Homélie pour le 2e dimanche TO, année C
Is 62,1-5 / Psaume 95(96) / 1 Corinthiens 12, 4-11 / Jean 2,1-11
Chers Amis,
Je vous ramène quelque temps en arrière, dans votre enfance. Vous imaginez la cour de récréation… On va faire un jeu, disons du foot. Et on fait deux équipes. Et déjà là, on se dispute, bien sûr :
– Ah non, moi je voulais être dans son équipe !
– Oh non, pas celui-là, il est trop nul !
– Moi, si je ne suis pas dans la même équipe que toi, je ne joue pas !
Et après, pendant le jeu :
– On n’en a rien à faire de ce que dit l’entraîneur, moi je suis le capitaine, c’est moi qui commande.
Ça va, ça vous revient…? Ces équipes-là ne gagnaient pas souvent. Par contre, celles qui étaient soudées, qui avaient un véritable esprit d’équipe, c’étaient celles-là qui gagnaient.
Une des beautés du sport, quand il est collectif, c’est cette notion de faire équipe.
Et dans une équipe, il y a de tout. Celui qui est meilleur pour arrêter le ballon, qu’on va placer aux buts, celui qui est meilleur pour marquer, qu’on va placer à l’avant-centre. Celui qui fédère toute l’équipe, qui délègue, qui passe, qu’on va mettre au milieu du terrain. Et puis il y a l’entraîneur, qu’il faut écouter. Et il y a tous les autres, et notamment les supporters.
Et quand on gagne, on gagne ensemble.
L’Eglise, chers Amis, c’est une équipe. Vous et moi en faisons partie, chacun à sa place, chacun ayant son rôle, ses charismes, des dons, ses qualités et ses faiblesses. Il y en a qui seront meilleurs pour lire, d’autres pour prier, d’autres pour chanter, d’autres pour prêcher. Nous avons reçus des dons variés de la grâce du même Esprit.
Or, qu’avons-nous entendu, tout à l’heure, dans la première lettre aux Corinthiens ?
« Frères, les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit. »
Bien sûr, entre Chrétiens, nos fonctions sont très variées. Il y a des prêtres, des laïcs, des sacristains, des membres du conseil de communauté, d’autres qui sont plutôt dans la gestion, d’autres qui animent des groupes de prière… Y a des entraîneurs, des joueurs, des soigneurs, des caissiers, des supporters…
Or, qu’avons-nous entendu, tout à l’heure, dans la première lettre aux Corinthiens ?
« Les fonctions dans l’Eglise sont variées, mais c’est toujours le même Seigneur. »
Bien sûr, entre Chrétiens, nos responsabilités sont très variées. Certains sont faits pour diriger un groupe, d’autres sont meilleurs pour écouter et prendre la parole à la fin, d’autres ont toujours des idées à proposer, d’autres répondent présents à telle ou telle activité mais il ne faut leur demander de l’organiser… Il y a le conducteur du bus du club, la téléphoniste, le spécialiste des penalties…
Or, qu’avons-nous entendu, tout à l’heure, dans la première lettre aux Corinthiens ?
« Les activités sont variées mais c’est partout le même Dieu qui agit en tous. »
Et l’extrait de la lettre de Paul aux Corinthiens se termine sur cette magnifique phrase : « Celui qui agit en tout cela, c’est le même et unique Esprit. »
Sauf si on lui fait obstacle, bien entendu. L’Esprit agit au travers de nous, mais le mauvais esprit aussi, si on le cultive.
Des fois, on est appelé à changer de place, de rôle, de fonction. L’Esprit doit rester. Comme dans une équipe, on peut changer l’entraîneur, 25 fois si on veut… si l’équipe joue dans un mauvais esprit on va continuer à perdre. Constantin en sait quelque chose !
Dans certaines paroisses – non, pas ici, c’est bien connu, nous sommes meilleurs que les autres, n’est-ce pas ? – dans certaines paroisses on entend des personnes dire :
– « Ah non, moi si untel n’est pas au conseil, je n’y viens pas non plus »
ou encore
– « Ah non, elle je ne la veux pas dans le groupe de prière, on n’est pas trop copines »
ou encore
– « Ah mais depuis qu’on n’a plus tel prêtre, alors ça m’intéresse plus »
ou enfin
– « Le prêtre, il peut bien dire ce qu’il veut, moi je suis le président du conseil, c’est moi qui décide… »
Vous entendez les phrases de la cour de récréation, là ?
– « L’entraîneur, il peut bien dire ce qu’il veut, moi je suis capitaine, c’est moi qui décide…» ?
C’est un même Esprit qui doit nous animer, chers Amis. Les personnes qui disent ces phrases me font souci. Elles ne travaillent pas à la construction de l’Eglise, ou même à sa rénovation, mais à sa démolition, pure et simple.
Quand on travaille ensemble au Royaume de Dieu, on se réjouit des qualités de l’autre, pas de ses défauts, on ne recherche pas le pouvoir mais l’amour, on accueille le pardon et on le donne soi-même…
On ne désire pas prendre la place de l’autre ou s’accrocher absolument à celle que l’on a eue pour un temps. On reçoit une place, parce que l’entraîneur voit l’ensemble du jeu et discerne bien mieux que nous l’endroit du terrain où nous serons efficaces, pour ce match.
Et s’il faut rester quelques temps sur le banc, même si ce n’est pas facile de voir jouer les autres, on souhaite que l’équipe gagne, on l’encourage, on vibre avec tout le monde.
Et quand on est spectateurs dans le stade, on ne vient pas critiquer son équipe mais l’encourager, chanter. C’est votre rôle à vous, ça, notamment… On n’imagine pas un supporter du FC Sion venir à Tourbillon avec un drapeau du Servette, quand même ! Et bien c’est pareil en Eglise, on n’imagine pas un Chrétien critiquer sa propre équipe… Et pourtant… ça nous arrive à vous comme à moi.
Nous construisons ensemble cette grande équipe qu’est l’Eglise, chers Amis. Et c’est seulement quand nous agissons dans un même Esprit qu’alors, et alors seulement, nous donnons un visage à l’Eglise, le beau visage de l’Epouse du Christ. Cette Epouse dont le prophète Isaïe nous disait qu’elle flamboie, et qu’on l’appellera « La préférée ».
Nous avons relu les noces de Cana tout à l’heure. Mais où est l’Epouse, dans ce texte ? On n’en parle jamais !
Et si c’était pour nous dire que c’est nous qui construisons peu à peu le visage de cette Epouse, dont l’Epoux est alors le Christ ? Et si c’était pour nous inviter, nous aussi, à ne pas râler parce qu’on n’a plus de vin, mais à croire comme Marie que le vin nouveau, bien meilleur, peut encore advenir si nous nous y mettons tous ensemble ?
« Faites ce qu’il vous dira », disait Marie. L’entraîneur de l’équipe, c’est parfois le prêtre, OK, mais le président… le Christian Constantin à nous, dans l’Eglise, c’est le Christ.
Quand le Christ change d’entraîneur, l’équipe continue. Quand il appelle tel ou tel joueur à rejoindre l’équipe, et puis à rester sur le banc, ou à passer à l’avant-centre, on écoute, on change… Et on ne lui dit pas « Ah non, Christian, si le copain est pas dans l’équipe, moi je ne joue pas non plus »…
Il sait ce qu’il fait, le président… Et si on veut toutes et tous faire une bonne équipe, de celles qui gagnent, alors on l’écoute. Dans un bon Esprit. Conscient que pour faire équipe, chacun doit être à sa place.
Soyons des adultes, dans l’Eglise, chers Amis. Pas des enfants dans la cour de récréation. Soyons à l’écoute de cet Esprit qui sait mieux que nous quelle est notre place, notre rôle, notre fonction, et qui nous les suggère, par la voix de nos frères et soeurs, de nos prêtres…
Soyons dociles à l’Esprit, et comme Marie, écoutons notre Christ, mettons-nous à l’oeuvre pour faire ce qu’il nous dira.
Ce n’est pas la coupe d’Europe, ou la coupe du monde, que notre équipe est appelée à gagner. C’est celle du Royaume de Dieu.
Alors merci d’être venus à l’entraînement ce dimanche. On va continuer et gagner ensemble!
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Flanthey, samedi 19 janvier 2013, 17.00
Lens, dimanche 20 janvier 2013, 9.30
Montana-Village, dimanche 20 janvier 2013, 11.00
bernard besse
Bonjour Vincent,
Oui, si le président « du club » est compétent dans sa matière, je le suis. C’est le cas pour Le Christ. Et souvent nous gagnons la partie de la vie qu’Il nous a dévolue. Qqe fois c’est moins bon voir nul mais il y a le match suivant à préparer. Je m’accroche donc, j’ai confiance.
Mais quant l’entraineur s’occupe de choses qui ne sont pas de sa compoétence comme par exemple la couverture photovoltaïque de l’église de Mase (qui ne lui appartien pas) j’ai de la peine à le suivre. Je ne trouve pas de référence dans la bible pour justifier cette autorité.
Mais nous avons peut être l’entraineur que nous méritons
Bien à toi Vincent,et meileures salutations.
bernard besse