7e dimanche de Pâques, année B
Ac 1,15-26 / Ps 102 / 1P 4,11-16 / Jean 17, 11b-19
Chers Amis,
Tous les textes qui entourent le temps de l’Ascension parlent d’amour. Et ce week-end encore. Comme si on voulait nous rappeler que c’est le testament principal que Jésus a voulu nous laisser. L’Amour. Notre Dieu est Amour.
C’est d’ailleurs texto dans la deuxième lecture que nous avons entendue, la lettre de Jean. Dieu est Amour. Si vous ne devez retenir qu’un verset de la Bible, chers Amis, autant que ce soit celui-ci. 1 Jean 4,15 : Dieu est Amour.
Amour et joie, d’ailleurs. Jésus nous le rappelait dans l’Evangile de Jean dont nous venons de réentendre un extrait : « Je parle ainsi, en ce monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, qu’ils en soient comblés. »
L’Amour et la Joie. Deux valeurs essentielles pour nous autres les Chrétiens.
Pendant les quelques semaines dernières, j’ai eu l’occasion de travailler un peu la figure de Maurice Zundel. Grand théologien suisse, qui fut vicaire à Genève, qui a été très proche des jeunes, notamment par le théâtre, avant de devoir quitter sa première paroisse parce que son caractère bouillant ne convenait ni au curé ni à l’évêque de l’époque.
Zundel est devenu un très grand homme. Dans un film qui a été diffusé récemment à Fribourg, un moine français raconte le jour où il est allé se confesser chez Zundel. Lui jeune moine novice un peu intimidé, et Zundel alors déjà grand conférencier.
Le moine raconte ceci, qui colle parfaitement avec les lectures du jour, je vous le cite de mémoire :
« J’entre, je m’apprête à me mettre à genoux, et là première surprise, c’est Zundel qui s’agenouille devant moi. Il disait toujours que le pécheur qui vient demander le pardon de Dieu est tellement beau que c’est le prêtre qui devrait s’agenouiller devant lui, et pas l’inverse.
Puis je commence à égréner mes péchés. Au bout de quelques secondes, Zundel me stoppe et me dit : « Mon Ami, dites simplement que vous avez manqué d’Amour. Cela englobe probablement tout ce que vous avez à vous reprocher. » Et c’était vrai. Et puis nous avons prié ensemble, il m’a donné l’absolution. Je me demandais ce qu’il allait me donner comme pénitence, combien de Notre Père, de Je vous salue…
Mais non. Pour Zundel la pénitence était toujours liée à la joie. Il demandait d’aller voir un beau paysage, un spectacle joyeux, de rire avec des amis, de demeurer dans la joie du Seigneur. Ce jour-là il m’a demandé simplement de répandre la joie autour de moi le reste de la journée.
Un peu étonné, je repars. Et au moment où je passe le pas de la porte, je me retourne et je lui dis : « Père Zundel, priez pour mon humilité. » Et là je n’oublierai jamais sa colère. Il s’est mis à hurler de sa voix forte « NON ! NON ! NON ! Pas l’humilité ! La JOIE ! Soyez dans la JOIE ! » Je n’ai jamais oublié ce moment, disait le jeune moine.
Eh bien chers Amis, je crois que Zundel avait tout compris. C’est peut-être pour cela qu’il était jalousé de tous côtés.
Il avait compris que Jésus n’a jamais demandé qu’on soit humbles faussement – vous savez avec la tête penchée à 45 degrés et les mains jointes, comme ça… – il n’a jamais demandé qu’on se mortifie, qu’on prenne un air compassé. Jamais vous ne trouverez cela dans l’Evangile. Par contre, notre Seigneur a insisté lourdement sur l’Amour et sur la Joie. Deux valeurs que nous devons répandre coûte que coûte autour de nous. Dieu sait si ce n’est pas simple.
Mais c’est notre devoir. A tous. Car la première lecture nous rappelait bien que l’Eglise, c’est nous tous. Vous avez entendu ce texte des Actes des Apôtres ? Pierre demande à la foule qui va remplacer Judas. Et c’est la foule rassemblée – environ 120 personnes nous dit le texte – qui choisit deux candidats, puis qui demande l’aide de l’Esprit Saint pour savoir lequel des deux deviendra Apôtre. Ce sera Matthias.
Le tout est fait dans la joie, l’allégresse, le respect de chacun, l’Amour bienveillant partagé.
Pour terminer sur l’Amour, allons voir les enfants. Eux comprennent souvent bien mieux que nous ce qu’est l’Amour, dans la pureté de leur coeur.
C’est l’histoire – réelle – de Florence. 3 ans et demi à l’époque. Elle est en garde chez ses grands-parents et ensemble ils font la prière du soir, devant une petite statue de la Vierge. La petite Florence commence :
– Bonsoir Marie, bonsoir Jésus. Je t’aime Marie, je t’aime Jésus.
Puis elle se retourne vers son grand-père :
– Et toi, Papy, tu dis rien ?
Un peu surpris, le grand-père balbutie :
– Si, si… Heu… Bénissez papa et maman, bénissez…
– C’est pas ça qu’on dit ! Interrompt la petite Florence.
– Ah bon… Qu’est-ce qu’on dit ?
– D’abord, tu leur dis ‘bonsoir’.
Le grand-père, avec un sourire, reprend :
– Bonsoir Marie, bonsoir Jésus, bénissez papa et maman, bénissez…
– Non c’est pas ça ! Maintenant tu leur dis que tu les aimes.
Alors le grand-père reprend :
– Bonsoir Marie, bonsoir Jésus. Je vous aime.
Et puis, craignant de faire encore une erreur aux yeux de sa petite fille, il s’arrête.
Et là, elle assène le coup final :
– Voilà Papy. Maintenant que tu leur as dit que tu les aimes, tu peux leur demander tout ce que tu veux.
…
Bonsoir Seigneur… Je t’aime. Garde-moi dans ta joie et dans ton Amour. Et aide-moi à les répandre autour de moi.
Monthey, samedi 19 mai 2012, 17.00
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