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Homélie pour le 1er dimanche de l’Avent A
Thème interparoissial : La nuit est bientôt finie !
Isaïe 2,1-5 / Psaume 121 / Romains 13, 11-14a / Matthieu 24, 37-44
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
La nuit est bientôt finie ! C’est donc le thème que nous proposent nos six paroisses pour ce premier dimanche de l’Avent. La nuit est bientôt finie…
Pour ce qui est de la nuit des jours les plus courts de l’année… effectivement ça va finir par rallonger !
Mais pour ce qui est de la nuit des choses qu’on ne connaît pas encore… alors là, on a encore du boulot !
C’est vrai, plus on avance, plus la somme des choses qu’on ne connaît pas semble s’agrandir.
Quand on est jeune, on a l’impression de tout savoir… et plus on avance en âge, plus on a l’impression qu’on ne sait rien, qu’on a tellement de choses encore à apprendre…
Et c’est pareil pour les scientifiques ! Plus on découvre de nouvelles choses et plus la sommes des choses qu’on ne connaît pas semble s’agrandir…
Plus on découvre les galaxies qui nous entourent et plus leur nombre semble augmenter à l’infini. La science est loin de tout connaître !
Et vous avez peut-être remarqué, Chers Amis, qu’avec toute notre science, avec toute notre précision, nos super-ordinateurs, nous sommes toujours parfaitement incapables de prévoir avec précision deux choses : le tout début de notre vie et la toute fin de notre vie…
C’est vrai ! Impossible à un gynécologue – même le meilleur ! – de dire à une femme enceinte quel jour et à quelle heure elle accouchera précisément. Personne ne peut le savoir. Bien sûr, il y a un terme à la grossesse que l’on prévoit plus ou moins, mais on sait bien que ce n’est pas forcément ce jour-là que le petit enfant naîtra.
Et il en va de même pour la fin de notre vie, Chers Amis : impossible au plus grand des médecins – et même au meilleur des médiums -impossible pour eux de vous dire à quelle heure et quel jour, précisément, vous allez mourir. Impossible.
Et c’est intéressant, je trouve. C’est précisément le tout début de la vie et la toute fin de notre vie que nous ne pouvons pas connaître avec certitude. Comme si cela appartenait qu’à Dieu, et à Dieu seul.
Alors que ce sont également, précisément, les deux seules choses que nous avons TOUS en commun !
Ah oui, vous êtes tous nés, à priori sinon vous ne seriez pas là ! Vous êtes tous nés et vous mourrez tous un jour. Moi aussi. Entre les deux, chacune de nos vies est complètement différente. Mais nous avons ces deux points en commun, tous. Et ce sont les deux seules choses qu’on ne peut pas connaître… Intéressant !
Et alors que nous sommes au tout début d’une nouvelle année de l’église, au tout début d’une nouvelle année liturgique, que nous préparons une naissance, que nous sommes dans les commencements… qu’est-ce qu’on nous offre, comme lectures, vous avez entendu ? Des lectures qui parlent de… la fin !
On retrouve le début et la fin.
Les deux seules choses qui n’appartiennent qu’à Dieu…
C’est assez inattendu qu’on nous propose des lectures sur la fin du monde, sur le retour du Fils de l’Homme au moment du début de l’Avent !
C’est assez inattendu, mais l’inattendu c’est la carte de visite de Dieu… j’y reviendrai.
L’Evangile que nous entendu, ce premier extrait de l’année « Matthieu », l’Evangile nous parlait effectivement de la fin. De la venue du Seigneur – mais pas dans la crèche ! – de la venue du Seigneur à la fin des temps. Le jour où il n’y aura plus de nuit, dit la Bible.
…La nuit est bientôt finie…
Dans la deuxième lecture, Paul, lui, nous disait qu’en fait plus on avance plus on se rapproche de ce jour-là… On a envie de dire : « Merci, beaucoup Paul ! C’est assez logique, il n’y a pas besoin de sortir de polytechnique pour comprendre que plus on avance, plus on va vers la fin, hein, c’est assez évident ! »
Mais Matthieu va un peu plus loin. « Nous ne connaissons ni le jour ni l’heure », nous disait-il, « alors veillons ! ».
Soyons des veilleurs !
Et c’est bien sûr aussi ce que veut nous dire Paul dans la deuxième lecture : soyez prêts.
Ce texte a d’ailleurs souvent été utilisé pour nous faire peur dans les siècles passés. L’Eglise disait : « Faites attention ! Parce que si vous n’êtes pas en état de grâce au moment où le Seigneur revient… Dieu sait ce qui va se passer ! »
On nous a fait peur avec Dieu. Alors que Dieu nous attend les bras ouverts, quel que soit le moment où il va revenir, c’est un Dieu d’Amour. Ce n’est pas un juge à grande barbe qui nous attend pour nous punir.
Alors je me dis ceci : puisque c’est un Dieu d’Amour et puisque nous devons être des veilleurs, si nous vivions ce temps de l’Avent comme un temps qui nous prépare réellement à une grande joie ?
Si nous nous préparions à cette joie qu’est Noël ? Si nous décorions nos cœurs aussi bien que nous décorons nos maisons, qu’est-ce que ça donnerait ?
Si on commençait à mettre dans nos cœurs des guirlandes, des bougies qui sentent bon les parfums de l’Avent, des petites lumières qui clignotent, qu’est-ce que ça donnerait ?
C’est aussi là-dedans [montre son cœur] qu’il nous faut décorer, dans les jours qui viennent, pour la venue du Seigneur. Il ne vient pas que dans nos Eglises, il ne vient pas que dans les crèches que nous lui avons confectionné dans nos maisons, il vient dans notre cœur !
C’est notre cœur qu’il doit trouver décoré pour sa venue à Noël !
Décorons notre cœur de lumière !
L’Avent est un véritable chemin de lumière, Chers Amis ! On allume d’ailleurs bougies sur bougies, la lumière devient de plus en plus grande alors même que celle des jours baisse de plus en plus…
Comme si on voulait conjurer le sort de notre calendrier et dire : « Non ! Les jours baissent, d’accord, mais nous, on allume de plus en plus de lumière parce que la nuit est bientôt finie ! »
C’est un chemin de joie, le chemin de l’Avent, Chers Amis ! C’était aussi le sens du psaume, d’ailleurs, et de notre première lecture, le livre d’Isaïe.
Mais là, tous les deux parlaient de la venue du Messie. Jésus. Celui que nous attendons à Noël.
Isaïe parlait de cette montagne vers laquelle afflueront tous les peuples. Cette montagne c’est évidemment celle de Jérusalem.
Mais là encore, tous les peuples vont venir vers Jérusalem mais ce n’est pas du tout sur une montagne qu’il va falloir se rendre, c’est à une petite étable. Notre Dieu se fait humble là où on l’attend grandiose… Il se fait tout petit, il est dans l’inattendu, c’est sa carte de visite.
Inattendue, sa venue au monde dans une petite étable entouré de bergers, d’animaux ! pour un Roi, comme c’est inattendu !
Inattendue, la mort, aussi, de notre Roi, plus tard, sur cette croix.
Du début à la fin de sa vie, Dieu – humain – se montre inattendu.
Exactement comme le tout début de notre vie et la toute fin de notre vie, que nous ne pouvons pas connaître, qui sont inattendus, forcément.
Alors pour terminer je voudrais vous proposer de vivre cet Avent en étant attentifs à l’inattendu. Parce que c’est souvent dans l’inattendu que Dieu surgit dans notre vie.
Quelque chose nous surprend, quelque chose nous étonne dans notre journée ? Quelque chose nous déconcerte, nous bouscule… ébranle un peu nos petites habitudes ? C’est peut-être la carte de visite de Dieu qui surgit dans notre journée.
Une visite inattendue, un coup de fil qui nous remplit de joie, une personne que l’on ne s’attendait pas à rencontrer ? Voilà peut-être le sourire de Dieu dans notre journée.
Et même si c’est un événement négatif, une chose qui nous heurte, un ami qui nous froisse par une remarque un peu plus dure que les autres, une tuile qui nous tombe sur le coin de la tête… voilà peut-être Dieu qui vient nous dire : « ça te heurte ? ça te froisse ? ça t’embête ? Eh bien c’est peut-être une occasion de te remettre en question, de changer tes petites habitudes, de décorer ton cœur pour ce temps de l’Avent.
Et si nous abordions ce temps de l’Avent ainsi, Chers Amis ? Attentifs à l’inattendu, accueillant avec joie les événements et les visages qui seront mis sur nos chemins de vie, même ceux qui nous bousculent un peu ?
Voilà qui serait une belle manière de se faire veilleurs.
Veilleurs au milieu de la nuit.
Cette nuit qui est bientôt finie !
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Ollon, samedi 30 novembre 2019, 18.00 (version enregistrée)
Aigle, dimanche 1er décembre 2019, 10.00
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