Lumières de nos tunnels

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Homélie pour le 4e dimanche Carême B

2Chroniques 36,14-16.19-23 / Psaume 136(137) / Ephésiens 2,4-10 / Jean 3,14-21

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– Messe avec les enfants de l’éveil à la Foi –

 

[aux enfants:] Est-ce que vous aimez les tunnels, Chers Amis ?

…vous savez ce que c’est, un tunnel ? Il y en a dans la vallée… Vous aimez ça, les tunnels ?

…

Il y a des « oui » et des « non », hein…

Moi, quand j’avais votre âge, quand j’étais petit – même si vous êtes grands déjà maintenant, la plupart ! – quand j’avais votre âge j’aimais beaucoup les tunnels. Parce que c’était plein de jolies lumières. Et c’est vrai, souvent, les tunnels sont pleins de petites lumières qui ont des couleurs différentes, ça dépend des tunnels. Même dans les trains, à mon époque, quand on entrait dans un tunnel ils allumaient les lumières dans le wagon… Maintenant elles sont toujours allumées, c’est plus drôle… C’était très joli, j’aimais bien ça, j’aimais bien regarder les lumières dans les tunnels.

Et je ne connais personne qui, dans un tunnel tout noir, n’a pas envie de voir une lumière. Vous en connaissez, vous ? Des gens qui, dans un tunnel tout noir, se diraient qu’il sont bien là, qu’ils ont pas envie de bouger, qu’ils vont rester là, dans le noir. Moi, je n’aime pas trop rester dans le noir, dans la nuit. J’aime bien quand il y a de la lumière, comme ici, il y a de belles lumières aussi dans cette église. Il y en a même une tout à fait spéciale, là derrière moi… je vais en reparler après.

Des fois, pour les adultes qui sont derrière vous, il y a des tunnels à l’intérieur du cœur… Bizarre, ça…

[aux adultes:] Et c’est vrai que des fois, il fait noir au fond de nos cœurs, Chers Amis. Quand on ment, il fait sombre dans notre cœur. Quand on fait du mal, on éteint la lumière qui se trouve dans nos cœurs. Et ça nous arrive à tous, hein… moi le premier ! Ce sont des manières que nous avons d’éteindre la lumière qu’est Jésus. Et dans ces cas-là, vous avez peut-être remarqué que, des fois, on aimerait mieux rester dans le noir… on a peur d’aller dire la vérité, on a peur d’aller dire « pardon » à la personne à qui on a fait du mal… on a peur d’aller à la lumière.

C’est tout aussi absurde que celui qui, dans un tunnel tout noir, a peur de ressortir ! Et pourtant ça nous arrive.
« Celui qui fait le mal, disait Jésus dans l’Evangile, déteste la lumière: il ne vient pas à la lumière de peur que ses œuvres ne soient dénoncées… » Et c’est vrai que, quand on fait du mal, on n’a pas tellement envie que les gens mettent un coup de projecteur sur ce qu’on a fait… On n’aime pas la lumière, dans ces cas-là !

[aux enfants:] Mais si Jésus est venu dans le monde, c’est parce que c’est lui, la lumière. Vous avez vu cela tout à l’heure, les Amis : la lumière est venue dans le monde. Et cette lumière, c’est Jésus !

C’est bien pour cela que, dans nos églises, la présence de Jésus est symbolisée par une lumière ! Cette petite lumière rouge que vous voyez là-bas vers le tabernacle. C’est la présence de Jésus, parce que c’est lui, la lumière venue dans le monde ! C’est l’Evangile de Jean qui nous le dit, cet Evangile qu’on a entendu tout à l’heure…

Jésus est lumière et nous avons peur de lui ? Mais c’est complètement absurde ! Vous avez peur de Jésus, vous ?

…

Non ! Il est gentil !

…

On n’a pas à avoir peur de lui…

[aux adultes:] A moins qu’on ait encore en nous cette vieille image d’un Dieu-Juge… C’est une image qui n’est pas complètement passée dans la plupart de nos esprits, même de ma génération. Ce Dieu avec une grande barbe blanche, un peu sadique, qui regarderait tout ce qu’on fait et qui nous attendrait, un beau jour, pour nous juger. On a de la peine à se libérer de cette image-là… alors que c’est une image absurde !

Et si vous avez bien écouté l’Evangile, vous en avez la preuve que cette image est absurde. L’Evangile disait : « Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour JUGER le monde mais pour que le monde, par lui, soit SAUVÉ« . C’est pourtant clair !

Dieu n’est pas un Dieu-Juge, c’est un Dieu qui sauve !

Et dans le Credo que nous répéterons tout à l’heure, quand nous disons, à la fin, « il viendra JUGER les vivants et les morts« , eh bien il faudrait peut-être se rappeler qu’en hébreu, dans la langue de Jésus, « juger » ça veut aussi dire « sauver« … et ça change tout !

« Il viendra sauver les vivants et les morts« , c’est ça qu’on dit dans le Credo, en réalité ! Evidemment notre traduction française ne nous arrange pas beaucoup !

On a encore cette image d’un Dieu-Juge. Mais les enfants, eux – qui ont une bien meilleure foi que nous – savent très bien que Dieu est gentil, qu’il n’est pas là pour nous juger, nous faire du mal, au contraire !

Dieu vient nous sauver, et ce salut ne vient pas de nous, disait St Paul dans la deuxième lecture, c’est un don de Dieu, le salut ! On le reçoit gratuitement !

Bon, évidemment, on a un petit effort à faire, il faut avoir envie de sortir du tunnel… Il fallait aussi peut-être commencer par ne pas y entrer, ça c’était l’histoire de la première lecture, mais ce serait trop long à expliquer…

Nous sommes des êtres humains, nous faisons parfois le mal que nous ne voudrions pas faire – même les enfants – et nous ne faisons pas toujours le bien qu’on aimerait faire. Nous sommes donc parfois dans des tunnels, ça arrive. Mais nous savons que Dieu nous attend à la sortie du tunnel, non pas comme un Juge mais comme un Père qui se réjouit qu’on revienne à la lumière.

Alors chers Amis, n’ayons aucune peur de Dieu. Et en cette nouvelle semaine de Carême qui s’ouvre, vivons dans sa lumière. Et puis, si on ne l’a pas encore fait, eh bien c’est l’occasion de venir demander le pardon de Dieu. Il ne nous attend pas pour nous juger, dans le sacrement du pardon ! Il nous attend pour nous dire : « Je t’aime ! Comme tu es ! Avec tes défauts, bien sûr, je les connais mieux que toi ! Mais c’est comme ça que je t’aime, pas autrement !« 

Quelle chance de pouvoir revenir vers Dieu !

Alors revenons à Dieu, chers Amis, sortons du tunnel, allons vers le soleil comme l’ont dessiné ces enfants ! La miséricorde du Seigneur est infinie, nous le savons bien ! Quelles que soient nos noirceurs, quels que soient nos tunnels. Il remplit les tunnels de nos cœurs de toutes ces jolies petites lumières que les enfants savent admirer, parce qu’ils savent bien, eux, que ce qui est intéressant, dans un tunnel, c’est la lumière…

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Les Collons, samedi 14 mars 2015, 17.00

Vex, samedi 14 mars 2015, 19.00 (version enregistrée)