Choisir rend libre

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Homélie pour le 13e dimanche ordinaire, C

1Rois 19,16b.19-21 / Psaume 15 / Galates 5,1.13-18 / Luc 9,18-24

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Chers Amis,

Vous vous êtes certainement déjà retrouvés dans cette situation délicate où il faut choisir entre ce qui nous apparaît être deux maux. Deux maux M-A-U-X bien sûr.

Choisir entre un mal et un autre. Ce qu’on appelle l’embarras du choix. Si je choisis telle solution je vais faire mal à telle personne, si je choisis telle solution je vais faire mal à telle autre.

On connaît bien ces situations. Parfois pour de petites choses toutes simples, parfois pour des choses beaucoup plus complexes et conséquentes de nos vies.

Plusieurs personnes, dans ce genre de cas, choisissent de ne pas choisir. C’est-à-dire ne font pas de choix.

Et, vous avez remarqué, c’est là, précisément, qu’on est le plus mal. Quand on n’arrive pas à choisir.

Car en réalité le choix nous libère. C’est de ne pas choisir qui nous enferme.

Et vous le savez bien, une fois qu’on a choisi, à condition toutefois de ne pas regretter, de ne pas regarder en arrière – on y reviendra – une fois qu’on a choisi, on est libéré, on est mieux à l’intérieur de soi.

Les épouses, les époux parmi vous le savent très bien. Quand les adversaires du mariage nous disent : « Oui, se marier, c’est s’enchaîner toute la vie à la même personne ! » Non ! Se marier c’est poser un choix, et c’est un choix qui libère. Qui libère de toutes les autres personnes. C’est un choix qui libère, le mariage.

Exactement d’ailleurs comme la vie religieuse et son célibat.

Beaucoup de gens critiquent l’Eglise pour ce célibat… mais permettez-moi de vous dire, Chers Amis, que, de tous les choix que j’ai faits dans ma vie, ce choix-ci, précisément, est un de ceux qui m’a le plus libéré.

Le choix rend libre une fois qu’on l’a posé, réellement. A condition de ne pas regretter, bien sûr.

Tous les textes de ce jour nous parlent, chacun à leur manière, de nos choix et de nos libertés.

Il y avait tout d’abord l’étrange histoire de la vocation d’Elisée, dans le Livre des Rois. Vous avez entendu cet épisode, tout à fait particulier, où Elie, le prophète, passe. Il y a là un agriculteur qui est aux champs, qui est en train de terminer son douzième arpent de terre… 12, dans la Bible, est un chiffre qui veut signifier l’accomplissement. Il est au bout de la douzième ligne, et il n’ en a que douze. Il est au bout de quelque chose, cet agriculteur, peut-être au bout de sa vocation d’agriculteur, allez savoir.

Il s’appelle Elisée. Et quand Elie passe, il lui jette son manteau.

Les théologiens se sont interrogés pour savoir le sens de ce geste, pas très clair dans l’Ancien Testament. C’est Paul, plus tard, en nous parlant de « revêtir le Christ », qui nous donne une clé de lecture.

Jeter son propre manteau à quelqu’un, c’est une manière de lui donner notre rôle. De dire à cette personne : « Eh bien prends ma suite ! A toi de revêtir cette fonction que j’avais jusqu’ici. »

C’est exactement ce que fait Elie avec Elisée.

Que fait Elisée ? Est-ce qu’il dit à Elie : « OK, pas de problème, je te suis, d’ailleurs je mets le manteau ! » ? Non. Est-ce qu’il lui dit : « D’accord je vais te suivre mais laisse-moi d’abord aller faire la fête avec mes parents. » Non. Il ne lui garantit pas de le suivre, et c’est très important pour la suite. Il lui dit simplement : « C’est peut-être pas encore pour moi. »

Et il prend le temps de se mettre en condition de faire ce choix. Quand on pose un choix, évidemment, il faut être dans de bonnes conditions.

Les conditions que va poser Elisée c’est de tuer les deux bœufs qui tiraient la charrue, de faire la fête avec cette viande et ses proches, et même, vous l’avez entendu, de brûler la charrue. Une manière de dire : « Mon premier métier est derrière moi, je ne le ferai plus jamais. » Et ensuite seulement il va ramasser le manteau.

Dans l’Evangile, Jésus est confronté à trois rencontres qui vont nous montrer trois manières de choisir et trois écueils à éviter.

Vous l’avez entendu, la première personne qu’il rencontre est un homme qui lui dit : « Je veux te suive, partout où tu iras. » Et Jésus a cette réponse étrange : « Le Fils de l’Homme n’a pas de pierre où reposer la tête. »

Une manière pour Jésus de dire : « Tu veux me suivre ? Mais viens ! Simplement ce sera pas un hôtel 5 étoiles. Ce sera pas un voyage de tout repos, de me suivre. »

Et vous le savez, vous qui êtes chrétiens comme moi : suivre Jésus, ce n’est pas un chemin de roses, pas toujours en tout cas. Il y a des croix à porter, Jésus le dit ailleurs dans l’Evangile : « Celui qui veut me suivre, qu’il prenne sa croix. »

On ne dit pas, notez-le au passage, si cet homme va effectivement suivre Jésus. Jésus le laisse à sa réflexion.

Et puis il y a la deuxième rencontre. Cette fois c’est Jésus qui appelle : « Suis-moi ! », dit-il à un homme. Et que répond l’homme ? « Laisse-moi d’abord enterrer mon père. »

Et nous avons là cette réponse de Jésus qui nous choque, habituellement. Jésus lui dit : « Laisse les morts enterrer leurs morts. »

Une manière de dire : « Si tu es appelé, et si tu as un choix à poser, alors pose le choix qui t’amène à la vie. »

Jésus ne veut absolument pas fustiger les gens qui prient pour les morts, par cette parole, vous le sentez bien. C’est pas du tout la question. Bien sûr qu’il faut honorer nos morts.

Mais si le choix est cornélien, alors il faut choisir ce qui amène à la vie. Pas ce qui regarde en arrière, pas ce qui ramène à la mort.

Enfin, à la troisième personne qui veut suivre Jésus mais qui lui dit : «  Je vais te suivre mais d’abord je vais dire au revoir à mes parents. », Jésus dit : « Tu ne peux pas faire les deux. Soit tu choisis de me suivre, tu mets la main à la charrue et tu avances. Soit tu regardes en arrière. Mais tu ne peux pas faire les deux. »

Et vous vous souvenez, c’est là que le détail de la première lecture a toute son importance. Elisée n’a pas dit : « Je vais te suivre. » Il a fait chaque chose en son temps. Il est allé dire au revoir et ensuite seulement il a suivi Elie.

Ce que Jésus nous enseigne, et ce que les textes de la Bible nous enseignent je crois, aujourd’hui, c’est que chaque chose a son temps. Et que lorsqu’on pose des choix, c’est très important de laisser le temps. Il ne faut pas vouloir faire deux choses à la fois, faire à la fois un choix et à la fois regretter et regarder en arrière. Ça ne va pas.

On prend le temps de regarder en arrière, et ensuite on pose un choix. Et une fois qu’on l’a posé, eh bien on avance. C’est cela qui rend libre.

Oui mais – et enfin – nous avions la deuxième lecture.

On a envie de dire à Paul : « Mais… y a un problème ! Tu commences par nous dire que le Christ nous a rendus libres – vous avez entendu cette phrase – et juste après tu nous dis qu’il nous a rendus libres pour que nous soyons vraiment libres… Bah alors on est libres ou on ne l’est pas ?S’il nous a libérés c’est qu’on est libres ! Pourquoi est-ce qu’il nous aurait libérés, pour qu’ensuite on soit de nouveau libres, ça ne va pas ! »

Eh bien si ! Paul passe son temps, dans plusieurs de ses lettres, à nous dire que nous sommes libres. Vous êtes libres. Vous êtes venus librement ce matin, que je sache ! Personne ne vous a forcés, non ? Ah, si on vous a forcés, vous avez une théologie d’il y a soixante ans… il serait temps de l’abandonner. Mais à priori vous êtes venus librement. Personne ne vous a obligés, vous êtes donc libres.

La religion chrétienne est une religion de la liberté.

Mais en même temps, Paul le dit très bien, bah on a un corps, on a tous nos défauts, on a notre enveloppe charnelle, on a notre humanité… Et de tout cela nous ne sommes pas libres, pas encore. Cela viendra grâce au Christ, à la Résurrection.

Nous sommes libres. Mais grâce au Christ nous sommes en chemin de liberté. Nous apprenons la liberté.

Alors chers Amis, quand nous avons des choix à poser, à l’image de ce que propose le Christ, posons-nous la question :

– Quel est le choix qui va annoncer le Royaume ?

– Quel est le choix qui va m’aider à ne pas regarder en arrière ?

– Quel est le choix qui va me sortir de mon petit confort même si du coup je n’ai plus d’endroit où reposer ma tête ?

C’est en posant des choix que l’on devient libre.

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Vex, samedi 25 juin 2016, 18.30

Les Haudères, samedi 25 juin 2016, 20.00

Evolène, dimanche 26 juin 2016, 9.00

Grande Dixence, dimanche 26 juin 2016, 11.00

Euseigne, dimanche 26 juin 2016, 19.00

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2 Responses

  1. Hermine Pralong.

    Parfois très difficile  » le choix ». Merci pour ton homélie Vincent, ça va m’aider.

  2. Georges QUELLET

    « EN CHEMIN DE LIBERTÉ ». Ma leçon de cette magnifique homélie. Merci, cher Vincent. Georges.

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