Le jeune voleur et la bonne paroissienne

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Photo DR : 123RF et

 

Homélie pour le 26e dimanche TO, année A

 

Ezékiel 18,25-28 / Psaume 24 / Philippiens 2,1-11 / Matthieu 21,28-32

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

 

Chers Amis,

 

Je voudrais tout d’abord placer sous vos yeux deux personnages imaginaires.

 

D’une part, imaginons un jeune voleur. Il a fait de la prison, d’ailleurs, pour son dernier vol et il revient au village. Le nôtre. Village dont il est originaire.

 

D’autre part imaginons une dame du village, retraitée, qui a été… allez pendant 40 ans catéchiste dans la paroisse, et qui est à la messe tous les dimanches.

 

Vous les avez, ces deux personnages imaginaires ? Un jeune délinquant sorti de prison… Une ancienne catéchiste, fidèle…

 

Ce dimanche-là, à la fin de la messe, le prêtre lance un appel aux bonnes volontés. Il a besoin de lecteurs, de lectrices, peu importe leur âge, mais il faut des personnes qui ont une bonne voix, bien sûr.

 

Dans l’assemblée, je l’ai dit, il y a cette paroissienne qui s’est engagée depuis 40 ans, et il y a aussi le jeune homme. Car, sorti de prison depuis une semaine à peine, il a eu envie de retourner à la messe, ce qui ne lui était plus arrivé depuis des années.

 

Sur le parvis, à la sortie, ça discute ferme. Et évidemment l’ancienne catéchiste se fait aborder par ses copines :

–      Mais dis-donc, toi, tu as été prof de français, en plus, jadis, non ? Tu as une belle voix, tu devrais t’annoncer au curé pour lire !

 

Et la paroissienne de lever les bras au ciel en disant :

 

–      Ouh là là, alors après tout ce que j’ai fait pour la paroisse depuis des d’années, il peut toujours attendre ! J’ai bien assez donné ! Et puis il n’avait qu’à pas me remplacer à la catéchèse par une jeunette ! Maintenant, qu’il se débrouille !

 

Et les regards se tournent vers le prêtre parce qu’il vient de sortir de l’église et le jeune homme s’approche de lui.

 

Ça jase parmi les paroissiens !

–      Il ne va quand même pas se proposer LUI !

–      Vous vous rendez compte !

–      Après ce qu’il a fait !

–      Lire la Parole de Dieu après ce qu’il a fait ! Des choses pareilles !

 

Et effectivement le jeune homme, les larmes aux yeux, s’adresse au prêtre en lui disant :

–      Monsieur le Curé… vous savez moi je ne suis pas un bon chrétien… D’ailleurs ça fait des années que je n’étais pas retourné à la messe. Ça m’a fait tellement de bien ce matin, vous pouvez pas savoir !

En prison, c’est moi qui faisais la lecture aux autres détenus, parce que j’aime bien lire. Alors quand je vous ai entendu demander des lecteurs, je me suis dit que peut-être… – enfin moi je n’ai jamais lu la Bible mais… – peut-être que vous auriez besoin de moi.

Et puis surtout ça me donnerait une bonne occasion de revenir à la messe de temps en temps.

 

Les paroissiens du petit groupe, qui ont entendu, sont outrés.

 

Ils sont encore plus choqués quand le prêtre répond au jeune homme :

–      Eh bien viens dimanche prochain, ça tombe bien : je n’ai pas de lectrice ce jour-là. Viens un peu en avance. Je te ferai lire le texte, tu t’entraîneras, et ce jour-là tu liras la Parole de Dieu !

 

Dans l’Evangile, chers Amis, mais aussi dans la première lecture, le prophète Ezékiel, lequel des deux est un bon chrétien ? L’ancien délinquant ou celle qui a donné quarante ans de sa vie en catéchèse ?

 

Je peux poser la question différemment : selon l’Evangile, est-ce celui qui a dit « non » pendant des années en violant les commandements, et qui tout à coup dit « oui » au Seigneur ? Ou est-ce celle qui a servi le Seigneur toute sa vie pour finalement non seulement dire « non » mais dénigrer celui qui dit « oui » ?

 

Lequel des deux est JUSTE aux yeux du Seigneur ?

 

Eh bien c’est l’ancien délinquant, aussi difficile que cela puisse être à entendre. C’est lui qui est juste aux yeux du Christ, selon notre Evangile.

 

Et j’ai été gentil avec vous ! Parce que j’ai pris comme exemple un voleur. Vous me direz : c’est dans les commandements. Tu ne voleras point. Mais Jésus, lui, qui a face à lui non seulement des anciens de la paroisse mais des grands-prêtres, lui prend l’exemple des prostituées, vous l’avez entendu.

 

Il leur dit « Si vous dites ‘non’ après avoir dit ‘oui’, les prostituées vous précéderont dans le Royaume de Dieu. » Ça n’a pas dû être facile à entendre, cette phrase-là… ça n’a pas dû être facile à entendre !

 

Cette histoire, chers Amis, nous apprend quoi ? Elle vient nous dire qu’il y a toujours moyen de revenir vers Dieu. Toujours ! Quoi qu’on ait fait. Et je peux vous dire que j’en sais quelque chose ! Il y a toujours moyen de revenir vers Dieu, de convertir notre cœur.

 

Dieu préfère qu’on lui dise « oui » après lui avoir dit « non » plutôt qu’on lui dise « non » après lui avoir dit « oui »…

 

Alors évidemment dans cette histoire il n’y a pas ceux qui « oui » toute leur vie et qui continue à dire « oui » ! Ceux-là, c’est les meilleurs ! Puissions-nous en être ! C’est pas mon cas… moi j’ai d’abord dit « non »… Mais il y en a qui ont toujours dit « oui »… c’est magnifique ! Magnifique…

 

Dans nos paroisses, voyez-vous, je fais toujours bon accueil aux jeunes qui veulent s’engager. Y compris s’ils me disent qu’ils n’allaient plus à l’église depuis des années. Parce que c’est ce que Jésus me demande de faire dans cet Evangile. Et parce qu’il sait, lui, ce qu’il y a dans le cœur des gens. Moi, non.

 

Et je trouve magnifique l’engagement de nos jeunes et de nos moins jeunes dans nos paroisses. Magnifiques, ces personnes qui s’engagent au service de la communauté. Magnifiques, ces jeunes qui parfois viennent me voir en me disant :

–      Tu crois que moi, je pourrais faire quelque chose dans la paroisse ? Mais moi, tu sais, je ne suis pas un bon chrétien, je ne viens pas à la messe tous les dimanches… Tu crois vraiment que moi, je pourrais faire quelque chose ?

 

Et chaque fois je leur réponds :

–      Mais bien sûr ! Viens ! On trouvera ce qui correspond à tes charismes. On réfléchira, on essaiera. Peut-être qu’on se trompera au début, et puis on corrigera. Mais viens !

 

Et ne dis pas « Je ne suis pas un bon chrétien ! »… tu es bien meilleur que moi qui célèbre la messe tous les jours. Parce que moi, j’ai la force de l’habitude. C’est plus facile quand on a pris le pli. Quand on vient à la messe tous les jours, c’est plus facile d’y retourner le lendemain, on a pris un pli ! Mais toi, c’est admirable : parce que tu n’y es plus venu depuis longtemps et tu veux y revenir ! C’est bien plus fort que moi ! Alors engage-toi, viens !

 

Il arrive que ces jeunes soient bien accueillis par la paroisse, par nos communautés.

 

Il arrive aussi qu’un jeune vienne me trouver après quelques mois d’engagement, et me dise :

–      Tu sais, ça jase dans le village. On me critique parce que – avant – j’étais pas tellement à l’église et parce que maintenant je travaille pour l’Eglise.

 

Et à ce jeune-là, ou à cette jeune-là, j’aimerais lui dire :

–      Relis l’Evangile d’aujourd’hui. Tu verras que Jésus juge très durement les personnes qui te critiquent. Que c’est Jésus qui leur dit : ‘Il n’est jamais trop tard pour revenir vers moi. Et il est plus juste de me dire « oui » après m’avoir dit « non » que de me dire « non » après toute une vie passée à me dire « oui », en dénigrant son prochain.’

 

Ayons assez d’humilité, disait Paul, pour considérer les autres supérieurs à nous-mêmes. Même et surtout celui qui a d’abord dit « non » avant de dire « oui ».

 

Alors chers Amis, soutenons toujours les personnes qui s’engagent, quel que soit leur âge, quelle que soit leur tâche, quel que soit le service.

 

Soutenons-les toujours ! Encourageons-les !  Disons-leur notre admiration ! Comme Paul le suggérait aussi dans la deuxième lecture, vous l’avez entendu.

 

C’est ça une communauté, disait Paul : « Dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, on s‘encourage avec amour, on considère l’autre comme supérieur à nous. » Voilà une communauté chrétienne.

 

Quant aux grincheux qui critiquent, j’en suis aussi. Plus souvent qu’à mon tour avec ma grande gueule de Genevois, pardonnez-moi… Il y en a dans toutes les communautés, vous savez… Ces personnes-là, prions pour elles.

 

Prions pour les grincheux ! Mais la prochaine fois que nous les entendrons dire « j’ai bien assez fait, qu’il se débrouille ! », n’oublions pas de leur rappeler l’Evangile d’aujourd’hui, n’oublions pas de leur redire qu’il n’est jamais trop tard pour dire à nouveau « oui », même si on a dit « non », qu’il n’est jamais trop tard pour revenir vers le Seigneur.

 

Amen.

 

…Et à propos : moi aussi, j’ai besoin de lecteurs et de lectrices. Alors, si jamais vous en discutez sur le parvis, pensez-y !

 

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Riod, samedi 30 septembre 2017, 17.00

Vex, samedi 30 septembre 2017, 18.30

Evolène, dimanche 1er octobre 2017, 9.00 (version enregistrée)

Praz-Jean, dimanche 1er octobre 2017, 16.00

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