Accueillir avec le coeur

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Homélie pour le 23e dimanche TO, année B

Isaïe 35,4-7a / Psaume 145 / Jacques 2,1-5 / Marc 7,31-37

Accueil du Père Laurent NDAMBI dans nos paroisses

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Chers Amis,

Il fut un temps, il y avait des noms gravés sur les bancs de devant, dans nos églises. Ces places étaient réservées aux personnes qu’on disait « importantes ». Ou à certaines familles. Aux V.I.P, comme on dirait aujourd’hui.

Maintenant, vous me direz, c’est comme si y avait toujours des noms : on n’ose pas s’asseoir devant, comme si ce n’était pas nos places… C’est bien connu, les églises, en Valais, ça se remplit par le fond, comme les bouteilles.

– C’est le banc des Métrailler…

– C’est la rangée des Pitteloud…

– C’est le siège des Mayoraz… on peut pas s’asseoir !

Il fut un temps, si quelqu’un d’important entrait dans l’église, on le faisait avancer. Il y avait le banc des autorités. On les repérait à leurs beaux habits, bien qu’à l’époque tout le monde s’habillait correctement pour venir à la messe – ça aussi ça a changé…

Mais l’habit si beau soit-il ne dit rien de ce qu’il y a dans le coeur.

Il fut un temps, nous aussi les prêtres, nous avions des habits extraordinaires, tissés à l’or fin. Heureusement que ça a changé, ça, aussi. La beauté est nécessaire pour célébrer le Seigneur, mais la beauté n’est pas forcément riche. Elle peut être simple.

Tout ça pour dire que le Christ nous invite à faire attention à notre manière de juger sur des apparences.

La lettre de Jacques, notre deuxième lecture, nous le rappelait très bien tout à l’heure : « ne mêlons pas des considérations de personnes avec la foi en Jésus-Christ ».

Nous sommes deux prêtres ce soir devant vous. L’un a la peau noire et l’autre la peau blanche. Et alors ? Nous sommes tous deux serviteurs du même Christ. Nous avons tous deux donné notre vie pour vous.

Bien sûr la société des hommes nous a donné des titres, l’un est curé l’autre vicaire, on appelle l’un « Père », l’autre « Abbé »… Quelle importance ? Nous sommes tous les deux prêtres, et en cela nous sommes frères, toi et moi, Laurent. Et nous sommes à votre service, l’un comme l’autre.

La foi en Jésus-Christ, voyez-vous, ne s’embarrasse pas de question de personnes, de titres, de courbettes, de noms gravés sur des bancs.

Et les textes d’aujourd’hui nous invitent tous à voir plus loin que les apparences. Dieu nous rend la vue, il ouvre nos oreilles, il ouvre notre coeur aux autres et nous aide à voir avec notre coeur, pas simplement avec nos yeux et nos préjugés.

Et quand je dis que Dieu ouvre nos oreilles… beaucoup d’entre vous risquent d’être surpris, peu à peu, en entendant Laurent. Vous vous attendiez peut-être à un accent africain… mais le peu d’accent qu’il a – en discutant avec vous tout à l’heure sur le parvis vous vous en rendrez compte – vient plutôt de Belgique que de l’Afrique. Il vous dira pourquoi tout à l’heure.

Dieu ouvre nos oreilles bien au-delà de nos pauvres frontières continentales ou nationales.

J’espère, ainsi, Chers Amis, que vous accueillerez Laurent tel qu’il est au fond de son coeur, sans juger sur aucune apparence. Tout comme vous m’avez accueilli, moi. J’espère que vous apprendrez à le connaître par ce qu’il est, plutôt que de laisser les préjugés parler sur des questions d’origines ou sur les faits et gestes de chacun.

Parce que nos faits et gestes… Nous sommes prêtres, tous les deux, bien sûr. Mais nous sommes pécheurs parce que nous sommes humains, comme vous. Et tous les prêtres sont pécheurs – moi, sûrement un peu plus que les autres, mon caractère bien trempé n’étant pas qu’une légende, Laurent le sait très bien puisque nous avons travaillé ensemble deux années déjà !

Nous sommes pécheurs. Et en cela, nous sommes comme vous, nous recherchons le bien que Dieu nous demande d’accomplir, et on essaie de le faire bien sûr, et parfois nous faisons le mal que nous n’aimerions pas faire. Comme vous. L’important n’est pas là.

L’important c’est de retrouver la vue pour voir ce qu’il y a dans le coeur de chacun.

Ré-apprenons, Chers Amis, à voir avec le coeur, c’est le secret que donnait le Renard au Petit Prince : « on ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux. »

Et avant d’être une phrase du Petit Prince, c’est une phrase de la Bible, figurez-vous…

C’est aussi ce que nous disent les textes de ce soir. C’est ainsi que regarde Dieu. Il ne s’arrête pas à notre apparence. Il voit notre coeur, le fond profond de nos intentions et de nos pensées.

Et Dieu est celui qui ouvre notre coeur de pierre, nos yeux d’aveugles, nos oreilles de sourds.

Alors je prie ce soir avec vous pour que Dieu les ouvre, pour que, chaque fois que nous accueillons quelqu’un qui n’est pas de chez nous – et Dieu sait si c’est une problématique actuelle – nous puissions accueillir cette personne comme si c’était Dieu lui-même que nous accueillions.

Et c’est loin d’être une image, vous savez… puisque Dieu réside en chacun des visages que nous croisons, particulièrement sur les visages de ceux qui sont en exil, que ce soit depuis la Syrie ou simplement depuis Crans-Montana [NDLA : Le Père Laurent était à la paroisse de Crans-Montana il y a encore une semaine].

C’est à chaque fois le Christ que nous accueillons dans une personne qui est en exil et qui débarque chez nous.

Dieu nous invite à regarder avec le coeur.

C’est ce que je nous souhaite à toutes et tous, chers Amis, en ces temps nécessaires d’accueil.

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Les Collons, samedi 5 septembre 2015, 17.00

Vex,samedi 5 septembre 2015, 18.30 (version enregistrée)

Evolène, dimanche 6 septembre 2015, 9.00

Hérémence, dimanche 6 septembre 2015, 11.00

Euseigne, dimanche 6 septembre 2015, 19.00