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Homélie pour le 18e dimanche TO, année B
Exode 16,2-4.12-15 / Psaume 77(78) / Ephésiens 4,17.20-24 / Jean 6,24-35
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
Quand on regarde l’état du torrent juste ici à côté ou l’état de nos lacs en cet été pluvieux, on se dit que l’eau n’est vraiment pas ce qui va nous manquer prochainement, à priori !
Et quand on entend, dans le psaume, que Dieu ouvre les écluses du ciel, on aurait plutôt envie de lui dire de les refermer… ça va maintenant, c’est bon !
Pourtant, nous le savons aussi, l’eau est un bien extrêmement précieux et il manque cruellement dans de nombreux pays du monde.
Et quand on voit les sommes faramineuses que déboursent de grandes multinationales – y compris suisses – pour acheter des sources, des réserves d’eau partout dans le monde, ça ne laisse rien augurer de bon. Ni sur le manque d’eau à venir, ni sur ce que certains grands groupes peu scrupuleux s’apprêtent à en faire en termes commerciaux.
L’eau est un bien extrêmement précieux !
Même ici, au cœur des Alpes, où elle coule de source, comme on dit, jour après jour, et gratuitement.
Ce bien qui coule jour après jour gratuitement, ça me rappelle notre première lecture, l’Exode. Avec cette nourriture, la manne, qui tombait du ciel, jour après jour, gratuitement.
Au point que, ne sachant pas ce que c’était au départ, c’est la question – en hébreu – qui a donné son nom. Vous l’avez entendu : « man-hou » – en hébreu : « qu’est-ce que c’est – et ça a donné son nom : la manne.
La manne qui, jour après jour, venait nourrir le peuple de Dieu au désert. Une nourriture venue du ciel, la première lecture nous le disait.
Et le psaume surenchérissait : c’est une nourriture venue non seulement du ciel mais de Dieu !
Et dans l’Evangile que nous venons de réentendre, on rappelle à Jésus cet épisode, en lui disant : « Et toi, alors, quel signe tu vas faire ? Parce que mieux que ça, il va falloir se lever de bonne heure ! La manne qui venait tous les jours dans le désert… »
Et Jésus fait beaucoup mieux ! Il leur dit : « Mais cette nourriture… elle venait de Dieu, c’était le pain de vie venu de Dieu… eh bien moi, je suis le pain de vie ! »
Ça, c’est quand même un peu plus fort encore !
Anouk, qui a fait sa première communion hier soir aux Diablerets, l’avait très bien compris : c’est Jésus qu’elle a reçu dans cette toute petite hostie, dans ce tout petit morceau de pain que l’on vient – parfois de très loin – consommer ici, à l’autel.
C’est Jésus que nous pouvons recevoir à chaque messe, lorsqu’on a fait sa première communion, gratuitement, n’importe où dans le monde ! Il suffit d’entrer dans une église où il y a une messe – et il y en a à peu près partout – et on peut recevoir gratuitement le pain de la vie, Jésus lui-même !
Si le monde avait conscience de ça, Chers Amis, mais il nous aurait fallu un vigile ici à la porte pour refuser du monde !
Est-ce qu’on prend réellement conscience de ce que nous venons recevoir dans ce petit morceau de pain : Jésus lui-même !
Seulement pour voir Jésus dans l’apparence de ce petit morceau de pain, pour croire que cette nourriture si pauvre – en apparence – nous donne la vie, et la vie éternelle, ça suppose une conversion du cœur.
On peut le comprendre là [montre sa tête]… mais reste à le comprendre ici [montre le cœur]. Et ça… c’est pas facile !
Jésus le disait bien dans l’Evangile que nous venons de réentendre, en opposant la nourriture qui passe à celle qui ne passe pas. La nourriture terrestre à la nourriture céleste. Il appelait à une conversion des cœurs.
Et c’est ce que Paul faisait aussi dans la deuxième lecture, cet extrait de la lettre aux Ephésiens que nous avons entendu, en nous demandant de revêtir l’homme nouveau. Qu’est-ce que ça veut dire ? Eh bien Paul le disait très bien : c’est d’arrêter de penser comme le monde !
Le monde pense souvent au premier degré. C’est du pain. Et Paul nous disait : « Revêtez l’homme nouveau ! » Voyez derrière les apparences. Croyez que ce n’est pas seulement du pain. Regardez avec le cœur…
C’est avec le cœur qu’il nous faut apprendre à regarder pour ne plus regarder seulement les apparences et revêtir l’homme nouveau.
Alors nous, ce matin, ça va, on en a conscience ! Force est de constater que nous sommes venus – à priori – chercher une double nourriture d’ailleurs : pas seulement le pain du ciel, mais aussi à cette table-ci la Parole qui est également une nourriture.
Si Vatican II nous rappelle qu’il y a deux tables à la messe, ce n’est pas pour rien : il y a deux nourritures, la Parole et le pain de Vie.
Mais – et j’aimerais terminer par cela – je crois que c’est l’occasion de nous interroger sur les mannes de nos vies.
C’est pas si fréquent, hein ! Quelque chose de gratuit tous les jours de nos vies partout dans le monde… vous pouvez chercher, hein ! Même le journal 20 Minutes, il est gratuit tous les jours mais il n’y en a pas le dimanche, par exemple.
L’Eucharistie, c’est tous les jours, hein ! Tous les jours et dans la plupart des pays du monde. Gratuitement.
Il n’y a pas tant de choses que cela qui sont gratuites tous les jours, partout.
Mais peut-être qu’il y a d’autres mannes, dans chacune de nos vies, des choses que Dieu nous a confiées pour que cela nous aide à vivre, des personnes, même, que Dieu nous a confiées pour que nous les fassions vivre et pour qu’elles nous aident à vivre.
Certains y verront leurs enfants, leurs petits-enfants, leur conjoint, cette personne qui nous est confiée pour nous aider à vivre, leurs parents aussi, leurs grands-parents. Voilà des cadeaux que Dieu nous fait pour nous faire avancer dans la vie.
Posons-nous la question en vérité, chers Amis. Quelle est ma manne ? Quel est le cadeau que Dieu m’a fait et qui m’aide à vivre, tous les jours ?
Pour ma part, en ce jour de Fête Nationale, j’y verrais volontiers aussi la paix qui règne dans ce pays, la chance que j’ai d’y être né et d’y vivre parce que c’est dans ce pays que mes parents ont fondé leur foyer il y a 65 ans maintenant, au jour de leur mariage.
J’y vois volontiers, en ce jour de Fête Nationale, la chance que j’ai de vivre ici. C’est une manne.
Et tout particulièrement aujourd’hui, il n’est pas inutile de rendre grâce au Père pour le courage de nos pères – et notamment de nos pères helvètes, il n’est pas inutile de rendre grâce au Fils pour sa croix présente sur le drapeau de ce pays, il n’est pas inutile de rendre grâce à l’Esprit qui a inspiré notre constitution, notre démocratie.
Eux aussi, ils sont trois, Père, Fils et Esprit, comme les Trois Suisses – qui ne sont pas qu’une marque textile, hein, Chers Amis ! Les trois Suisses, c’est Arnold de Melchtal, Werner Stauffacher et Walter Fürst, les trois qui, il y a 730 ans aujourd’hui, se sont rassemblés sur une prairie pour unir leur volonté, leurs destins et rendre vivante leur devise. Qui est devenue celle de notre pays (et dont on a fait celle des Mousquetaires mais c’est bien après cela, c’est d’abord celle de notre pays): un pour tous, tous pour un.
C’était les Trois Suisses qui nous ont offert cette manne – car c’en est aussi une : quelque chose donné gratuitement et qui nous accompagne tous les jours de notre vie…
Il y a de quoi rendre grâce, je crois, pour les mannes de nos vies !
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Les Diablerets, samedi 31 juillet 2021, 18.00
Aigle, dimanche 1er août 2021, 10.00
Les Plans sur Bex, dimanche 1er août 2021, 11.45 (version enregistrée)
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