La voleuse de livre

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Photo DR : www.allocine.fr

 

Drame américano-allemand de Brian Percival (sortie le 5 février 2014)

 

Avec Geoffrey Rush, Emily Watson et Sophie Nélisse

 

Adaptation du livre éponyme de Markus Zusak (2005)

 

Ecouter et voir

Il y a d’abord la musique… des thèmes qui nous prennent et nous reprennent en soulignant toujours, avec finesse, l’émotion engendrée par ce que nous avons devant les yeux. Jusqu’au générique de fin où le nom du maestro apparaît : John Williams, bien sûr. Les trois nominations de ce film (Oscars, Golden Globes, BAFTA) concernent toutes les trois la musique, ce n’est pas un hasard.

Il y a ensuite l’atmosphère, la photo comme on dit dans le métier. Cette lumière impossible à décrire autrement que la petite Liesl lorsque, à la question de son ami Max, elle répond que le jour est pâle et le soleil comme une huître. Les couleurs volontairement passées donnent autant plus de violence et d’agressivité au rouge de l’étendard nazi, au jaune du feu, au noir de la mort, mais aussi et surtout aux visages, aux yeux qui sont miroirs de l’âme.

Voilà ce qui prend tout d’abord, à la vue de cette oeuvre.

Lire et Ecrire

Mais ensuite il y a le couple lecture-écriture, comme un leitmotiv de cette incroyable fresque, comme un hymne aux livres. un couple qui va être symbolisé par deux improbables paires, l’une pour la lecture l’autre pour l’écriture.

La lecture d’abord. Il s’agit pour Liesl d’apprendre à lire, pendant la première moitié du film. Son père d’adoption est le maître de cette étape, un Geoffrey Rush émouvant qui ouvre le monde des lettres à Liesl avec l’alphabet géant peint à la cave, bien sûr. Mais il y a une mère, dans cette étape. Pas celles que l’on croit, ni la vraie, ni l’adoptive, mais celle qui lui ouvre les portes de la bibliothèque aux mille trésors.

L’écriture ensuite, avec Max, le juif caché dans la cave qui va offrir à Liesl un livre blanc frappé des trois lettres hébraïques formant l’injonction « Ecris » ! C’est lui qui va encourager Liesl à s’approprier ce qu’elle a appris avec la lecture pour en faire le livre de sa vie. Le père de l’écriture, c’est lui. Et la mère, c’est la mère adoptive. Car c’est elle qui va nous amener au second niveau de lecture (et d’écriture) de cette histoire : Liesl devait apprendre à lire, mais elle devait aussi apprendre à lire sa vie, à découvrir cette histoire (elle qui en raconte de si belles) avant de se l’approprier pour commencer à en écrire la suite.

Nazis et Sauveurs

Comme une charnière entre lecture et écriture, entre enfance insouciante et début d’adolescence, le départ du père adoptif qui pousse la mère à se débrouiller avec Liesl.

En toile de fond, ceux qui détruisent les livres, les nazis (terrifiante scène de la nuit de cristal), détruisant par ce biais la vie des gens, leur histoire.

Et ceux qui sauvent l’histoire des gens, Rudi bien sûr, l’ami de Liesl, qui ira jusqu’à mettre sa propre vie en danger pour récupérer le livre qu’écrit son amie, mais aussi ces mêmes soldats qui, paradoxe ultime, sauvent la vie de Liesl.

Vie et Mort

Autour de cette fresque, la voix de la mort, off, intervenant par petites touches jamais déplacées, remarquable de justesse et donnant toute sa profondeur à ce grand livre qu’est l’histoire de chacun.

A redécouvrir en DVD !

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