, et se battait sur le chemin du retour entre Orsières et son village.
Maurice Tornay le bienheureux chanoine, bien sûr, pas le ministre valaisan. Qui est tout autant appelé à la sainteté, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je suis un ami de la famille, j’aimerais le rester !
Mère Teresa, béatifiée, a passé près de trente ans de sa vie à douter de l’existence de Dieu, elle ne l’a jamais dit mais on le sait aujourd’hui par son journal. Jean-Paul II, béatifié lui aussi, avait ses doutes et ses erreurs de même.
La petite Thérèse, St Vincent de Paul, le Curé d’Ars, Saint François d’Assise, Sainte Claire, Saint Dominique, Saint Thomas d’Aquin, et remontons jusqu’à Saint Pierre qui ne fut pas le moins pécheur, et de loin, TOUS avaient leurs défauts. TOUS.
TANT MIEUX ! Ces gens sont humains, comme nous ! Nous sommes toutes et tous appelés à la sainteté ! La sainteté n’a rien de magique ni de parfait. Seul Dieu est parfait.
Et puis, comme me disait un ami récemment, ces bienheureux et ces saints-là ne sont que l’infime minorité reconnue effectivement pour l’instant, parmi les milliards de saintes et saints qu’a portés notre planète et qu’elle portera encore. Nous sommes TOUS appelés à la sainteté et Dieu veut tous nous sauver.
Mais alors me direz-vous, si vous avez bien écouté les lectures – et vous avez bien écouté les lectures – qu’est-ce que c’est que cette histoire des 144’000 sauvés dans l’Apocalypse ?
Il faut d’abord savoir que l’Apocalypse de St Jean est un livre codé. Jusqu’à son auteur d’ailleurs, puisqu’on sait aujourd’hui qu’il s’agit d’un pseudonyme. Ce n’est pas St Jean l’Evangéliste qui a écrit l’Apocalypse, mais un homme venu bien après lui.
Ensuite il faut se souvenir qu’Apocalypse ne veut pas dire fin du monde mais révélation, dévoilement de quelque chose qui était caché, codé.
Puis, il convient de savoir que, lorsque la Bible utilise le chiffre 12 c’est souvent pour dire un ensemble complet. Les douze disciples sont TOUS les disciples de Jésus. Il y en avait peut-être 73, 27, 45, peu importe, la Bible va dire douze.
Les douze tribus d’Israël c’est l’ensemble des tribus du peuple de Dieu, peu importe leur nombre, et Israël n’a rien à voir avec le pays que l’on appelle ainsi aujourd’hui, c’est le peuple des hommes et des femmes qui croient en Dieu, pour la Bible.
De même, les dix commandements plus les deux de Jésus – douze – c’est l’ensemble des lois à savoir pour vivre en ce monde, lors même qu’évidemment il y en a encore quelques autres.
Langage SYMBOLIQUE, donc.
…
Alors comment arrive-t-on à 144’000 avec tout ça ? Douze fois douze, cela fait 144. Ce chiffre signifie donc l’ensemble des peuples multiplié par lui-même, c’est-à-dire l’ensemble des habitants de la terre et de tous leurs descendants. Ah, ça fait du monde, hein !
Enfin, lorsque la Bible utilise le chiffre 1000, c’est en général pour donner l’idée de multitude, d’infini.
144’000 c’est douze fois douze fois mille.
La terre, tous ses habitants, tous leurs descendants, le tout multiplié à l’infini. Voilà le nombre des sauvés.
Pour comprendre cela, bien sûr, il faut lire la Bible. Vous savez le bouquin qui prend la poussière, sur une étagère, chez vous…? Ouvrez-le de temps en temps, ça vaut la peine… Mais bon, si c’est codé, à quoi bon, direz-vous ?
Mais le livre nous donne les clés ! Pour être bien sûr qu’on a compris ce point essentiel, le mystérieux Jean qui rédige cette Révélation va nous le dire en langage non codé, juste après le code. Je vous relis ce passage du texte :
« Et j’entendis le nombre de ceux qui étaient marqués du sceau : ils étaient cent quarante-quatre mille, douze mille de chacune des douze tribus d’Israël – ça c’est le code que je viens de vous expliquer – mais voici la suite : – j’ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples, et langues – voilà pour le décodage. On peut difficilement être plus clair ! Cette foule, mais C’EST NOUS !
Vous faites partie des gens que Dieu appelle au Salut, appelle à la Sainteté. Et moi aussi. C’est pas une bonne nouvelle ça ?
Alors, chers Amis, le Saint qu’on oublie en cette fête de tous les Saints, c’est peut-être le plus important à la lecture de la Bible : c’est Saint… Bolique ! Comme de mettre un conseiller d’état dans une prédication, c’est symbolique.
…
Saint Bolique, priez pour nous !
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Lens, Toussaint 2012, jeudi 1er novembre, 9 h. 30
Home du Christ-Roi, Toussaint 2012, jeudi 1er novembre, 16.00
bemelmans emile
encore une de ces découvertes que cette homélie
j’espère qu’elle traversera le canton et les frontières
Jean-Jacques Raviglione
Merci Ayman, merci Vincent.