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Homélie pour la solennité de l’IMMACULEE CONCEPTION
Genèse 3,9-20 / Psaume 97 / Ephésiens 1,3-12 / Luc 1, 26-38
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
J’aimerais que vous fermiez les yeux quelques instants… allez-y, faites-moi confiance… fermez les yeux… Essayez maintenant d’imaginer la Vierge Marie comme on la représente souvent.
Un de ces tableaux éthérés, où Marie est en robe blanche et bleue, la tête légèrement inclinée, les mains sagement jointes, les pommettes roses, la peau d’un blanc laiteux, de beaux cheveux blonds et les yeux bleus.
Stop, arrêtez… rouvrez les yeux. Ce n’est pas Marie, ça… Ça n’est pas Marie, ça… C’est une usurpatrice qui a pris sa place dans tant d’imaginaires, sur tant de tableaux, sur tant de vitraux, de représentations diverses et variées… C’est encore souvent l’image de Marie qui nous vient en premier.
Mais ce n’est pas Marie, ça. Non.
Heureusement que Marie, la vraie, est douce et humble, sinon elle finirait par s’énerver, là-haut, à force de voir à quel point on la dénature, à quel point on veut figer son image comme si on voulait la mettre sous cloche ! D’ailleurs on en trouve, des vierges Maries sous verre !
Fermez à nouveau les yeux, chers Amis, quelques instants. Imaginez maintenant Marie telle qu’elle a dû être VRAIMENT. Une femme de Palestine, aux cheveux noirs, à la peau tannée, les joues plutôt terreuses que roses à force d’arpenter le désert, et de subir le vent de sable, tout comme sa tunique qui devait être plutôt blanc-beige, les mains plutôt usées, rugueuses plutôt que douces et fines, à force de travail…
Vous l’avez… ? Vous pouvez rouvrir les yeux, alors…
Qui est Marie ? La réponse n’est déjà pas toute simple.
Des traités entiers de théologie ont été écrits sur elle, très compliqués, sur son Immaculée Conception que nous célébrons aujourd’hui, sur son Assomption, sur la Visitation, sur le temps qu’elle a passé avec Jésus.
Des pages et des pages ont été rédigées pour expliquer ces dogmes inexplicables. Il y a des mystères qu’il faut avoir l’humilité de ne pas tenter d’expliquer, parfois.
Alors oui, il y a la Marie élevée si haut qu’on vous l’a volée, on l’a dérobée au peuple de Dieu pour la hisser sur un trône qu’elle n’a jamais voulu, qu’elle n’a jamais demandé.
Et puis il y a la vraie Marie. Et je suis heureux que dans notre église d’Evolène, elle soit représentée simplement en bois. C’était le travail de son fils, le travail du bois…
La vraie Marie, c’est une femme de Palestine. Une femme. Comme vous, Mesdames. Une vivante comme nous le disait la première lecture, puisque « Eve » signifie « la vivante » et que vous êtes toutes des filles d’Eve, des vivantes…
C’est une mère, qui plus est, Marie. Comme plusieurs d’entre vous, Mesdames. C’est une mère avec les mêmes soucis, les mêmes angoisses, les mêmes joies aussi, les mêmes colères. Une femme de Nazareth, avant tout.
Une pratiquante juive. On aurait parfois tendance à l’oublier. Marie était juive, pratiquante. Une pratiquante d’il y a 2000 ans. Et pas une déesse, elle n’a strictement rien de divin, l’Eglise l’a souvent rappelé, mais les siècles qui précèdent l’ont hissée tellement haut dans le ciel qu’on aurait tendance à l’oublier. Comme les saints et les bienheureux, nous prions le Christ avec son aide. Mais elle n’est pas divine.
Elle a reçu de nombreux titres au travers de l’histoire. L’Etoile de la Mer (Stella Maris), l’Immaculée Conception, la Mère de l’Eglise, la Reine du Ciel…
Je me demande parfois ce que doit penser la petite Marie, la jeune ado de Nazareth de tout ce dont on l’a affublée au cours des siècles. Ça doit l’intimider un peu.
Elle fut conçue sans péché – immaculée – c’est ce qui la rend différente de nous qui connaissons tous ce péché des origines, l’orgueil. Elle, non. C’est du moins notre Foi et ce que nous célébrons aujourd’hui. Mais pour le reste, Marie est une femme, comme vous Mesdames.
Mais une autre question, plus vertigineuse encore, n’en finit pas d’être posée. Qui est Marie pour chacune et chacun de nous ?
Si je vous posais la question individuellement, je suis bien certain qu’il y aurait énormément de réponses très différentes, très variées.
Nous avons chacun notre petite Marie à nous, tellement ce personnage est intime dans notre prière. Comme l’est une Maman, d’ailleurs.
Fermez les yeux une dernière fois, Chers Amis…
Et laissez venir Marie, la vôtre. Celle que vous connaissez, celle que vous priez, celle du chapelet qui est dans votre poche. Votre Marie à vous, quelle que soit son image, qu’elle ait les cheveux blonds ou noirs, peu importe… Votre Marie à vous, laissez-la venir dans votre esprit.
Et tandis que vous rouvrez les yeux, je voudrais offrir à Marie, puisque c’est sa fête, toutes ces images d’elle que vous venez de faire surgir, de concevoir à l’instant dans vos esprits.
Il y a autant de visages de Marie qu’il y a de Chrétiens, finalement. Nous avons chacune et chacun notre petite Marie à nous.
Et je voudrais vous offrir, pour terminer, ce « je vous salue » un peu particulier écrit pour ce jour par l’un de mes amis, qui a lui aussi sa vision à lui de Marie :
« Je vous salue, Marie, pleine d’humanité. Le Seigneur est avec vous comme il est avec nous tous. Vous êtes bénie, comme toutes les femmes, et Jésus, le cadeau que vous nous avez donné, est béni. Vous êtes Sainte, Marie, parce que vous êtes humaine. Mère de Dieu comme nous sommes tous appelés à l’être. Vous qui avez sûrement prié, espéré, hurlé, chanté, alors hurlez pour nous, qui sommes humains comme vous, chantez comme nous si vous nous entendez, maintenant et à l’heure de notre rencontre avec ce Dieu que nous prions avec vous. Amen. »
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Evolène, 8 décembre 2018, 10.00
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