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Homélie pour le 3e dimanche de Pâques, A
Actes 2,14.22b-33 / Psaume 15 / 1Pierre 1,17-21 / Luc 24,13-35
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
– Attention, ça brûle !
Vous avez forcément déjà entendu ou prononcé cette phrase, chers Amis.
– Attention, ça brûle !
Cette phrase, vous l’avez entendue quand vous étiez enfants – et vous les enfants, vous l’entendez peut-être – eh oui, si vous approchez la main du feu, comme ceci, on vous dit :
– Attention, ça brûle !
‘Faut pas trop approcher la main du feu, les enfants ! Et les adultes, on le sait aussi : jouer avec le feu, ça a des conséquences, ça brûle…
– Attention, ça brûle !
Cette phrase, vous l’avez prononcée adultes, lorsque à votre tour, vous mettiez en garde vos enfants, vos petits-enfants qui approchaient la main d’une plaque électrique, ou d’une source de chaleur.
– Attention, ça brûle !
Le mot « brûlant », Chers Amis, est presque toujours utilisé de manière péjorative, dans notre langage, vous avez remarqué ? Si c’est brûlant c’est que c’est TROP chaud.
– Ouh ! C’est brûlant ! Mon café est brûlant ce matin !
…C’est qu’il est trop chaud. Si un bain est brûlant, vous allez être obligés d’attendre qu’il refroidisse un peu avant de vous y plonger, forcément. Si vous êtes brûlants de fièvre c’est que n’allez pas tant bien. Que ce soit en raison de cette saleté de virus qui nous maintient à domicile, ou que ce soit en raison de toute autre maladie.
Et j’en passe, des utilisations négatives de ce mot « brûlant ».
Mais à force de l’entendre négativement, ce mot, on en oublie le côté positif.
Vous avez déjà joué dans votre enfance à « chaud et froid », j’espère, chers Amis ? Eh bien quand on vous disait « Ah non, non, là c’est froid… ouh non, alors là c’est glacé ! » bah vous n’étiez pas prêts de découvrir le trésor qu’on avait caché pour vous, ou l’œuf de Pâques, par exemple…
Alors que quand on vous disait : « Ouh tu brûles », c’était positif, ça voulait dire : « Tu es tout près, tu es tout près, regarde ! Il est juste à côté de toi ! » …c’était bon signe !
Et brûler d’amour, pour les amoureux qui nous regardent, pour les couples, brûler d’amour c’est beau ! Un cœur brûlant d’amour, c’est extraordinaire. Je suis sûr que vous l’avez déjà ressenti, Chers Amis, tout comme moi – on a beau être des prêtres on ressent tout de même de l’amour, faut pas croire !
Or c’est justement un cœur brûlant d’amour dont on nous parlait dans cet Evangile.
Oui, j’avais déjà commenté ce même Evangile il y a quelques semaines, mais pour tout autre chose, pour vous rappeler les sept attitudes chrétiennes… j’espère que vous ne les avez pas oubliées… sinon il vous faut aller voir la petite vidéo qui concerne cela sur notre chaîne YouTube…
Mais rien à voir aujourd’hui. J’aimerais vous parler des derniers mots de cet Evangile. Le moment où les deux disciples disent qu’ils avaient le cœur brûlant, justement. Le cœur brûlant quand Jésus leur expliquait l’Ecriture.
Il y a de quoi avoir le cœur brûlant, le cœur en fête, sérieusement !
Et voilà un autre sens du cœur brûlant : lorsqu’il est en fête !
Lorsqu’il est en fête, notre cœur a la fièvre ! Et là encore celles et ceux parmi vous qui vivent l’Amour savent de quoi je parle ! Le cœur a la fièvre, quand il est rempli d’amour.
« Mon cœur exulte », disait le psaume que je viens de vous chanter.
Si le cœur exulte c’est qu’il est prêt à éclater, comme une marmite à vapeur trop brûlante.
Et saint Pierre dans la deuxième lecture, disait alors « mettez votre foi, votre espérance en Dieu, si vous croyez en Lui ! » Et Dieu sait que Pierre n’était pas un tiède. Pierre avait le cœur tout brûlant.
Ah oui, quand il dit à Jésus : « Je pourrais mourir pour toi, tu sais, jamais je ne te renierais ! », Pierre a le cœur qui brûle, c’est une évidence.
On connait la suite, vous me direz. Il l’a renié trois fois. Pour un cœur brûlant, ce n’est pas terrible, hein !
Et c’est très intéressant parce qu’il a le cœur froid, au moment où il renie Jésus. Il est en train d’essayer de se réchauffer à un feu de braises, dans la cour du Grand-Prêtre, vous vous souvenez ? Il est en train d’essayer de se réchauffer parce qu’il a le cœur froid, à ce moment-là. Quand on renie son prochain, à fortiori son Maître, on a le cœur froid, glacé… Le feu n’est pas en lui, à ce moment-là…
Et – toujours aussi intéressant par rapport à Pierre – c’est autour d’un même feu de braises que, quelques jours plus tard, Jésus va remettre le feu dans son cœur, en lui faisant dire – lui qui l’avait renié trois fois – en lui faisant dire trois fois : « Seigneur, je t’aime ! »
C’est ainsi que Jésus remet du feu dans le cœur de Pierre, un matin au bord du lac…
Comme j’aimerais que les croyants aient véritablement le cœur brûlant de foi, d’espérance et d’amour !
Mais oui ! faudrait mettre des panneaux à la sortie des Eglises – quand on en aura fini avec les panneaux rouges du Covid_19 – faudrait mettre des panneaux « Attention ça brûle ! »
D’ailleurs ne dit-on pas « avoir le feu sacré » ? On devrait tous être brûlant, quand on ressort d’une assemblée liturgique, Chers Amis !
En distribuant la communion, au lieu de dire « le corps du Christ » le ministre de l’Eucharistie devrait vous dire « Attention ça brûle ! »… Mais oui !
En offrant une Bible à quelqu’un, comme on le fait lors des mariages, par exemple, ou quand on offre les textes bibliques de chaque année à nos lectrices, à nos lecteurs, on devrait leur dire « Attention, ça brûle ! »…
En cliquant sur notre chaîne YouTube au moment de rejoindre la messe, comme vous l’avez fait ce matin, ou au moment du chapelet mercredi soir, ou de l’adoration jeudi, on devrait mettre un panneau sur l’écran avec marqué « Attention ! Attention où vous cliquez, ça brûle ! »…
Mais oui, chers Amis, on devrait avoir conscience que Dieu, sa Parole, son Eucharistie, sa Présence, tout cela brûle le cœur dans l’infini bon sens du terme.
Et nous devrions être des « Brûlants de Dieu ».
C’est étonnant d’ailleurs, vous savez ? En hébreu les « brûlants de Dieu » c’est le sens du mot « SaRaF », en hébreu, c’est un mot qui est utilisé pour le serpent aussi, parce que sa morsure est brûlante.
Et ça a donné les « Séraphins » ! Les séraphins, ce sont les « brûlants de Dieu », vous savez ces anges qui gardent le trône de Dieu, dans la Bible. Les séraphins, ce sont les brûlants de Dieu.
Et pour ceux qui connaissent Tintin, c’est-à-dire tous ceux qui ont entre 7 et 77 ans… – les autres aussi, hein, bien sûr ! – tous ceux qui connaissent Tintin savent qu’Hergé a fait un sacré jeu de mots en appelant l’un de ses personnages favoris Séraphin Lampion. C’est un double brûlant ! Séraphin, son prénom, dit qu’il est brûlant. Et son nom de famille, Lampion, dit quelque chose qui brûle, qui éclaire.
Et Séraphin Lampion, dans Tintin, c’est précisément un personnage brûlant, passionné.
Vous savez, c’est cet assureur qui débarque sans arrêt, avec les propositions les plus hystériques à soumettre au pauvre capitaine Haddock qui n’en veut point.
C’est un personnage qui est toujours de bonne humeur, si vous relisez les Tintins, vous verrez, il a toujours le sourire.
Il est toujours chaleureux – parce qu’il a du chaud en lui, il a du feu, ça brûle ! – il est joyeux, lumineux – c’est normal pour un lampion, vous me direz !
Et Séraphin Lampion est un peu notre modèle chrétien, Chers Amis ! Nous les Chrétiens, comme lui, nous proposons des assurances à notre prochain. Sauf que nous, nous ne vendons que des assurances vie-ETERNELLE, ah ah c’est quand même mieux ! D’ailleurs on les donne, en plus, nous, on ne les vend pas, c’est dire si c’est une affaire !
Combien devrions-nous être encore plus brûlants que ce Séraphin-là, que ce lampion-là !
Laissons-nous brûler le cœur par celui qui vient ressusciter nos obscurités, chers Amis !
Soyons brûlant de sa parole, de son pain de vie, de son pain de vie, de son amour.
Et la prochaine fois qu’on vous dira :
– Attention, ça brûle !
Vous pourrez répondre :
– Eh bien si tu parles de moi : tant mieux ! Tant mieux si ça brûle en moi ! Tant mieux si Dieu fait de moi un Lampion de sa lumière, un Séraphin de sa vie éternelle, un Brûlant de sa Parole, un Enflammé de son Amour.
Amen.
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Cure de Bex, dimanche 26 avril, 10.00
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