Dieu fait de l’immense avec nos petitesses

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Photo DR : MrKuro

 

Homélie pour le 11e dimanche TO, année B

 

Ezékiel 17,22-24 / Psaume 91  /  2Corinthiens 5,6-10 / Marc 4,26-34

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

 

Plusieurs d’entre vous le savent, mercredi passé était une fête importante pour moi. Voilà 8 ans exactement, le 13 juin 2010, le Seigneur faisait de moi un prêtre, un de ses serviteurs. Et aujourd’hui tout particulièrement je le remercie de ce qu’il a fait de moi.

 

Et j’ai une pensée émue pour tous nos séminaristes actuellement en formation. Je vous demande de prendre tout spécialement dans votre prière, ils en ont besoin.

 

Le parcours sur lequel ils cheminent, certains en toute dernière année, ce parcours je le connais bien. Il commence par ce qu’on appelle l’année de discernement, d’abord, où l’on réfléchit, où l’on passe au crible notre vocation. Est-ce celle de prêtre ? Est-ce à cela que je suis appelé ? Ou est-ce une autre vocation, suis-je appelé à autre chose ? A être père de famille, c’est une vocation, par exemple.

 

Et là je vous demande aussi d’avoir une pensée particulière pour ceux qui discernent que non, ce n’est pas au sacerdoce qu’ils sont appelés.

 

C’est parfois très difficile de sortir du séminaire. Ils sont parfois stigmatisés lorsqu’ils décident de quitter cette maison, que ce soit pour se marier ou pour d’autres raisons.

 

Et ce qui m’a frappé, pendant mon temps au séminaire, c’est qu’à chaque fois que quelqu’un sortait, nous faisions la fête… mais nous faisions la fête avec lui ! Nous faisions la fête parce qu’il avait discerné, parce qu’il avait trouvé sa vocation, ou du moins trouvé ce qu’elle n’était pas.

 

Et c’est important, dans une vie, de trouver aussi ce à quoi l’on n’est pas appelé. Ça libère !

 

Ça libère d’un certain nombre de questions : lorsqu’on se marie, on discerne qu’on n’est pas appelé à vivre avec toutes les autres personnes.  On en a choisi une, et ça libère de toutes les autres. C’est le même principe.

 

Quoi que l’on discerne, quoi que l’on décide, dans une vie, c’est une fête lorsqu’on a décidé. Parce qu’alors on sait que Dieu nous accompagne – et c’est cela, le plus important à découvrir dans toute vocation, que ce soit celle d’épouse, d’époux, de prêtre, de religieuse, ou d’autres encore. – On n’est plus jamais seul dans les problèmes qui surgiront, et ils surgissent toujours dans toute existence.

 

Mais le plus étonnant… le plus étonnant reste que, quel que soit notre appel, on a d’abord l’impression d’être beaucoup trop petit, pas du tout préparé.

 

Et je suis sûr que les époux et les épouses parmi vous ont également ressenti cela à la veille de leur mariage, ou quelques temps avant. Ils se sont dit : « Mais… est-ce que c’est bien lui ? Est-ce que c’est bien elle ? Je vais m’attacher à cette personne toute ma vie, suis-je prêt à cela ? »

 

Parfois c’est la veille du mariage qu’on se pose ces questions, et c’est humain, c’est normal. Avant n’importe quel engagement, avant la prise d’un travail, d’une nouvelle fonction…

 

Et pour nous, c’est la même chose ! Au début de notre vocation, on a tendance à dire à Dieu : « Mais… moi ? Prêtre ? Mais je ne suis pas du tout fait pour ça ! Choisis quelqu’un d’autre, il y sûrement mieux ! Moi je suis trop petit, dans ma connaissance théologique, dans ma foi, dans ma vie de prière… c’est trop petit, il y a des gens qui sont meilleurs que moi ! »

 

Et toute la Bible nous montre que c’est normal. Les plus grandes vocations commencent par des doutes… Les plus grands prophètes ont commencé par hésiter, et même certains par refuser leur vocation.

 

Mais quand on lit la suite, alors on est émerveillés de savoir que Dieu est capable de faire de grandes choses avec nos petites personnes.

 

Et les lectures d’aujourd’hui nous montraient cela.

 

Dans la première, le livre du prophète Ezékiel, Dieu dit qu’il fera surgir une toute petite pousse, à la cime du plus grand cèdre… la plus petite à la cime du plus grand arbre… Celle qui, normalement, devrait être balayée par le vent… eh bien c’est celle-là, cette improbable petite pousse qui créera un arbre extraordinaire.

 

L’Evangile est encore plus explicite. Jésus nous parle – vous l’avez entendu – de la graine de moutarde…

 

Si vous avez de la moutarde en grains chez vous, regardez la taille d’une graine de moutarde, c’est minuscule ! Et pourtant… elle devient la plus grande plante du potager, nous le savons bien si nous cultivons un peu la terre…

 

C’est l’image que Jésus prend pour dire que Dieu est capable de faire de l’immense avec nos insignifiances.

 

On ne sait pas comment ça se passe, même si aujourd’hui on connaît le processus de germination, bien sûr.

 

Mais c’est le mystère de Dieu de savoir que telle graine germera et que telle autre non, alors qu’on les a semées toutes les deux !

 

C’est l’histoire des grands-parents qui disent : « Je ne comprends pas, mes petits-enfants ne vont pas à la messe… » Et je leur dis toujours : « Mais… vous avez semé ! Dieu ne vous a pas demandé autre chose ! »

 

Il ne s’agit pas de tirer sur les brins d’herbe pour qu’ils poussent… On a semé… Et parfois ça met du temps à sortir ! Parfois les grands-parents voient la foi de leurs enfants ou de leurs petits-enfants, et parfois pas. Et parfois elle survient plus tard, après… C’est le mystère de Dieu.

 

Posons-nous la question, chers Amis… Quels sont nos grains de blé, à nous ? Qu’est-ce qui grandit en nous parfois à notre insu, voulu par Dieu ?

 

Si nous regardons en arrière, dans notre vie : qu’est-ce qui nous semblait insignifiant et qui est devenu important, alors qu’on n’y aurait jamais cru ? Regardons en arrière dans notre vie, discernons, repérons l’action de Dieu.

 

La deuxième lettre de Paul aux Corinthiens, notre deuxième lecture nous rappelait aussi de garder espoir.

 

Quelle que soit la petite graine que nous avons semée, et qui – en apparence – ne pousse pas, gardons espoir ! Quelles que soient nos insignifiances, gardons espoir, Dieu est capable d’en faire des choses immenses !

 

Et le psaume nous rassurait, en affirmant que, même dans notre vieillesse, même quand semble décliner notre vigueur, Dieu est capable de nous faire encore porter du fruit, de nous faire encore réaliser de grandes choses.

 

Vous vous croyez petits ? Tant mieux ! C’est avec les plus petits que Dieu fait de très grandes choses !

 

 

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Evolène, dimanche 17 juin 2018, 9.00 (version enregistrée)

Hérémence, dimanche 17 juin 2018, 10.30

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