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De simples serv(it)eurs…

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Homélie pour le 22e dimanche TO, année C

Siracide 3,17-29 / Psaume 67 / Hébreux 12,18-24a / Luc 14, 1a.7-14

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

 

Permettez-moi de commencer par un petit gag, une fois n’est pas coutume. C’est l’histoire d’un prêtre qui avait été muté dans une paroisse en difficulté, une paroisse qui n’avait pas eu de prêtre depuis de nombreuses années.

Un an après, son évêque vient visiter la paroisse et constate avec grand plaisir qu’elle va beaucoup mieux.

Comme il souhaite exprimer sa satisfaction, tout en préservant l’humilité de son prêtre, l’évêque lui dit :

–       Mon Fils, quel magnifique travail l’Esprit Saint fait, par votre intermédiaire, dans cette paroisse !

–       Monseigneur, reprend le curé, je suis content de vous l’entendre dire ! Vous auriez dû voir l’état de la paroisse quand l’Esprit Saint était seul à s’en occuper !

Vous sentez bien, chers Amis, combien les textes de ce week-end évoquent l’HUMILITE. L’humilité qui manquait au curé de ce petit gag que je viens de vous raconter… et qui, heureusement, est fictif, je vous rassure !

Mais Dieu sait que notre Eglise a du chemin à faire, à mon avis, dans le domaine de l’humilité. Et ses ministres avec – moi le premier : on m’a rappelé encore dernièrement que j’avais un égo surdimensionné… et on m’a rendu un grand service parce que, c’est vrai, je dois me convertir en ce domaine toujours et encore.

Or l’Esprit Saint nous a envoyé un pape, un Saint-Père qui nous fait grandement avancer dans le domaine de l’humilité.

Oh ça ne plait pas à tout le monde ! Certains grincheux disent que les petits gestes du Pape François sont un peu faciles et que ce pape ne reflète pas assez la grandeur de sa fonction.

Eh bien, à mon avis, justement si ! Par son humilité il reflète le visage du Christ, donc la grandeur de sa fonction.

Et ceux qui rêvent d’une Eglise faite de dorures, de richesses devraient s’interroger sur leur manière de voir le Christ, sur leur manière d’être chrétiens aussi.

J’ai envie de leur répondre : faites-les, ces petits gestes du pape François qui vous semblent tellement faciles. Faites-les. Et puis montrez-nous votre humilité, vous aussi, avant de critiquer celle du pape.

Ça a commencé, vous vous en souvenez, sur la place St Pierre, au soir de la fumée blanche qui annonçait son élection. Il est sorti sur le balcon, il s’est incliné et il a demandé qu’on prie pour lui.

Et il le dit à chaque personne qui le rencontre. Personnellement, je n’ai pas eu la joie de le vivre mais cela m’a été souvent rapporté : à chaque personne qui le rencontre, il dit : « Priez pour moi ! »

Ça a passé aussi par des choses que les médias ont noté – et vous aussi certainement – et qui ont émerveillé ceux qui voyaient, dans ces petits gestes, une lecture subtile de l’Evangile.

–       Payer sa note d’hôtel, le lendemain de son élection

–       Serrer les mains des gens à la sortie de l’église, comme le fait un simple prêtre de montagne ou de ville

–       Refuser le luxueux appartement pontifical pour lui préférer sa simple chambre à la maison Sainte Marthe

–       Demander une petite Fiat, plutôt qu’une grosse limousine, pour les Journées Mondiales de la Jeunesse, à Rio

–       Aux Journées Mondiales de la Jeunesse à Cracovie, ensuite, se déplacer en tram plutôt qu’en voiture officielle

–       Dire bonjour ou bonsoir au début de chacune de ses célébrations

–       Préférer des habits simples, tout en étant beaux

–       Poser son petit calot blanc sur la tête des enfants qui le saluent, et faire l’échange avec ceux qui lui en tendent un nouveau

–       Téléphoner personnellement à un jeune de 19 ans qui lui avait écrit, en lui disant au bout du fil : « Salut, c’est le Pape François, on peut se tutoyer si tu veux… »

–       Porter sa serviette lui-même, fermer lui-même la portière de sa voiture, etc, etc…

Ce sont de toutes petites choses et qui peuvent nous sembler évidentes… mais qui témoignent justement d’un grand homme.

Plus tu es grand, plus il te faut t’abaisser, disait le sage Ben Sira dans notre première lecture. Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser. Les humbles rendent gloire au Seigneur.

Et nous, les prêtres, nous avons sans cesse à cultiver l’exemple que nous donne notre Saint Père.

A la messe, ce n’est pas toujours facile ! Nous avons un bel habit, nous sommes en première ligne devant tout le monde, nous pourrions avoir l’air – à vos yeux – de vouloir briller… Alors que nous sommes de simples serviteurs. Nous, nous vous servons le repas du Seigneur et le repas de sa Parole, mais c’est vous les invités à ce repas. C’est vous, les convives de ce repas le plus important de nos journées.

Alors on peut se poser la question : pour un tel repas, n’est-il pas normal que ceux qui vous le servent soient bien habillés ?

Je vais vous aider à répondre à la question…

Projetez-vous un instant dans un grand restaurant. Que diriez-vous si le serveur qui vient vous apporter votre menu est habillé en jeans troués, a les mains sales et une barbe de trois jours ?  Vous seriez choqués et vous auriez raison… même dans un restaurant moyen d’ailleurs.

Un serveur doit être habillé de telle manière qu’on ne le confonde pas avec qui que ce soit d’autre dans le restaurant et il doit avoir une allure impeccable.

La beauté de son habit – son nœud papillon, son gilet, que sais-je encore ? – dit l’importance du restaurant mais elle dit aussi l’importance du repas qu’il va vous servir et votre importance à vous, à qui il doit le respect, comme serveur.

Eh bien, désormais, regardez vos prêtres en pensant exactement la même chose.

Nous sommes simplement des serveurs, Chers Amis !

Des serveurs du repas le plus important de votre journée, des serveurs qui vous servent un repas, tout simplement. Et la beauté de notre habit dit l’importance du repas que nous vous servons et votre importance à vous, le respect que nous vous devons.

C’est exactement la même chose.

Car, oui, en venant à la messe, vous venez le prendre, ce repas. D’accord, dans la plupart de nos églises, on est moins bien assis que dans un bon restaurant, c’est vrai.

Mais c’est vous, les invités de ce repas. Et c’est donc à vous que Jésus dit, comme dans l’Evangile de ce soir : « Ne te mets pas à la dernière place, mon ami, avance plus haut, approche de ma table. Mes serveurs ont la joie de t’accueillir. »

C’est pour cela que nous avons à cœur de vous voir plus souvent dans les premiers bancs que dans les derniers. Mais on sait bien que les églises, tout comme les bouteilles, ça se remplit par le fond !

Bien sûr, il fut un temps où l’on a éprouvé le besoin de construire des cathédrales qui allaient jusqu’au ciel pour dire la grandeur de Dieu. Des églises somptueuses qui avaient des calices en or massif et en pierres précieuses, les habits des prêtres étaient couverts de dentelles, de broderies, d’étoffes rares…

Rien n’était trop beau pour Dieu, disait-on alors… peut-être avez-vous encore connu cette époque-là.

Mais comme nous le rappelait la lettre aux Hébreux, notre deuxième lecture, quand vous êtes venus vers Dieu, il n’y avait rien de matériel, pas de feu, pas d’ouragan, pas de sons de trompettes, contrairement au temps de l’Ancienne Alliance.

Il n’y a que du silence dans nos églises, et on sait que c’est le silence qui dit Dieu, bien mieux que le feu, l’ouragan ou la tempête.

Vous, vous avez compris que Dieu nous parle d’abord dans le silence, dans la simplicité, dans l’humilité d’un coeur qui vient juste lui dire « Seigneur, je t’aime… »

Et pour revenir à notre gag du début… j’aimerais vous dire ceci pour terminer : voilà pile cinq années – hier – que j’ai été nommé curé au service de cette vallée. Et ce week-end, conformément à ma demande qu’a acceptée notre évêque, je suis redevenu simple auxiliaire de vos curés Laurent et Claude.

Mais tous les trois, nous sommes des serviteurs, des serveurs de ce repas le plus important de votre journée. Nous ne sommes que cela.

Et quand notre évêque reviendra visiter nos paroisses, au printemps prochain, s’il nous disait s’émerveiller de ce que l’Esprit Saint a pu faire dans nos paroisses, à travers nous, je lui dirais simplement : « Cher Jean-Marie… tu nous as nommés serveurs dans de merveilleux restaurants ! Nous avons à cœur de servir ces personnes. Humblement, simplement. Et nous allons continuer de le faire avec joie. »

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La Luette, dimanche 1er septembre 2019, 18.30