La passion d’Augustine

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Photo DR : allocine.fr

Film canadien de Léa Pool (sortie suisse 4 novembre 2015)

Avec : Céline Bonier, Lysandre Ménard, Diane Lavallée

Dans le Canada qui se déchristianise, en seconde partie de XXe siècle, une institution religieuse pour jeunes filles va se battre pour conserver un statut d’exception. Or, exceptionnelles, elles le sont. Notamment de par la musique que les soeurs enseignent, chacune à sa manière, à leurs filles. Mais aussi par leur volonté d’aller de l’avant dans le monde d’après Vatican II, dans une Eglise qui ouvre portes et fenêtres.

Voilà pour ce que vous lirez dans vos journaux.

Paysages à couper le souffle

Mais « La passion d’Augustine » c’est d’abord des images. Des paysages époustouflants filmés à leur instant le plus magistral par une réalisatrice au plus juste d’elle-même, qui n’en use jamais pour la facilité d’une belle image mais chaque fois parce que ce beau paysage met en scène les gens qui s’y trouvent, parce qu’il a quelque chose à nous dire d’eux.

Daniel Jobin, le directeur de la photo, mérite à coup sûr un prix dans l’un ou l’autre des grands festivals existants. Il y a là de l’or pour les yeux, et pas seulement dans les paysages mais aussi dans les intérieurs et sur les visages, éclairés de cette mystérieuse lumière intérieure qu’on appelle la passion.

Le piano

Ce film, c’est aussi du piano. Tout du long, Beethoven, Mozart, Liszt, Chopin, Bach et les autres vous envoûteront de leurs notes intemporelles et inoubliables. On ressort de la salle en fredonnant tel ou tel air, immanquablement. Il est à noter que Lysandre Ménard interprète elle-même ses morceaux dans le films, ce qui nous offre des gros-plans sur ses mains, son visage, sa passion là aussi.

Les rapports entre la « première de classe » et le personnage trouble-fête d’Alice joué par Lysandre Ménard illustrent magnifiquement le gouffre qui sépare, en musique, une interprétation technique impeccable mais sans âme d’une interprétation fougueuse et emplie de talent, quitte à improviser certaines notes.

L’uniforme et les cheveux

Un regard très intéressant peut être aussi posé sur les habits : l’uniforme est à respecter au départ au millimètre – décence oblige ! – chez les filles comme chez les soeurs. Mais Vatican II passe par là et l’habit de « vieilles veuves du 18e » va se réformer lui aussi. La plus grande révolution est sans doute celle des cheveux des soeurs, désormais visibles. Or les cheveux, tout au long du film, disent le tempérament des différentes filles de l’institution et leur façon de suivre, ou non, les règles figées et lisses d’une foi qui s’est heureusement elle aussi réformée.

De l’hiver au printemps

Les habiles métaphores que l’on suit tout au long des paysages montrent que l’hiver dans lequel vivent ces soeurs se dégèle peu à peu, notamment au contact d’Alice. Le printemps tant espéré de l’Eglise au Québec se heurtera pourtant à deux sortes d’excès : celui du pharisianisme dans lequel s’enferment ceux qui refusent le changement, et celui des musiques « trop » modernes ou inadaptées (superbe moment que cet Alléluia des années 70, interprété à la guitare par un prêtre béat à baffer, et qui sonne tellement faux aujourd’hui).

Un chemin de crête est à trouver entre deux, et il passe peut-être par la musique, probablement par le sens qu’on met aux choses plutôt qu’à les faire mécaniquement, mais sûrement par la passion avant tout.

A voir sur grand écran – de grâce ! – près de chez vous en Suisse (sortie prévue en France seulement fin mars 2016).

Bande annonce :

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  1. Hermine Pralong

    J’ai vu ce film dimanche 15 novembre, il m’a éblouie par ses magnifiques moments d’émotion, je ne suis pas musicienne mais j’ai beaucoup aimé ces morceaux de piano. Surtout les beaux morceaux qui sont dans ce film. Merci Vincent de l’avoir conseillé car trop souvent on ne sais pas choisir ces films. Alice et sa tante m’ont montré que l’on peut avoir le caractère bien trempé si on est juste……….

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