Film américain de Lee Daniels (sortie européenne le 11 septembre 2013)
Avec Forest Whitaker, Oprah Winfrey, Mariah Carey
Un noir à la maison blanche ? Barak Obama n’est pas le premier, loin de là. L’histoire de la blanchitude de cette célèbre maison passe d’abord par la négritude de ceux qu’on y a engagés comme majordomes.
Si les bandes annonces de ce très beau film brossaient d’abord l’histoire comme celle du majordome Cecil Gaines, ayant servi 7 présidents, on se rend très vite compte que c’est un prétexte pour parler de la vraie Histoire.
Celle de ces hommes si différents qui ont dirigé le pays, celle de ces hommes si différents qui les ont servis, mais celle aussi du pays tout entier, et particulièrement celle de la tolérance et de l’intolérance. A ce titre, les scènes violentes ne sont pas forcément celles que l’on croit. Une balle dans un champ de coton, ou l’effroyable rencontre avec le Kux-Klux-Klan font frémir, et comment, mais un crachat sur un visage, un regard, une indifférence font encore beaucoup plus mal. Et ce film le montre très bien, à mon avis.
Assis au quatrième rang, comme à mon habitude, j’ai eu le sentiment de prendre le crachat dans ma figure. Et la mise en scène, tout en suggestions et en prises de vues volontairement retournées (un exploit dans le cinéma américain d’aujourd’hui), amène le spectateur à être acteur de cette histoire.
Au milieu de cette Histoire, Cecil Gaines (Forest Whitaker) traverse les années flanqué de sa moue humble et détachée, accompagné de sa fidèle épouse Gloria (Oprah Winfrey une fois de plus étonnante et magnifique). Comme s’il savait que tous les combats de son fils, de Birmingham à Memphis, se gagneraient un jour d’élection, cinquante ans plus tard, avec un frère qui dirait que décidément, oui, ensemble, tout est possible dans ce pays.
Un film à voir, chrétiennement parlant, aussi pour s’interroger sur l’Histoire, la nôtre, la leur. La croix enflammée du Kux-Klux-Klan nous rappelle que certains, jadis, ont défendu la race blanche comme une élite voulue par Dieu. Cette croix-là, quand on l’aperçoit, fait beaucoup plus qu’une balle de révolver au fond de nos coeurs. elle est un crachat sur le visage du Christ.
A voir dans un cinéma près de chez vous, donc, et à montrer aux jeunes d’aujourd’hui qui ne mesurent pas toujours ce que représente l’arrivée, à la Maison Blanche, d’un président noir… et d’un majordome blanc, magnifique retournement final.
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