Journalistes du Christ
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Homélie pour la VIGILE PASCALE
Gn, Ex, Ez, Rm, Mc 16,1-7
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
La scène que je vais vous raconter se passe dans la salle de rédaction d’un grand quotidien de Suisse Romande, il y a quelques années. Un des rédacteurs en chef débarque en trombe dans la salle de rédaction et hurle littéralement :
– Avalanche en Valais avec plusieurs victimes, mettez tout de suite ça sur internet !
Et comme le journaliste devant lui, à son ordinateur, ne réagissait pas assez vite, le rédacteur en chef a insisté en hurlant de plus belle et en bousculant le journaliste à son clavier :
– J’ai dit tout de suite ! Il faut qu’on soit les premiers à annoncer cette nouvelle !
La scène est authentique, je n’ai pas changé un mot.
Un ami journaliste qui était dans la salle ce jour-là me dit avoir soupiré assez fortement…
– Tu te rends compte, m’a-t-il dit quelques jours plus tard, si on mettait autant d’énergie à annoncer tout de suite les bonnes nouvelles ! Plutôt que les mauvaises…
Cet après-midi, en repensant à ce que nous célébrons ce soir, je me prenais à sourire en imaginant la même scène, à la rédaction du 20 minutes par exemple, ce soir, au moment où je vous parle. Le rédacteur en chef qui débarquerait dans la salle de rédaction en hurlant :
– Christ est ressuscité ! Il faut tout de suite mettre ça sur internet ! … Plus vite ! Il faut qu’on soit les premiers à l’annoncer !
Et les gens qui recevraient cette alerte sur leur téléphone portable, un peu blasés forcément, et qui diraient :
– Oui, non mais bon, ça va, on le sait, quoi ! ça fait 2000 ans qu’on nous le dit, c’est pas nouveau-nouveau non plus !
Et c’est dommage, au fond, que ce ne soit pas « nouveau-nouveau »…
« Christ est ressuscité », c’est une info TOUJOURS nouvelle. A chaque nouvelle Pâques, le message est toujours nouveau, il est toujours vif, il est toujours d’actualité.
Et il faut lutter dans nos esprits à nous pour ne pas être blasés par cette nouvelle que nous entendons chaque année depuis 2000 ans mais qui est toujours nouvelle : Christ est ressuscité !
Deux millénaires plus tard, Christ est toujours ressuscité. Et il ressuscite à nouveau, en même temps, chaque année, pour Chacune, Chacun de nous. On continue de l’annoncer comme un événement nouveau dans le chant de l’Exultet qu’André va nous chanter tout à l’heure après la célébration du feu. A chaque Vigile Pascale c’est l’événement de l’année.
Et je me prends à réfléchir, chers Amis… Je me dis : un événement vieux d’il y a 2000 ans, on continue d’en parler et de l’annoncer comme s’il était parfaitement nouveau !
Je ne suis pas certain que, dans 2000 ans, on continue d’annoncer ce que le journal « 24 Heures » a publié aujourd’hui… Y compris en première page ! Je ne suis même pas certain qu’on s’en souvienne dans deux semaines !
Voyez : la résurrection du Christ c’est l’événement des événements, c’est une leçon pour tous les journalistes de la terre. Voilà ce qu’il faudrait être les premiers à annoncer, cette année encore.
Et tous les textes de la Bible que nous avons entendus ce soir ont été écrits par de formidables journalistes de l’époque !
Des journalistes qui savaient mettre en avant les bonnes nouvelles !
La Création… voilà une excellente nouvelle, c’était très bon ! C’est nous qui n’en avons pas pris soin, mais au départ c’était une excellente nouvelle.
La libération du peuple à travers la mer Rouge, c’est une nouvelle extraordinaire !
Le fait que la mort ne soit qu’un simple passage grâce au Christ, c’est une nouvelle que ce formidable journaliste qu’est Saint Paul se plaît à nous raconter comme une excellente nouvelle !
La Bible est parsemée de très Bonnes Nouvelles !
Et cette dernière nouvelle est de taille : Christ ressuscité, ce n’est pas qu’un mot. Et quand je dis Pâq’un mot… PÂQU’UN mot, ce n’est pâqu’un jeu de mots non plus ! C’est essentiel, ce mot : ressuscité, c’est tout à fait essentiel, c’est une nouvelle prodigieuse. Ça veut dire que la mort, désormais, n’est plus la fin, qu’elle n’est qu’un passage pour qui croit en Jésus.
On va tous mourir un jour, nous le savons bien Chers Amis, mais si nous croyons au Christ, nous croyons aussi que rien ne se terminera vraiment ce jour-là. Nous sommes appelés à ressusciter nous aussi. Et ça, c’est une sacrée bonne nouvelle !
Et quand je dis « ressusciter » j’insiste : ressusciter, pas se réincarner. Je suis effaré de voir dans une étude très sérieuse que près de 50% des Chrétiens – une personne sur deux dans ce temple ce soir – préfère croire à la réincarnation… mais demandez à n’importe quel Bouddhiste ou n’importe quel Hindouiste, il vous dira que la réincarnation c’est une catastrophe ! Leur but, c’est précisément de ne plus se réincarner. Parce que si vous vous réincarnez, ça veut dire que vous avez raté. Et vous pouvez vous réincarner en un animal, en un fourmi… Ah ben je m’excuse mais pour moi, c’est pas tellement une espérance, hein !
Par contre la résurrection c’est autre chose : c’est retrouver mon corps à moi… mais guéri ! Si j’étais aveugle, je vois ! Si j’étais boiteux, je marche normalement ! Si mon corps grinçait un peu, parce que forcément, avec l’âge ça commence, eh bien je retrouve un corps de jeune homme, c’est ça la résurrection !
Ah ben c’est une bonne nouvelle quand même, c’est autre chose que de se retrouver en fourmi, pardonnez-moi !
Si on a deux sous de bon sens, on ne peut pas être heureux de croire en la réincarnation, ce serait catastrophique. Mais en la résurrection, oui, ça c’est autre chose !
C’est un message tout simple mais formidablement novateur en même temps : je vais un jour retrouver mon corps totalement guéri grâce à celui qui est ressuscité des morts… quelle magnifique nouvelle à annoncer, pour un journaliste !
Alors que tant de journalistes, en ce moment encore, mettent en avant les morts plutôt que les résurrections de nos vies.
Jusque dans l’expression que vous avez sûrement déjà entendue, Chers Amis, chez les jeunes, notamment : c’est mort ! Vous avez déjà entendu, ça ? Quand quelque chose n’a plus aucune chance, une relation, un événement, on dit « ah ben c’est mort ».
Mais est-ce que vous avez déjà entendu quelqu’un dire : « Ah ben ça ressuscite ! » ?? Moi non. Et je le regrette ! Ça devrait faire partie de notre vocabulaire à chaque fois que quelque chose d’inespéré se produit dans notre existence. Et ça nous arrive à tous, je suis certain !
De grandes ou de petites résurrections, on en vit tous ! Retrouver ses clés après avoir passé une heure à les chercher, c’est une résurrection, hein ! On devrait dire : « Ah ben ça ressuscite ! »
Et je suis sûr que si l’on vous interrogeait Chacune, Chacun, vous auriez tous à raconter de grandes ou de petites résurrections, des choses inespérées qui se sont produites dans votre vie. Peut-être ces derniers jours encore, peut-être même aujourd’hui !
Il y en a, des événements inespérés, dans nos vies !
Une personne qui était entre la vie et la mort et qui guérit, eh bien ça, ça devrait faire les gros titres de nos journaux ! Et avec le CoVid, j’aime mieux vous dire qu’il y en a, des personnes qui étaient entre la vie et la mort et qui reviennent à la vie.
Nos médias font l’inverse : une avalanche avec des gens en-dessous, ça, ça fait la première page ! Le chiffre des morts du CoVid, on l’a toutes les semaines ! Mais le chiffre des ressuscités, le chiffre des intubés qui s’en sortent, mais voilà le chiffre que l’OFSP devrait nous donner chaque semaine !
C’est ça, la bonne nouvelle !
Même chose pour une avalanche. Si on retrouve quelqu’un de vivant sous l’avalanche, vous avez un tout petit carré comme ça, quelques jours plus tard, dans le journal. Mais c’est ça qui devrait être en première page !
C’est la vie qui devrait primer, vous êtes d’accord ? La bonne nouvelle, c’est la vie ! La nouvelle essentielle, c’est la vie ! La nouvelle à communiquer au plus vite possible sur internet, c’est la vie !
Moi quand j’ai une mauvaise nouvelle à annoncer à quelqu’un, ça m’arrive, j’essaie de retarder un maximum le moment où je dois annoncer cette nouvelle à cette personne.
Je me dis que, comme ça, cet homme, cette femme a encore quelques heures, quelques minutes à vivre sans connaître cette mauvaise nouvelle. J’ai toujours envie de retarder cela …
Mais vous avez des gens, à l’inverse, dès qu’il y a un mort, on dirait qu’il faut qu’ils soient les premiers à l’annoncer à tout le monde, sur les réseaux sociaux, ils prennent le téléphone pour appeler leurs amis, pour dire : « Oh mais tu sais pas quoi ? Mais Patrick Juvet est décédé ! »
Et il n’y a pas meilleure nouvelle à annoncer ?
On dirait presque qu’ils ont plaisir à annoncer des mauvaises nouvelles, vous avez remarqué ? C’est étrange tout de même…
L’événement de Pâques, chers Amis, c’est l’inverse. Avec le Christ, tout est renversé d’ailleurs, nous le savons bien. Et depuis le début ! Nous attendions un roi, et c’est un bébé dans une crèche. Et puis ensuite nous attendions toujours un roi, mais c’est une couronne d’épines qui est sur sa tête. Tout est renversé avec le Christ, depuis le début et jusqu’à la fin de sa vie.
Eh bien l’événement de Pâques, chers Amis, c’est aussi le Christ qui renverse tout. Qui renverse nos valeurs – si on peut parler de valeurs quand on parle des médias, bien sûr…
Oui, il y a une nouvelle à annoncer très vite, et en première page, mais elle est bonne, c’est toute la différence !
Elle est sensationnelle, elle est inédite, elle est bouleversante… mais c’est une BONNE nouvelle, et c’est pour cela qu’il faut être les premiers à l’annoncer !
« La mort est vaincue ! », quel beau titre ça ferait dans le Matin-Dimanche demain… Mais je ne suis pas sûr que ce soit le titre qu’ils soient en train d’élaborer…
En tout cas, il nous revient à nous de transmettre cette Bonne Nouvelle, Chers Amis ! Parce que le Christ, par notre baptême, fait de Chacune et de Chacun de nous l’un de ses journalistes à lui.
C’est notre rôle d’annoncer – comme nous le ferons tout à l’heure en nous donnant la paix, qu’il est ressuscité, qu’il est vraiment ressuscité !
A nous d’être porteurs de Bonne Nouvelle !
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Bex, samedi 3 avril 2021, 20.00