Estelle et Jérémie – Homélie de Mariage

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Homélie pour le

Mariage d’Estelle et Jérémie

Ct 2,8-10.14-16a; 8,6-7a – Ps 148 – Mt 7,21.24-25

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Quand on est dessinateur en bâtiment, Cher Jérémie, il vaut mieux dessiner du solide. Et c’est ce qu’il fait !

Par conséquent mieux vaut s’inquiéter aussi de savoir sur quel sol notre bâtiment va reposer, bien sûr.

Si c’est du sable, pas certain que ça tienne bien longtemps, cette affaire ! Au premier été un peu pourri – je dis ça sans aucune allusion quelconque, hein ! – le bâtiment s’écroulera comme un château de cartes.

Quand on construit sur du solide, sur du roc, alors là par contre il y a de fortes chances que ça tienne et que le bâtiment survive à toutes sortes de tempêtes, prévisibles ou non.

C’est ce que nous disait Jésus dans L’Evangile, que vous avez choisi de nous faire partager, qu’on vient de réentendre. Jésus qui ne connaissait pas, pourtant, ce merveilleux dessinateur en bâtiment qu’est Jérémie.

Mais Jésus parlait-il vraiment de bâtiments ? Pas sûr.

D’abord, vous n’avez pas entendu le mot « bâtiment » dans ce texte, mais bien le mot « maison ». Vous me direz : « Oui, mais enfin, bon… une maison, c’est un bâtiment ! »

Oui, mais Jésus parlait hébreu, vous le savez bien. Or l’hébreu, c’est une langue qui ne fonctionne pas du tout par concepts comme nos langues à nous, notamment en Europe. L’hébreu, c’est une langue qui utilise des images.

Et par exemple, en hébreu, il n’y a pas de mot pour dire « famille »… Le mot « famille » n’existe pas en hébreu. On utilise une image pour dire la famille : la famille, c’est l’ensemble de celles et ceux qui habitent sous un même toit dans l’esprit hébraïque. Et donc, pour dire « famille » dans la langue de Jésus, on utilise – figurez-vous – le mot… « maison ».

Alors évidemment ça offre une lecture de notre Evangile beaucoup plus large. Celui qui construit sa maison sur du solide c’est celui qui construit sa famille sur du solide. Les tempêtes de la vie pourront souffler, sa famille restera ancrée sur ses bases, unie.

Et c’est sur du solide que vous construisez votre famille, Estelle et Jérémie. Je ne parle pas seulement du terrain sur lequel vous logez et qui est déjà du solide ! Je parle de vos valeurs : la confiance, la fidélité – pas seulement à l’autre, la fidélité à soi-même aussi et à Dieu, puisque vous êtes venus lui confier votre amour ici, aujourd’hui. La complicité, l’humour…

Humour et amour sont deux mots qui riment et ce n’est pas un hasard, je crois ! Il faut de l’humour pour que l’amour dure, bien souvent. De l’humour face à soi-même d’abord, de fait, et face aux petits défauts de l’autre aussi, qui – celles et ceux qui sont jeunes depuis plus longtemps que les autres ici vous le diront – ces petits défauts qui ne vont jamais en disparaissant avec le temps plutôt en augmentant, en général…

Vous construisez sur du solide et cela vous protège des tempêtes de l’existence. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Jésus. C’est donc du solide.

Or des tempêtes, il y en aura. Il y en a déjà eu. Pensons au CoVid par exemple. C’est le 11 juillet de l’an dernier que nous étions censés nous rassembler ici… et c’est depuis le 14 octobre 2019 que vous me supportez pour préparer ce mariage.

Vous auriez pu laisser tomber. D’ailleurs je connais des couples ont laissé tomber, qui ont repoussé leur cérémonie religieuse à quand ce serait le moment, quand tout ça sera terminé, autant dire quand les poules auront des dents !

Vous avez persévéré : « Non, on y arrivera, on va le célébrer, ce mariage ! » Et on est là, aujourd’hui.

Persévérer, c’est essentiel, dans la vie.

À la SUVA, même si Estelle ne voit pas forcément les progrès des patients au jour le jour aussi bien qu’un médecin ou qu’un physio, à la SUVA si on laisse tomber on ne remarche plus, ou on reste paralysé. Je peux vous le dire, j’en sais quelque chose je suis passé par là. Les tempêtes de nos vies nous offrent quantité de moments où l’on est tenté de laisser tout tomber.

Mais si l’on persévère… et si l’on persévère avec Dieu, alors il y a de fortes chances pour que ce qui nous paraissait impossible au départ se réalise !

Et quand on bâtit sur du solide, jusqu’à l’intérieur de nous-mêmes, et la Foi c’est ça, c’est du béton armé quand on a eu la chance de la recevoir dans notre famille, quand on la cultive, quand on la transmet à notre tour, quand on bâtit comme vous deux sur des valeurs solides, alors toutes les tempêtes de l’existence peuvent s’abattre sur nous sans que rien ne s’effondre jamais.

Mais je vous souhaite bien sûr plutôt du beau temps, comme aujourd’hui, au lieu des tempêtes. Je vous souhaite des paysages magnifiques au cours de votre vie, une nature préservée, comme celle que nous contemplons au cœur de ces montagnes que vous aimez tant et que la première lecture que nous a partagée Noé – le Cantique des Cantiques, nous décrivait si bien.

Puissiez-vous avoir toute la douceur, toute la tendresse qui se trouvent dans ce texte… la douceur du bien-aimé, la tendresse de la bien-aimée pour que votre amour, flamme divine, ne soit jamais emporté ni par les torrents ni par quoi que ce soit d’autre !

Que cet Amour, aussi fort que la mort, comme le disait aussi le texte, dure jusqu’à la mort.

Ainsi vous pourrez louer le Seigneur toute votre vie, comme nous l’avons si bien si bien entendu dans le psaume.

Longue vie à tous les deux, Estelle et Jérémie !

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Notre-Dame de Crêta-d’Asse, l’Aprily (Crans-Montana, VS)

Samedi 21 août 2021

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