Etes-vous des Saints ?

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Homélie pour la Solennité de Tous les Saints

Apocalypse 7,2 – 14  /  Psaume 23  /  1Jean 3,1 – 3 / Matthieu 5, 1-12a

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

 

Etes-vous des Saintes et des Saints ? … Ah… je vois que vous n’en êtes pas convaincus…

A cette question vous ne pouvez répondre ni oui ni non.

Vous ne pouvez pas répondre « oui », même si vous êtes des gens extraordinaires, vous ne pouvez pas répondre « oui, je suis un saint, ou je suis une sainte », d’abord parce que ce serait quand même un peu gonflé – pardonnez-moi de vous le dire ! – mais ensuite parce que, vous le savez, une sainte, un saint n’est reconnu comme tel que longtemps après sa mort. Or, à vous voir, vous êtes bien vivants.

Mais vous ne pouvez pas répondre « non », non plus, à cette question « êtes-vous des saints ? » parce que vous n’en savez rien. Vous êtes peut-être déjà un saint ou une sainte sans le savoir.

Alors là je vous entends penser, certains : impossible, pas moi ! Non, moi je ne suis pas parfait, je ne suis pas parfaite. D’ailleurs personne n’est parfait. C’est vrai, personne n’est parfait sinon Dieu.

…Mais alors… si personne n’est parfait sinon Dieu… cela vient bien nous confirmer que les saintes et les saints ne sont pas des gens parfaits… puisqu’ils ne sont pas Dieu.

Et c’est l’erreur qu’on commet trop souvent, de penser que les saintes et les saints sont des gens parfaits.

Il faut le redire autour de nous, ça ! Une sainte n’est pas une femme parfaite, un saint n’est un homme parfait. En aucun cas. D’ailleurs l’Eglise n’a jamais écrit cela, jamais.

Et pour cause ! Puisque l’Eglise nous appelle TOUS, vous et moi, à la sainteté. TOUS ! Or vous n’êtes pas parfaits… ? Moi non plus !

Ah non, moi, si les critères de sainteté étaient relatifs au caractère, j’aurais aucune chance… Avec le foutu caractère que je me trimbale, aucune chance d’être canonisé un jour, alors zéro ! Si c’était ça, le critère…

Je vois bien les futurs paroissiens d’Evolène, dans un siècle, si par hasard un jour Rome ouvrait mon procès en béatification, je les vois bien aller trouver le Vatican et leur dire : « Mais vous êtes cinglés ?! Ça va pas ou quoi ?? Vous savez qui c’était, le curé Vincent ? Vous êtes complètement fous, il est pas saint, ce gars-là ! Vous savez ce qu’il balançait à l’église dans ses homélies ? Vous savez ce qu’il balançait dans des réunions, à la cure ? Vous savez ce qu’il balançait dans la rue ? Ah mais moi j’ai encore des phrases en travers de la gorge, hein ! Mais des choses pareilles !! »

Eh oui, on pourrait dire ça ! Et pourtant, tout comme vous, j’ai vocation à la sainteté.

Il se trouve que, parmi les plus grands saints, il y a des gens qui avaient un foutu caractère, il y avait de très grands pécheurs.

Prenez le plus connu de tous les saints, Pierre.

On ne peut pas dire que Pierre n’était pas un saint, c’est un des premiers de la liste, un des plus importants ! Mais enfin, c’est quand même celui qui a renié trois fois le Christ, hein…

Il n’y a pas beaucoup de péchés plus grands que celui-là, entre nous soit dit. Et lui, il l’a fait trois fois… Et il est saint !

La sainteté, ce n’est pas du tout être parfait dans toute sa vie : c’est impossible. Etre déclaré saint par l’Eglise, c’est l’Eglise qui, un jour, dit de vous : « Cette personne a fait quelque chose de remarquable dans sa vie, et on peut prendre exemple sur elle. »

C’est rien d’autre que ça, une sainte ou un saint: un exemple. Et ça ne veut pas dire que cette personne n’a pas fait d’autres choses un peu moins louables dans sa vie.

La petite Thérèse, le Curé d’Ars, Saint François d’Assise, Sainte Claire, Saint Dominique, Saint Thomas d’Aquin, avaient tous des défauts. Et de grands, pour certains d’entre eux.

Eux et tous ceux que nous chanterons tout à l’heure dans la litanie des saints. Ils avaient tous des défauts. Tant mieux, d’ailleurs ! Ils sont humains, comme vous, comme moi. Et c’est pour ça que nous aussi, nous sommes appelés à les suivre.

C’est la deuxième lecture qui le disait : « Dès maintenant nous sommes enfants de Dieu », ça nous le savons : puisque nous l’appelons « Notre Père » c’est bien que nous sommes ses enfants. « Mais ce que nous serons plus tard n’est pas encore manifesté. »

Parce que ce que nous serons plus tard c’est… des saintes, des saints.

Nous sommes tous appelés à la sainteté, y compris si on dit du mal de nous. Ce serait même plutôt bon signe, figurez-vous. Si on dit du mal de vous à cause du fait que vous êtes croyants, que vous êtes ici à la messe ce matin, que vous portez une croix, que vous affichez votre foi, eh bien c’est bon signe, c’est l’Evangile qui nous le rappelait. Alors ça nous fait une belle jambe, hein, faut reconnaître.

Mais c’est plutôt bon signe. L’Evangile nous le disait : « Heureux êtes-vous si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous à cause de moi heureux êtes-vous… Bienheureux êtes-vous… »

…Et bienheureux, c’est l’étape qui précède la sainteté.

Ça, c’est déjà une bonne nouvelle, mais il y en a une deuxième que nous avons entendue dans les textes d’aujourd’hui… : nous sommes tous appelés à être sauvés.

Ça, c’est la première lecture qui nous le disait, le livre de l’Apocalypse.

Et pour le comprendre, il faut quelques clés, parce que l’Apocalypse, c’est un texte codé, qui parle en images, en chiffres. Et si on n’a pas les clés, on peut avoir de la peine à comprendre… Je vais vous en donner une.

L’Apocalypse, que nous a lue Gisèle, nous disait que le nombre des personnes sauvées est de 144’000.

Vous avez certainement déjà reçu chez vous les Témoins de Jéhovah ? Cette secte qui se balade dans nos villages de temps en temps… et qui, parmi les questions qu’elle nous pose, nous dit souvent : « Est-ce que vous ferez partie des élus ? Des 144’000 qui seront sauvés ? ».

Je leur réponds toujours : « Oui, oui ! J’en fait partie, vous aussi d’ailleurs ! »

Parce que 144’000, dans la Bible, c’est un nombre codé. C’est 12 fois 12 fois 1000. [à un paroissien :] Jusque là on est d’accord, hein Gilbert ? …12 fois 12 fois 1’000…

12, dans la Bible, c’est l’ensemble des tribus d’Israël. Et Israël, ça n’a rien à voir avec le pays d’aujourd’hui, Yisraël en hébreu, ça veut dire le peuple de Dieu. Donc c’est vous, aussi, hein !

12, c’est donc l’ensemble des enfants de Dieu sur toute la planète. Mais il est multiplié : 12 FOIS 12. Quand on multiplie dans la Bible, comme d’ailleurs dans la vie quand on se multiplie, ça veut dire qu’on prend en compte tous nos descendants.

L’ensemble des croyants multiplié par tous leurs descendants, ça fait du monde, déjà, hein ! Là, même Gilbert n’est plus capable de calculer !

Seulement on ajoute « fois 1000 » ! Et dans la Bible, 1000, ça veut « ce qu’on n’arrive pas à compter, la multitude tellement grande qu’on n’arrive pas à la compter… »

L’ensemble des personnes sauvées, c’est… 12, l’ensemble des croyants, fois 12, multiplié par tous leurs descendants, fois 1’000 multiplié à l’infini !

Dieu veut TOUS nous sauver. Et ça c’est une sacrée bonne nouvelle aussi, non ?!

Vous pourrez le redire aux Témoins de Jéovah s’ils repassent chez vous… C’est bien de lire la Bible, mais il faut aussi lire les petites notes en bas de page, c’est utile pour comprendre…

Le nombre des sauvés, c’est l’ensemble des enfants de Dieu sur toute la planète, tous leurs descendants, et le tout multiplié à l’infini ! ça fait du monde, hein ! C’est ça, la grande foule dont parlait l’Apocalypse tout à l’heure… Dieu veut tous nous sauver, tous !

Et c’est pour ça que l’auteur de la lettre de Saint Jean, la deuxième lecture disait : « Voyez comment nous aime le Père, quel grand amour il nous a donné pour qu’on soit appelés enfants de Dieu » – et nous le sommes tous.

Et Saint Jean continuait en disant « quiconque espère en Lui ainsi se rend pur comme lui-même est pur… » Il n’y a pas besoin de grand-chose pour être sauvé. Il faut espérer, croire. C’est votre cas puisque vous êtes là ce matin !

Alors, Chers Amis, aidons-nous les uns les autres sur le chemin de la sainteté, parce que nous y avons tous notre place, Dieu veut tous nous sauver.

Et pensons-y tout spécialement en cette Fête de Tous les Saints. Pensons que chaque personne dont nous croiserons le visage aujourd’hui est elle aussi appelée à la sainteté.

Et que nous pouvons l’aider en suivant nous aussi ce même chemin.

Pensons-y… « Hâtons-nous », comme le disait le bienheureux Maurice Tornay, le chanoine du St Bernard, quand il écrivait à sa sœur, il disait : « Hâtons-nous, ma sœur, à notre âge, beaucoup étaient déjà des saints ! »

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Aigle, vendredi 1er novembre 2019, 18.00

Evolène, jeudi 1er novembre 2018, 10.00 (version enregistrée)

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