Cultivez la vie !
Chaque jour, des milliers de personnes sont dépossédées de leurs terres, quelque part dans le monde. Le processus, nommé « accaparement des terres », est le suivant : des entreprises ou des investisseurs acquièrent de vastes terrains agricoles dans des régions pauvres du monde. Evidemment ces terrains leur coûtent très peu. Mais surtout les populations locales ne sont pas consultées et n’ont jamais donné leur accord. C’est du vol de terre.
Depuis une quinzaine d’années, ce sont près de 40 millions d’hectares – 10 fois la Suisse, donc – qui ont été dérobés de cette façon à leurs propriétaires naturels et légitimes. 15 millions d’hectares sont actuellement en négociation. L’huile de palme, le bois, le soja sont particulièrement recherchés sur ces terres pour être ensuite exportés vers nos pays riches. Ces matières premières sont transformées et utilisées dans nos meubles, nos cosmétiques, nos produits alimentaires.
La Suisse vole, elle aussi
Plusieurs acteurs financiers helvétiques sont co-responsables de ce vol, en investissant dans les entreprises responsables de cet accaparement des terres. Notre pays touche une part des importants bénéfices financiers issus de cette pratique.
En Indonésie, des jungles et des champs sont rasés pour faire place à des plantations de palmiers à huile. Les habitants expliquent qu’au départ, les entreprises font appel aux communautés locales. Une façon de les amadouer, d’ailleurs. Mais ensuite ces mêmes entreprises engagent des ouvriers venus d’autres pays, à moindre coût évidemment, et délaissent les autochtones.
Sans compter les autres graves problèmes écologiques que provoque l’accaparement des terres dans chaque pays qu’il touche : décharges sauvages, pollution, monoculture avec épuisement du sol à la clé, déforestation, déviations de rivières avec toutes les conséquences que cela suppose.
Agir depuis la Suisse
Bien entendu, nous nous demandons comment agir, comme à chaque fois qu’on nous présente ces problèmes existants dans des pays lointains et que les riches entreprises de notre pays contribuent à aggraver. Au fond, ce n’est pas de notre faute si une grande banque du pays se comporte en voyou, n’est-ce pas ? Oui. Et non.
Car nous deviendrions complices si nous ne réagissions pas. Et nous pouvons agir très simplement, depuis la Suisse, sans envoi d’argent dont on se demande toujours s’il atterrira dans la bonne poche. C’est pour nous aider à réagir tout en sensibilisant nos proches qu’Action de Carême / Pain pour le Prochain vient de créer l’action « Cultivez la vie ».
Aux paroisses, il est ainsi proposé d’acquérir une petite palette de bois contenant un potager, et de la placer sur le parvis. On invitera les paroissiens à cultiver cette palette, ce qui offre aussi une belle proposition d’activité pour les enfants. Et comme le font remarquer les organisateurs : le Carême étant tardif cette année, les plantes y pousseront d’autant plus volontiers.
Pour les particuliers aussi
Mais chacune et chacun de nous peut aussi commander des boules de semences de fleurs pour le balcon ou le potager (6 boules pour CHF 10.-, livrées dans des boites à œufs). Ainsi chacun peut devenir créateur de vie chez soi.
Cette démarche me plaît particulièrement parce qu’elle est éducative et nous permet de montrer à nos enfants l’importance de la terre et la beauté – ainsi que la diversité – de ce qui peut en naître, moyennant qu’on en prenne soin.
Alors… à vos palettes !
> On peut se renseigner et commander les boules de fleurs ou les palettes chez l’infatigable Emmanuel Théler au 079 / 734.01.15, ou par e-mail à : theler@netplus.ch
Abbé Vincent Lafargue
Publié dans « Grandir », 2017-2, rubrique « Partager »
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