La Pâque joyeuse des enfants

Classé dans : Bible, Fêtes, Homélies, Pâques | 1
Imprimer
Photo libre de droits : flickr

Homélie pour le Jour de Pâques

Actes 10,34a.37-43  /  Psaume 117  /  Colossiens 3,1-4 / Jean 20, 1-9

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

J’aimerais vous parler d’une petite fille – qui a bien grandi maintenant ! – et qui m’est chère ainsi que ses parents.

Alors qu’elle avait 4 ans seulement, elle sort de la messe de Pâques, un dimanche comme aujourd’hui, elle sort de la messe de Pâques avec ses parents. Et son papa, qui la porte dans ses bras, lui dit qu’il va lui expliquer le coup de la Résurrection, parce que c’est pas tout simple tout ce qui a été dit à la messe par le curé.

Et la petite de regarder son papa et de lui dire :

–      Bah si ! J’ai compris…

–      Ah bon ? répond son papa. Qu’est-ce que tu as compris ?

–      Bah, dit la petite, c’est Jésus… il est mouru… il a revi… c’est le premier qui l’a fait… et comme ça on pourra tous le faire aussi !

Et bien c’est juste. Je vous avoue qu’il y a encore un peu de travail en conjugaison, mais pour le reste c’est juste !

Ce que nous fêtons aujourd’hui, c’est Jésus mort – parce que si nous évacuons le vendredi saint il n’y a pas de dimanche de Pâques ! – Jésus mort et ressuscité, revenu à la vie, premier à l’avoir fait et qui nous ouvre à Chacune, à Chacun de nous cette possibilité-là.

…Elle avait tout compris !

Les enfants comprennent parfaitement la joie de Pâques ! Pas besoin d’avoir lu des traités de théologie très compliqués, pas besoin de grands discours !

Même si, je le disais, il lui faudra peut-être un tableau de conjugaison, un jour ou l’autre, pour apprendre les verbes mourir et vivre, mais à part ça tout va bien…

Et encore que… J’ai été prof de français, jadis, vous ne le saviez peut-être pas…

Et un de mes élèves, 11 ans, m’a dit que le petit bouquin de conjugaison que j’avais commis à l’époque lui apprenait à conjuguer tous les verbes à tous les temps, sauf un.

–      Le verbe aimer, m’a-t-il dit, c’est Jésus qui nous apprend à le conjuguer, celui-là.

C’est incroyable qu’à peine quelques années plus tard, devenus adultes comme nous, les enfants n’osent plus ce genre de phrases.

On n’oserait jamais dire ça dans une conférence sérieuse, chers Amis.

Et pourtant ça ferait peut-être du bien qu’un de ces messieurs ou une de ces dames, très sérieusement, à l’ONU se lève demain matin pendant leur séance et s’écrie : « Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! Il a vaincu la mort ! Il est venu apporter au monde la paix ! Tout ce que nous essayons vainement de faire avec nos armées et nos traités, lui il l’a fait avec une croix et un tombeau ouvert… »

Vous imaginez la salle, à New York ou à Genève, si quelqu’un de l’ONU se levait et proclamait cela ? Ah ça aurait de la gueule – passez-moi l’expression ! – ça aurait de la gueule si un adulte décidait de redevenir un enfant, un jour, pour annoncer que la mort est devenue la vie !

Une autre petite fille me disait, lors d’un enterrement, au cimetière, au moment précis où on mettait sa grand-maman dans la terre, elle s’est écriée :

–      C’est trop chouette !

Ah ça fait bizarre, au cimetière, hein, j’aime mieux vous dire !

–      C’est trop chouette !

Et devant mon étonnement qui était celui de toutes les personnes présentes, elle a continué en disant :

–      C’est trop chouette, elle va pouvoir pousser maintenant. C’est pour ça qu’ici il y a toujours beaucoup de fleurs ici ! Elle va revivre en fleur !

Elle avait compris que la mort n’est pas angoissante ou triste. Pas depuis Jésus ! Elle est devenue le simple passage vers la vie éternelle. Comme la graine mise en terre – et qui doit être mise en terre – pour donner des fleurs, pour pousser, pour vivre. Elle avait tout compris !

Une de mes filleules, alors qu’elle était adolescente, à Pâques, me disait :

–      Mais Parrain, comment les gens peuvent-ils croire à la mort sans rien derrière ? Y a qu’à regarder la nature. L’hiver tout semble mort. Mais au printemps tout revit, toujours. Et chaque année ça recommence. Et comme par hasard Pâques est au printemps ! Si Dieu nous a donné ce signe des saisons, c’est pas pour rien !

Eh oui, c’est vrai…

Les enfants, les jeunes comprennent parfaitement la joie de Pâques. C’est nous, les adultes, qui compliquons tout avec nos formules. Les enfants, eux, ont tout compris.

Et c’est peut-être l’un des sens de nos lectures de ce matin. Dans l’Evangile, Marie-Madeleine et les disciples sont dans le questionnement compliqué des adultes, dans l’angoisse. Ils voient le tombeau vide et ils ne comprennent pas. Ils sont adultes.

Alors que si un enfant voit un tombeau vide, il va dire :

–      Ben y a plus personne !

Tout simplement ! C’est pas plus compliqué que ça !

Luc, dans la première lecture, le livre des Actes, nous dit que Dieu a choisi d’avance celles et ceux à qui il révèle ses secrets. Et j’aime à croire que ce sont les enfants.

D’ailleurs Jésus, un peu plus loin dans l’Evangile, nous donne la clé de ceci : il remercie son Père d’avoir caché ses secrets aux sages, aux savants, aux intellectuels, et de s’être révélé aux plus petits.

Ailleurs encore dans l’Evangile il nous demande de redevenir comme ces petits enfants sans quoi nous n’entrerons pas dans son royaume, dit-il.

Et Paul, enfin, dans la deuxième lecture d’aujourd’hui, nous disait de rechercher les réalités d’en haut, pas de rester les yeux fixés à terre.

Baladez-vous avec des enfants dans la nature, ces jours. Et écoutez ce qu’ils ont à vous dire, regardez ce qu’ils ont à vous montrer.

Vous verrez… c’est eux qui vont apercevoir l’oiseau là dans l’arbre, la neige sur la montagne là-haut, le parapente qui est en train de descendre dans le ciel, l’écureuil qui saute de branche en branche.

Alors que vous, vous étiez préoccupés du trou, là-bas, pour qu’ils n’y tombent pas quelques instants plus tard. Et vous leur dites pour la centième fois : « Arrête de regarder en l’air, regarde où tu mets les pieds ! »

Mais non, chers Amis, surtout n’arrêtons pas de regarder en l’air ! Faisons quand même attention où nous marchons, bien sûr, mais n’arrêtons pas de regarder les réalités d’en-haut, comme le disait Paul.

C’est dans le ciel que se trouve notre cité.

C’est la chaleur incroyable du soleil qui nous révèle l’amour de Dieu.

C’est le chant d’un oiseau qui nous dit la joie du matin de Pâques.

Pâques, c’est un enfant qui éclate de rire, heureux de vivre. Joyeux comme nous devons tous l’être ce matin, ou réapprendre à l’être.

Alors… puisque nous devons tous redevenir des enfants… JOYEUSES PÂQUES, LES ENFANTS !

___________________________________________

Aigle, dimanche 4 avril 2021, 10.00 (version enregistrée)

Bex, dimanche 4 avril 2021, 18.00

Imprimer

  1. Georges QUELLET

    Oui, cher Ami Vincent, ta merveilleuse homélie pascale évoque admirablement des thèmes fondamentaux qui, à mon âge (86 ans et 11 mois, mon jeune Vincent!), fulgurent en une perception magistrale: retrouver mon esprit d’enfance dans la Joie curieuse, dans la Beauté de la Nature, dans la théologie de l’Abbé ZUNDEL décrivant un Dieu fragile mais donnant la Force m’ayant permis de traverser moult épreuves, et bien sûr aussi dans la méditation du passage (prochain?) de ma Vie terrestre à la Plénitude; mais sans laisser veuve ma chère Pepita. Georges.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.