Gloire du monde et Gloire de Dieu

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Photo DR : le tapis rouge de Cannes 2014, sur www.bfmtv.com
 

Homélie pour le 7e dimanche de Pâques A

Actes 1,12-14 / Psaume 26 / 1Pierre 4,13-16 / Matthieu 17, 1b-11a

Chers Amis,

Avez-vous déjà été applaudis – pour une raison ou une autre ? Je suis sûr que oui. Les occasions sont multiples et nous l’avons toutes et tous été au hasard d’un discours dans une fête de famille, d’une prise de parole plus large peut-être, d’un exploit personnel ou simplement de notre anniversaire.

Mais avez-vous déjà été applaudis par une salle entière, ou plus largement par un vaste public ? Moins de personnes ont eu ce plaisir. Car c’en est un, croyez-moi sur parole : avant d’être prêtre, dans une autre vie, j’ai été comédien, et si je n’ai pas vécu que des succès j’ai tout de même connu ce frisson délicieux provoqué par une salle entière qui vous applaudit. C’est une forme de gloire.

Mais elle provient de la gloire du monde. Celle de nos magazines, celle de nos écrans de télévision, celle de nos stars à paillettes, celle de nos sportifs, de nos élus, de nos chanteurs, de nos acteurs de cinéma.

C’est une fausse gloire.

Bien sûr que cela fait plaisir de recevoir des applaudissements, celui qui vous dirait le contraire serait faussement pudique ! Ça fait plaisir, bien sûr! Mais cela ne rend pas heureux.

Oui car, voyez-vous, une chose que nos publicitaires et nos médias oublient très souvent de nous dire, c’est que le plaisir et le bonheur sont deux choses TRES différentes.

Ce qui fait PLAISIR ne mène pas forcément au BONHEUR. Le chocolat ça fait plaisir. Surtout s’il est suisse. Mais ça ne rend pas fondamentalement heureux pour autant, ça se saurait !

Sont-elles heureuses, nos stars de magazines dont les plaisirs futiles s’étalent en photos sur papier glacé ? Sont-elles heureuses, vous croyez vraiment ? Pourchassées par les paparazzis, subissant des vies sentimentales souvent désertiques ou débridées ce qui, tôt ou tard, revient au même, ayant des soucis de riches qui mènent souvent à l’ennui plutôt qu’au bonheur ?

J’en connais. Je peux vous dire qu’à de très rares exceptions près, ces personnes ne sont pas heureuses. Eh non.

Et quand l’une d’elles m’appelle en pleine nuit pour me confier ses derniers soucis, me rappelant au passage que dans son « monde » à elle personne ne l’écoute comme nous, les religieux, nous avons le temps de le faire, elle m’envie mon bonheur à moi.

Car une étude scientifique toute récente – très sérieuse et pas du tout religieuse – place la vocation religieuse à la toute première place des occupations qui – aux dires des gens qui les pratiquent – rendent heureux.

Première place, vous vous rendez compte ? J’exerce l’activité professionnelle qui rend le plus heureux au monde ! Mais faudrait peut-être le dire à nos jeunes, ça ! Eux qui courent après la vaine gloire du monde, après les stars des magazines, ou après les amis virtuels des réseaux soi-disant sociaux, dites-leur combien moi, je suis heureux !

Et j’imagine qu’il en va de même pour vous, mes Sœurs. Pourtant vous n’avez que peu de chances d’être un jour en couverture de Paris Match ou de l’Equipe… et même de la Croix… La gloire du monde ne vous intéresse pas, elle ne rend pas heureuse. Mais la gloire selon Dieu, c’est autre chose. Ça, ça rend heureux.

Alors on comprend mieux maintenant ces mots de Jésus dans l’Evangile de Jean. « Père, je t’ai glorifié sur la terre en accomplissant l’oeuvre que tu m’avais confiée. Toi, Père, glorifie-moi maintenant auprès de toi : donne-moi la GLOIRE que j’avais auprès de toi avant le commencement du monde. »

Cette gloire, c’est d’être auprès de Dieu, et de l’annoncer ici-bas sur la terre.

Le psaume le disait encore mieux, d’ailleurs : « J’ai demandé UNE chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie. »

Alors vous me direz, c’est facile pour les Sœurs : habiter la maison du Seigneur tous les jours de leur vie, c’est exactement ce qu’elles font, cloîtrées dans cette maison. Mais nous, alors ? Comment on fait pour habiter la maison du Seigneur tous les jours de notre vie ? On prend nos affaires, un sac de couchage, et on vient s’installer ici ce soir, et tous les soirs suivants ? Non, bien sûr.

La première lecture nous donnait une partie de la réponse : après le départ de Jésus au ciel, les premiers Chrétiens ont continué à se réunir, à participer fidèlement et d’un seul cœur à la prière. Facile, direz-vous. On peut faire pareil. …Facile ? Voyons-voir.

Nous nous sommes réunis ce matin. Nous participons ensemble à ce temps de prière. Deux des conseils sont réalisés. Reste le troisième : participons-nous d’un seul cœur ?

Là, il y a encore du travail. Et c’est pour cela que nous ne connaissons pas encore totalement la gloire de Dieu. Mais plus nous nous éloignons de la vaine gloire du monde, plus nous aurons un seul cœur et plus nous avancerons.

Et sur ce chemin, sur tous nos parcours de vie, nous savons bien que le Christ est toujours avec nous. Nous habitons tous la maison du Père car son Fils habite avec nous, dans tous nos lieux de vie.

Tandis que le monde nous siffle parfois, moque parfois les Chrétiens, alors que nous ne sommes pas vraiment toujours sur un tapis rouge, ils sont trois à nous applaudir sur nos chemins de vie : le Père, le Fils et l’Esprit. Trois seulement. Mais ces trois-là valent infiniment plus qu’une foule entière, je vous le garantis ! Et ils rendent HEUREUX !

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Carmel de Bayonne, France (64), dimanche 1er juin, 8.30

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