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Consécration footballistique

Photo : Luka Modrić, « consacré » ballon d’or par Vladimir Poutine | © Russian Presidential Press and Information Office

Tous les journaux de ce lundi ont ouvert sur le vainqueur de la coupe du monde de football, sur les nouveaux dieux de la religion du ballon rond. Et cela devient une habitude, pour de nombreux médias, d’user et d’abuser de termes sacrés pour parler du monde du sport.

Ainsi tel match n’est plus un simple événement mais la “grand-messe” attendue par tous, les 16 mètres ne sont plus la surface de réparation mais deviennent le “saint des saints” de l’équipe à battre, tel joueur n’est plus désigné mais bien “sacré” meilleur buteur, on ne fête plus mais on “célèbre” une victoire, un gardien chanceux et talentueux n’est plus dans son meilleur jour mais carrément en “état de grâce”, j’en passe et des pires.

C’est une “consécration”, tous les médias vous le diront

Le moment le plus sacré de nos eucharisties se nomme la consécration. Dans n’importe quel dictionnaire, aucun doute possible: c’est un terme qui se rapporte à Dieu, et à Dieu seul. Pourtant, nous allons le lire, ce mot, à longueur de pages et de titres en ces lendemains de victoire. C’est une “consécration” pour toute une équipe, pour tout un pays, pour tout une nation que de gagner la coupe du monde, tous les médias vous le diront.

Hélas, à force d’appeler un chat un chien, on ne sait plus s’exprimer en usant du juste mot. Et pourtant Dieu sait que notre langue française est riche de nuances et de termes qui permettent de ne pas tout confondre.

Aucun pain ni aucun vin n’ont été transsubstantiés sur la pelouse dimanche soir. Ou alors j’ai mal vu! Et malgré les signes de croix parfois surjoués de nos athlètes, aucun objet n’a été consacré à Dieu pendant cette finale. Même pas un ballon. Nulle consécration dans cette victoire, non. Trois fois non, même, au nom du Père, du Fils du St Esprit!

Je me console en me rappelant que, si le stade Loujniki de Moscou peut accueillir un total de 81’000 spectateurs, ce sont 1,6 million de jeunes qui étaient présents à la messe de clôture des dernières JMJ à Cracovie. C’est-à-dire près de 20 fois le stade de la finale de dimanche soir. Etrangement, il ne me semble pas avoir vu que nos médias aient offert 20 fois plus de pages aux JMJ qu’au foot. Ce serait même plutôt l’inverse.

Cherchez l’erreur!

Vincent Lafargue | 16.07.2018

Publié sur le site www.cath.ch