Homélie pour le 27e dimanche TO, année A
Isaïe 5,1-7 / Psaume 79 / Philippiens 4,6-9 / Matthieu 21, 33-43
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
A la messe on commet souvent une erreur – enfin pas vous, mais la liturgie commet souvent une petite erreur. C’est une des rares choses que Vatican II a un tout petit peu raté, en voulant bien faire évidemment !
Cette erreur, elle concerne l’ordre de nos lectures.
Vous le savez bien, il y a la première lecture, souvent tirée de l’Ancien Testament, puis il y a le psaume qui lui répond, puis il y a la deuxième lecture, très souvent une lettre, et puis on écoute l’Evangile, l’histoire de Jésus.
Mais en réalité, si l’on voulait être tout à fait juste, et notamment chronologiquement juste, il faudrait inverser les deux derniers textes. La première lecture est tirée de l’Ancien Testament, c’est le plus ancien des textes que nous écoutons, le psaume lui répond, naturellement.
Mais qu’est-ce qui vient ensuite, dans le temps ? C’est l’histoire de Jésus, c’est l’Evangile. Car la lettre, qu’elle soit de Paul, de Pierre, de Jacques, de Jean, la lettre médite l’histoire du Christ. La lettre vient APRES.
Il faudrait donc, pour être tout à fait juste, lire la deuxième lecture, la lettre, après l’Evangile car elle vient commenter l’histoire de Jésus, elle vient nous donner une lumière nouvelle sur tout cela.
Mais la liturgie – et elle est sainte – la liturgie est ainsi faite que nous lisons la deuxième lecture avant l’Evangile. C’est comme ça.
Dans les lectures d’aujourd’hui, c’était flagrant, peut-être y avez-vous fait attention. On nous parle d’une vigne – à plusieurs reprises d’ailleurs : dans la première lecture, dans le psaume, dans l’Evangile également.
On nous parle d’une vigne, et la première lecture – le prophète Isaïe – nous parle d’un ami qui avait une vigne dont il prenait soin. Vous l’avez entendu, il a bâti une clôture et même une tour de garde pour veiller sur les précieux plans qui devaient donner des fruits succulents puis le vin qui réjouit le cœur de l’homme.
Mais la vigne a déçu son propriétaire, nous disait Isaïe, elle n’a donné que du mauvais fruit. Alors il s’est vengé en enlevant la clôture de cette vigne et en la laissant dévorer par les bêtes sauvages.
Un prophète, chers Amis, c’est quelqu’un qui parle au nom de Dieu. Et souvent c’est très mystérieux. Mais là non, cette fois nous avons la clé de l’histoire, vous l’avez aussi entendu !
Isaïe nous expliquait que la vigne, c’est l’univers. Que l’ami qui la possède, c’est Dieu, le propriétaire de la vigne. Et que le plan de vigne dont il attendait tant, c’est nous ! Puisqu’Isaïe dit : « C’est Israël. » Et Israël, en hébreu ça veut dire le peuple de Dieu.
Et le peuple de Dieu, jusqu’à nouvel avis, c’est vous, c’est moi, c’est nous.
Que se passe-t-il lorsque la vigne – lorsque nous ne donnons pas de bons fruits ? Eh bien si l’on s’en tient à l’Ancien Testament, vous l’avez entendu, le propriétaire, Dieu, se met en colère, il enlève la clôture et il laisse les bêtes sauvages rentrer.
C’est d’ailleurs l’histoire d’autres textes de l’Ancien Testament. Prenez Abel et Caïn dont Dieu attendait beaucoup : ils se sont entretués, que se passe-t-il ensuite ? Eh bien si vous lisez ces versets terribles qui précèdent le déluge vous verrez que Dieu a voulu anéantir le monde entier, dans sa colère.
Heureusement, on n’en est plus là ! Il y a de célèbres colères de Dieu dans l’Ancien Testament mais… mais il y avait le psaume ensuite. Et le psaume nous rappelait que Dieu revient toujours sur sa colère, si on le lui demande. Que Dieu est tendre, miséricordieux.
Je vous redis les mots du psaume :
« La vigne que tu avais prise, tu la replantes Seigneur. » Vous voyez ? Dieu revient sur sa décision, même après les plus grandes de ses colères.
Et que va faire Dieu ? Non seulement il va protéger à nouveau sa vigne mais il va même la visiter. Et c’était ce que le psaume lui demandait : « Visite cette vigne, protège-la ! »
Il va la visiter et ça, c’est l’Evangile qui nous racontait cette histoire-là. On reprenait l’image de la vigne, vous l’avez entendu, avec son propriétaire qui a bâti une tour de garde, qui en prend soin. Et puis qui s’en va en laissant les vignerons – les hommes – en laissant les vignerons s’en occuper.
Et puis il envoie ses serviteurs, et que se passe-t-il ? Les vignerons les tuent. Il en envoie d’autres plus nombreux, les vignerons les tuent à nouveau. Alors puis il envoie son propre fils.
Mais, Chers Amis, pour nous qui avons la clé, nous comprenons tout de suite cette parabole de Jésus !
Ce propriétaire de la vigne dont Isaïe nous disait : « C’est Dieu… », la vigne : « C’est notre monde… » Et il y envoie son Fils… mais c’est Jésus dont on parle, évidemment. Et que se passe-t-il, vous l’avez entendu : les vignerons tuent son Fils. C’est ce qui s’est passé il y a deux mille ans.
En somme, c’est du sang qu’ils ont tiré de leur vigne, au lieu d’en tirer du vin, ce jour-là.
Seulement, seulement… l’histoire ne s’arrête pas là. Et c’est pour ça qu’il serait intéressant de lire la lettre de Paul après l’Evangile.
Parce que l’histoire ne s’arrête pas à la mort de Jésus, nous le savons bien. Il y a un tout petit détail après, sa Résurrection, bien sûr !
Dieu sait faire du neuf avec de l’ancien, il sait faire du bon à partir de nos pires expériences. Et c’est Paul qui nous rappelait cela : nous n’avons rien à craindre de Dieu, nous devons être dans la paix, nous disait Paul ! Parce que c’est ce Dieu qui nous procure la paix.
Dieu est un grand maître. Il sait faire de la situation la pire possible un chemin de lumière pour chacun de nous. Du vin qui devient sang, ça ne vous rappelle rien, vraiment ?
Mais nous le célébrons à chaque Eucharistie !
Eh oui, Dieu a retourné la situation. Il nous a laissé un signe de l’amour de Dieu pour sa vigne: le vin de l’eucharistie qui se transforme en sang du Christ.
Ce sang-là n’est plus signe de violence, mais il est signe de tout l’amour que Dieu a pour nous. Ça change tout !
Parce qu’il nous a donné son propre fils, parce que ce sang est le signe du pardon de nos fautes, alors ce signe devient tellement beau, tellement important, qu’on le célèbre à chaque fois que nous nous réunissons en son nom.
Comme il est doux, alors, chers Amis, le sang de la vigne ! Comme il est doux ! Et comme il montre qu’effectivement, nous n’avons rien à craindre de notre Dieu.
Si nous en sommes encore, comme parfois nos grands-parents ou nos arrière-grands-parents, à avoir peur de Dieu nous pouvons sortir de cette église immédiatement, nous n’avons rien à y faire ! Dieu n’est pas un Dieu qui fait peur ! De grâce, ancrons-nous ça dans le cerveau une fois pour toutes. Nous n’avons rien à craindre de Dieu.
De nos pires erreurs, il fait un chemin de lumière. Quelles que soient nos fautes, même les plus énormes, il est capable de les changer en lumière, il est capable de transformer le sang de nos péchés en vin du royaume éternel !
Et ça, c’est une sacrée bonne nouvelle !
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Champex, samedi 7 octobre 2017, 17.00
Evolène, dimanche 8 octobre 2017, 9.00
St Martin, dimanche 8 octobre 2017, 10.30 (version enregistrée)
Et, dans une version sensiblement différente jadis :
Vex, samedi 4 octobre 2014, 19.00
Hérémence, dimanche 5 octobre 2014, 9.00
Evolène, dimanche 5 octobre 2014, 10.30
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