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Accueil or not accueil ?

Photo DR : www.modernisation.gouv.fr

Homélie pour le 9e dimanche TO, année C

1Rois 8,41-43 / Psaume 116 / Galates 1,1-2.6-10 / Luc 7,1-10

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Chers Amis,

Je ne sais pas si vous avez déjà fait cette expérience, l’expérience de se retrouver à l’étranger.

Alors si l’on voyage c’est courant, de se retrouver comme un étranger…

Mais se retrouver comme étranger dans un groupe, par exemple dans une messe qui ne parle pas la même langue que nous, ça arrive quand on voyage…

Ou bien dans une célébration aux rites un peu différents que les nôtres, ça, ça arrive même quand on change de clocher. Ce ne sont pas tout à fait les mêmes choses qui nous entourent, on n’est pas sur les mêmes bancs, c’est différent…

On peut aussi se retrouver étranger dans un groupe… Dans un groupe qui ne pense pas comme nous, ça arrive même à des tables de bistrot, ça… Se retrouver dans un groupe qu’on n’aime pas forcément et être obligé d’y être… Se retrouver au milieu de gens qui ne sont pas vraiment notre tasse de thé…

En quelques jours, ici en Valais, j’ai eu deux fois l’expérience de me retrouver étranger. Deux fois en-dehors de la vallée, d’ailleurs.

Je l’ai vécue les deux fois complètement différemment.

La première fois, dans un groupe où je tenais à aller, on m’a d’emblée fait sentir mon statut d’étranger, en me regardant de biais, comme ça, en chuchotant dans mon dos, en guignant discrètement mon arrivée… J’entends une phrase qui dit : « Tu as vu ? Qu’est-ce qu’il fait là ? » On se sent accueilli, j’aime mieux vous dire, hein !

Aucune de ces personnes n’est venue me dire bonjour, d’ailleurs, alors que certaines me connaissaient. Et vous savez pourquoi on était réunis ? Pour une messe !

Comme quoi les Chrétiens ne sont pas les meilleurs, des fois…

Dans le second groupe, quelques jours plus tard, un groupe qui célèbre aussi la messe d’ailleurs, on m’accueille à bras ouverts, une personne qui ne me connaît pas vient tout de suite me proposer à boire et à manger, m’offre un siège. Une autre rameute toute une série de personnes : « Venez voir ! On a un nouveau visage qui arrive ! » Ces personnes qui ne me connaissaient pas m’accueillent à bras ouverts.

Eh bien je vous assure qu’on vit ces deux choses de manière complètement différente ! Dans la première expérience, je n’avais qu’une envie c’est de partir en courant. Je suis resté quand même, j’ai célébré avec eux. J’ai prié, pour eux, pour que Dieu ouvre leurs cœurs…

Et puis dans la seconde expérience, je n’avais qu’une envie c’est de rester… or justement je ne pouvais pas rester, ce jour-là.

Dans le premier groupe, j’ai été regardé comme un étranger, comme un « pas comme nous », comme une bête étrange. Ça ne m’a pas aidé à m’intégrer à ces gens, à mieux les comprendre. Je trouvais leur regard jugeant. Leur non-accueil de ce jour-là ne m’a pas donné envie de revenir. Et pourtant je reviendrai, ne serait-ce que pour voir si c’était juste une première impression qui était fausse.

Mais en ressortant du second groupe, celui qui n’était pas ma tasse de thé pourtant, au départ, mais qui m’avait accueilli, je me suis rendu compte que c’est moi, auparavant, qui avais mal jugé ces gens. En effet, ce que je ne vous ai pas dit, c’est que le second groupe, celui qui m’avait bien accueilli, je l’avais moi-même mal jugé précédemment, et même publiquement. C’était un groupe que je n’aimais pas trop et j’avais porté un jugement un peu hâtif et très dur contre ces personnes.

Je les voyais comme des « pas comme moi ».

Et je me suis rendu compte que c’est leur accueil qui a changé mon regard, et que c’est moi qui les jugeait.

Et en redécouvrant les textes de ce jour, j’y ai vu comme une parabole de tout cela, de ce que devrait être l’accueil, notre accueil chrétien, notre accueil inconditionnel de l’autre.

La première lecture est très claire, le livre des Rois : « Si un étranger qui n’est pas de ton peuple vient d’un pays lointain prier dans cette maison, accueille-le. »

Alors si vous avez bien écouté la première lecture, de fait, la phrase s’adresse à Dieu. C’est Salomon qui parle à Dieu et il dit, pour être plus précis : « toi, dans les cieux où tu habites, écoute-le, accueille-le. »

Mais ça s’adresse aussi à nous, parce que nous aussi, parfois, nous sommes dans les cieux. Nous sommes sur notre petit nuage et nous regardons de très haut la personne étrangère qui débarque dans le village ou qui débarque à la messe. « Tiens… ‘pas de chez nous, celui-là… Qu’est-ce qu’il vient faire ici ? »

« Toi, dans les cieux où tu habites, accueille-le… » ça s’adresse aussi à nous.

Et puis dans l’Evangile, c’est encore plus fort. Dans l’Evangile c’est un païen, un non-croyant, un soldat romain qui va s’adresser à Jésus pour lui demander un miracle. Mais comme il est soldat, comme il est romain, comme il n’est pas croyant, il n’ose pas s’adresser directement à Jésus, vous avez entendu. Il emploie un intermédiaire, des envoyés.

Que va faire Jésus ? Est-ce qu’il va regarder de haut, en disant : « Qui c’est, celui-là ? Il croit même pas en Dieu, vous croyez que je peux l’aider ? »

Il va lui dire : « Va suivre du catéchisme, fais deux ans de préparation, je te baptiserai ensuite, et puis après on te fera passer un examen, et puis si tout va bien je pourrai peut-être faire quelque chose pour ton serviteur qui est malade… » ?

Je connais des confrères comme ça. « Ah non, vous n’êtes pas en règle avec l’Eglise. Mettez-vous d’abord en règle, ensuite je verrai ce que je peux faire pour vous ! »

MAIS FLÛTE ! Il est où, l’accueil chrétien, là ? L’accueil inconditionnel ?

C’est du légalisme, ça, c’est du pharisianisme, c’est la pire des sectes alors, pour le coup, qui guette chaque religion, y compris la nôtre, qui nous guette chacune et chacun. Ce légalisme qui nous fait dire au fond de nous-mêmes : « Mmh… il suit pas les règles comme nous, c’est pas un de chez nous ! » …C’est de l’accueil ça ? Non !

Accueillons cette personne qui n’est pas comme nous, apprenons ses règles à elle tout en gardant les nôtres, dialoguons, enrichissons-nous mutuellement, cheminons ensemble. Mais de grâce, commençons par l’accueillir ! Sans quoi le cheminement va être difficile à faire !

C’est évidemment ce que Jésus fait avec ce centurion, à distance.

Mais comme c’est Jésus, vous pensez, il ne va pas s’arrêter là. Non seulement il va opérer le miracle, à distance, vous l’avez entendu, il va guérir ce serviteur, mais en plus il va en faire un cadeau pour chacune et chacun de nous.

Parce que Jésus qui a créé l’Eglise va nous offrir la phrase du centurion romain pour que nous la redisions à chaque Eucharistie.

Cette phrase, vous l’avez entendue dans l’Evangile d’aujourd’hui : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri. »

Et c’est tellement fort que cette phrase qui est la phrase d’un païen, d’un non-croyant, l’Eglise nous propose de la dire juste avant de recevoir l’Eucharistie – c’est la dernière chose que nous disons avant de recevoir l’Eucharistie.

Comme pour nous rappeler que les non-croyants aussi ont quelque chose à nous apporter, à nous apprendre, jusqu’au cœur de nos liturgies.

Vous voyez, chers Amis, on peut se sentir étranger jusque dans son propre village, dans son propre groupe parfois, dans un groupe de gens qu’on croyait connaître.

Le psaume de ce matin nous rappelait que chacun, quel que soit son pays, quelle que soit sa nation, sa religion, chacun est appelé à louer le Seigneur, et Paul dans la lettre aux Galates, nous appelait à ne pas abandonner notre Dieu, notre Dieu qui est accueil inconditionnel… Ne pas l’abandonner pour un Evangile qui serait différent, pour un légalisme qui n’aurait pas lieu d’être.

Ne pas abandonner l’Evangile de l’amour et de l’accueil…

Vous voyez, les deux expériences que j’ai faites cette semaine étaient fort différentes, c’est vrai. L’une inspirait le rejet, la haine, le « il est pas comme nous ». L’autre respirait le Christ, l’accueil inconditionnel de toute différence.

Et pourtant je ne vous donnerai pas les lieux et les noms de ces groupes, parce que ce serait les juger à mon tour.

Et au contraire, je préfère vous dire que chacun de ces groupes, même celui qui m’a mal accueilli, chacun de ces groupes m’a appris quelque chose.

Et je rends grâce à Dieu pour chacun de ces deux groupes, parce qu’ils m’ont aidé tous les deux, chacun à leur manière, à ouvrir les yeux sur ma propre façon d’accueillir ou de juger l’autre, trop facilement.

Je nous invite à mener cette réflexion en famille, en paroisse, au café ou ailleurs : quelle est ma manière d’accueillir l’autre, celui qui est différent de moi, celui qu’à priori je juge « pas comme moi » ? Est-ce que je l’accueille ou est-ce que je lui colle une étiquette ? Pensons-y et accueillons du mieux que nous le pouvons.

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Vex, samedi 28 mai 2016, 18.30

Les Haudères, samedi 28 mai 2016, 20.00

Evolène, dimanche 29 mai 2016, 9.00 (version enregistrée)

Hérémence, dimanche 29 mai 2016, 10.30

Euseigne, dimanche 29 mai 2016, 19.00