1917

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Photo DR : allocine

 

Film de guerre, drame historique de Sam Mendes

Avec George MacKay, Dean-Charles Chapman, Mark Strong

Sortie française le 15 janvier 2020

 

Plan-séquence

« 1917 » est d’abord un exploit technique. Sam Mendes, qui dédie le film à son grand-père qui portait des messages sur le champ de bataille en 14-18, a voulu que le spectateur soit complètement immergé dans les tranchées avec ses comédiens. La technique du « plan-séquence » (une seule prise, la plus longue possible, enchaînant scène sur scène) est déjà incroyablement compliquée en elle-même. Mais en extérieur, dans un environnement rendant l’éclairage artificiel quasi impossible et les nuages impérativement nécessaires, on s’émerveille et on se prend à chercher la coupure là où le réalisateur a pu stopper telle ou telle scène. Et l’ensemble prend des allures de chef d’oeuvre technique et artistique, jusqu’au superbe pont entre l’image du début et celle de la fin. Un immense coup de chapeau au réalisateur ainsi qu’à son chef opérateur, le célèbre Roger Deakins.

Film de guerre

Si vous n’appréciez pas le genre, passez votre chemin. « 1917 » est un film de guerre, c’est évident dès son titre. Il contient son lot d’images dures à ne pas mettre devant tous les yeux. Ceci dit, contrairement à la plupart des films guerriers, notamment au superbe « Il faut sauver le soldat Ryan » de Spielberg par exemple, auquel cette histoire peut être comparée puisqu’il s’y trouve aussi une histoire de frère à sauver, il y a sensiblement moins de coups de feu et de « boucherie ». L’ensemble du film – et son intérêt premier – est une incroyable course contre le temps, la plus discrète possible, dans le « no man’s land » d’abord puis en terrain ennemi. Seule la gigantesque fresque finale fait vibrer les haut-parleurs, le reste est étonnamment silencieux pour le genre, nappé d’une bande originale assez remarquable signée Thomas Newman.

En creux : l’espérance et la vie

Tout au long du film, et c’est là l’intérêt du regard chrétien posé sur cette oeuvre, l’espérance est un redoutable fil rouge. Jusque dans les mots de celui dont on attendrait un minimum de remerciement et qui se contentera de dire que « l’espoir, c’est dangereux ». Dangereux aux yeux de ceux qui n’ont qu’une chose en tête : obéir aux ordres et faire obéir leurs subordonnés. Mais pour ceux qui acceptent l’impossible, qui espèrent contre toute espérance, qui partent pour une mission qui semble perdue d’avance, bénis au tord-boyaux par un gradé désabusé, l’espérance donne des ailes. Et il faut des ailes à Blake (D.-C. Chapman) et davantage encore à Schofield (un G. MacKay oscarisable subito !) pour espérer mener à terme l’impossible mission qui leur a été confiée. Tom Cruise peut aller se rhabiller.

La vie se cache, au coeur de la guerre. Elle est présente ici, non seulement par les cerisiers en fleurs mais aussi humainement, superbement campée au coeur du film par l’une des seuls femmes du casting, et par une petite fille. Comme pour mieux montrer que dans l’enfer guerrier des hommes, la vie survit dans des corps et des coeurs féminins et enfantins. La tendresse qui se dégage de Claire Duburcq – alors qu’elle a bien peu de temps pour en faire montre – est comme une immense respiration au milieu d’une course que l’on vit en apnée.

Un lien personnel

Ayant eu un ancêtre revenu sain et sauf du Chemin des Dames (avril-octobre 1917), je suis sans doute plus particulièrement sensible à ce film placé dans un contexte historique et géographique tout proche (3e bataille d’Ypres – été-automne 1917).

Mais qui que nous soyons, la guerre ne doit jamais être oubliée par ceux qui ont la chance de vivre en paix, pour que cette paix perdure et se transmette aux générations futures.

A voir dans une salle de cinéma près de chez vous.

 

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