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Homélie pour la Solennité de l’Assomption
Apocalypse 11,19a; 12,1-6a.10ab / Psaume 44 / 1Corinthiens 15,20-27a / Luc 1, 39-56
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
Vous qui habitez la région, vous qui êtes de passage chez nous, peut-être suivez-vous les informations à la télévision, dans les journaux, peut-être avez-vous vu les images de cet orage très impressionnant qui s’est abattu sur la Suisse Romande jeudi soir ? On en a eu quelques restes dans la région mais c’est surtout sur Genève qu’on a vu des arbres déracinés en pleine ville… c’était impressionnant !
Le tronc d’un arbre, habituellement, c’est du solide… Mais quand la force en vient à le déraciner, c’est que même ses puissantes racines n’étaient plus assez solides, plus assez ancrées dans le sol.
Et dans la nature comme dans nos vies, l’absence de racines ou la faiblesse de celles-ci peut s’avérer dramatique.
Tout comme pour les arbres, nos racines à nous sont des stabilisateurs dans nos vies. Elles empêchent les glissements de terrain ou le déracinement des arbres. D’où l’importance de savoir où elles sont, et d’en prendre soin, de ces racines.
A commencer par nos racines spirituelles. Nos racines chrétiennes, ici, notamment, en Suisse.
La croix blanche sur le drapeau rouge, ce n’est pas la croix rouge inversée, hein ! Ah non, c’est la croix chrétienne, je vous le signale au passage, si vous l’ignoriez encore… C’est le signe des racines chrétiennes qu’ont voulues inscrire nos fondateurs il y a 729 ans maintenant – ça fait un bail – et ils ont voulu inscrire cela jusque sur notre drapeau.
C’est important, les drapeaux, vous savez. Et en général, ils ont une histoire… La connaître, c’est connaître nos racines…
Petite conversation entendue dans un train, en France, il y a quelques années de cela, entre deux jeunes qui étaient assis non loin de moi :
- Au fait, y a combien d’étoiles sur le drapeau européen, tu sais, toi ?
- .. douze, je crois. Bah… il y en a autant que de pays de l’union européenne, non ?
- Ouais mais attends, les pays de l’union, ils sont plus que douze. On est combien maintenant ? Vingt-sept, non ?
- Ah ouais, t’as raison. Y a 27 étoiles alors ?
- Ben non, je ne crois pas. Il me semble bien qu’il y en a douze.
- Oui mais alors pourquoi douze ?
- Bah sûrement parce que c’est joli… Ou alors comme un cadran de montre, il y a douze séparations aussi.
- Ah ouais, peut-être…
Vous, Chers Amis, vous venez de ré-entendre dans la première lecture le texte de l’Apocalypse, qui parle d’une femme couronnée de douze étoiles. Alors forcément, ça vous fait « tilt ». Enfin j’espère que ça vous fait tilt !
Mais ce n’est pas le cas des deux jeunes voyageurs qui étaient dans le même wagon que moi et dont j’avais surpris la conversation.
Et ils ont eu la mauvaise idée d’aller vérifier sur Internet…
Attention à Internet, chers Amis ! Il y a le meilleur comme le pire, hein ! Mais c’est loin d’être une source fiable ! C’est même l’un des lieux favoris de ceux qui veulent vous déraciner, vous priver du vrai sens de votre histoire, notamment quand ça les arrange.
Parce que là, si vous allez regarder sur Internet l’origine du drapeau européen, vous allez avoir une surprise.
Vous allez sur le site officiel de l’Union Européenne, et on vous dit ceci, je cite :
« Le cercle d’étoiles dorées représente la solidarité et l’harmonie entre les peuples. »
…C’est beau. Mais c’est pas ça du tout !
Là, l’arbre le plus solide, le plus imposant, il est à terre, voyez ! Il n’a plus de racines ! Et il y a de plus en plus de gens, y compris dans les publications les plus officielles, qui peu à peu nous déracinent.
Les douze étoiles du drapeau européen, j’espère que je ne vous l’apprends pas, viennent d’abord du texte de l’Apocalypse que nous avons lu en première lecture ce soir. La femme vêtue de soleil, reine du ciel – d’où la couleur bleue – et couronnée de douze étoiles, c’est la femme de l’Apocalypse.
Et si vous allez voir l’histoire du drapeau européen dans des publications un peu plus sérieuses, vous verrez que ses fondateurs voulaient montrer les racines chrétiennes de l’Europe, mais tous les drapeaux à croix qu’ils ont proposés ont été refusés. Par un des membres.
Du coup, on a eu l’idée des étoiles, un peu plus neutres. Il y en avait d’abord quinze, parce qu’on pensait en mettre autant que d’Etats-membres.
Sur ce coup-là mes deux jeunes n’étaient pas tout à fait en tort.
Et puis on est revenu à douze sous l’impulsion de Arsène Heitz, celui qui a dessiné le drapeau.
Et il avouera plus tard qu’il y avait bien un lien avec Marie, avec ce texte parlant de la Reine du Ciel, la femme aux douze étoiles de l’Apocalypse. Un symbole biblique, donc chrétien, mais un symbole relatif à Marie. Et il l’a voulu ainsi.
Parce que Marie, on la trouve aussi dans le Coran et bien sûr Marie était juive tout comme son fils Jésus. Beau symbole de paix entre les religions qu’a voulu le fondateur de ce drapeau. La couleur s’imposait d’elle-même pour la Reine du Ciel, le bleu.
Eh oui…
…Ah l’importance de connaître ses racines, voyez-vous…
Je vous rassure, on n’est pas mieux, nous, les Catholiques. On connaît souvent très très mal nos racines. Enfin vous, je ne sais pas, mais moi j’en apprends tous les jours.
La Bible, par exemple.
Parce que nous, on est persuadés que la femme de l’Apocalypse, avec son vêtement de soleil, la Lune sous les pieds et les douze étoiles sur la tête, c’est Marie. Vous êtes d’accord ?
D’ailleurs pourquoi prendrait-on ce texte au jour de l’Assomption, sa fête, s’il ne s’agissait pas de Marie ?
Du coup, la plupart de nos statues de Marie, ont douze étoiles au-dessus de sa tête, et une lune sous les pieds. On en a même fait de très belles hymnes. On aura l’occasion d’en chanter une tout à l’heure.
Seulement il n’est dit nulle part dans l’Apocalypse que cette mystérieuse femme est Marie.
Et dans les textes d’aujourd’hui, UN SEUL parle explicitement de Marie, c’est l’Evangile de Luc qui nous raconte sa visite à Elisabeth, alors qu’elle est enceinte, et son merveilleux Magnificat.
Alors vous allez me dire : oui, mais si on lit ces textes le 15 août, ce n’est pas pour rien !
Et pour bien comprendre ce que nous fêtons chaque année à cette date, il faudrait reprendre TOUS les textes mais dans l’ordre inverse.
Vous allez voir la subtilité du choix des textes de cette fête que vous avez entendus.
L’Evangile de Luc, d’abord, qui parle d’une femme enceinte, dont on sait qu’elle va enfanter Jésus, le Messie.
La seconde lecture, Paul, qui nous disait que ce Christ, ensuite, est mort pour être le premier des ressuscités, parce que le dernier ennemi que détruira le Christ, c’est la mort elle-même. Un jour, avec lui, nous serons tous ressuscités.
Et puis le psaume, qui nous parlait d’une femme qui se prosterne devant son Seigneur, une fille qui devient une femme en gloire.
Et avec tout cela, on a l’évocation symbolique du parcours terrestre de Marie et de Jésus : la naissance de Jésus, sa mort, sa résurrection, et la fin de la vie terrestre de Marie avec son Assomption, c’est-à-dire son entrée dans la gloire du ciel, elle qui est la première des ressuscités.
Et puis alors on revient à l’Apocalypse, en dernier. C’est d’ailleurs le dernier livre de nos Bibles, ce n’est certainement pas pour rien.
Et on découvre cette femme vêtue de soleil.
Le psaume nous parlait déjà d’une femme vêtue d’étoffes d’or, d’ailleurs. Et vous savez ce que l’on dit d’une femme enceinte: « Tu rayonnes ! » « Tu es lumineuse, rayonnante ! ».
Or justement, la femme de l’Apocalypse est enceinte. Elle enfante un Fils, le Berger de toutes les nations. Et puis l’enfant est enlevé auprès de Dieu et de son trône, et la femme s’enfuit au désert. Difficile de ne pas y voir l’histoire de Marie et de Jésus, bien sûr. Mais ce n’est pas dit.
Et on peut aller un peu plus loin. Car la femme de l’Apocalypse, même si elle ressemble à Marie, peut aussi être vue comme l’image de notre Humanité tout entière, qui enfante le Fils de l’Homme. L’image de notre humanité que Dieu a épousée dans son Eglise, l’image de l’Epouse.
Celle qui enfante le Fils de l’Homme.
Et la venue du Fils de l’Homme, ce n’est pas la naissance du Christ à Bethléem, c’est son retour parmi nous, c’est sa deuxième naissance.
La naissance du Fils de l’Homme, c’est le moment où tous les habitants du monde, vous comme moi, nous deviendrons réellement humains.
Sous-entendu : on ne l’est peut-être pas tout à fait complètement encore… Il y a encore du boulot !
La naissance du Fils de l’Homme, c’est la naissance de l’Humanité, le jour où nous renaîtrons tous au ciel, le jour de la Résurrection.
Le 15 août, nous célébrons une naissance, chers Amis. Celle de Marie au Ciel, la première en chemin, la première de cordée de notre humanité.
Et nous célébrons l’annonce de cette même naissance pour nous, l’annonce de notre future naissance au ciel, l’annonce de notre vie éternelle.
Nous sommes en chemin. Nous sommes, sur ce chemin, en marche vers notre naissance en gloire, vers notre Résurrection.
Quand je dis que nous sommes en marche, n’y voyez aucune allusion politique si vous venez de notre grand voisin français… ! Pas de cela ici !
Sur ce chemin, Chers Amis, et terminons avec cela, les arbres sont importants.
Les gens qui ont fait des pèlerinages le savent bien. Les arbres nous guident de loin, ils nous offrent l’ombre bienfaisante, l’abri contre la pluie.
Leurs racines les font tenir debout, très solidement. Les arbres sont importants sur notre chemin vers le ciel.
Ne laissons pas notre paresse intellectuelle nous priver de nos racines spirituelles, chers Amis. Elles sont tout aussi essentielles sur notre chemin vers le Ciel.
Ne laissons pas quelques scribouillards sur Internet nous faire oublier nos racines chrétiennes ! Quand on n’a plus de racines, on s’écroule à la première tempête.
Mais quand on les cultive, ces racines, on peut tenir même au milieu de la tempête. Et finir par vaincre la mort, comme Marie, et parvenir au ciel.
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Les Diablerets, samedi 15 août 2020, 18.00
Pralong Hermine
Il y a 31 ans en ce jour je pleurais la mort de maman, elle était morte dans mes bras pendant que je lui fesais sa toilette du matin. Mais après coup, j’ai remercié Dieu , en lui disant merci d’accueillir maman auprès de Lui. Elle avait souffert tant d’années que c’était une délivrance pour elle comme pour nous. J’ai beaucoup prié aujourd’hui pour qu’elle et la Vierge m’aide à continuer la tâche ingrate qu’est la mienne, comme elle l’avait été pendant 7 ans avec elle. Voilà que maintenant je vais une fois encore demander leurs aides dans la vie que je mène actuellement. MERCI Vincent , je sais où sont mes racines.